La Chronique Agora

Des records qui réduisent le stress des marchés financiers

Un début d’année record, un stress qui baisse doucement et un rallye haussier qui reprend de plus belle !

Le S&P 500 bat un 8e record absolu depuis le 1er janvier, mais celui-ci revêt une saveur particulière car il ne s’agit pas d’un banal double top (intraday et en clôture), comme la plupart de ceux qui ont précédé au cours de ces trois dernières semaines.

Non, cette fois-ci, le contrat « S&P » a bien coté « 5 000 ». Ce score a été inscrit à 21h04 (très précisément), dans le sillage de… devinez ! Eh bien oui, de Nvidia (+2,8%) et de Meta (+3,3%, la capitalisation repasse la barre des 1 000 Mds$).

Mais ce test des 5 000 n’est qu’une des facettes de cette séance historique.

En effet, l’appétit pour le risque se retrouve parallèlement au zénith, ce qui illustre une certaine forme de cohérence. Le VIX, le baromètre du stress, retombe sous le seuil des 13. Et à 12,80, le VIX s’installe résolument en zone de « complaisance » : il est extraordinaire que les gérants soient si peu couverts lorsque les multiples de capitalisation moyens dépassent les 20, tandis que ceux des cinq premières capitalisations de Wall Street culminent à plus de 50.

Ce qui est encore plus exceptionnel, c’est que les 4,5% de hausse du S&P 500 et du Nasdaq ne reposent que sur trois valeurs (à 80%) et que 100% de la performance annuelle tienne en 10 valeurs sur 490 – voire 10 sur 2 500 en ce qui concerne le Nasdaq Composite qui a inscrit ce 7 février un double record annuel (en intraday à 15 770 points et en clôture à 15 756 points, à 2% de son record absolu des 16 055 points en date du 19/11/2021).

Le rallye de novembre et décembre 2023 (neuf semaines de hausse consécutives) a été mis sur le compte des promesses implicites de baisses de taux de la Fed et les investisseurs ont rapidement extrapolé quatre, puis six et même huit assouplissements du loyer de l’argent (mouvements de -25 ou -50 points à compter de mars 2024).

Cela fait maintenant quatre semaines que ces anticipations apparaissent de plus en plus irréalisables… mais le rallye haussier reprend de plus belle car si les taux ne rebaissent pas, c’est que l’économie américaine va demeurer vigoureuse, ce qui va doper les profits et inciter les entreprises dotées d’une trésorerie abondante à muscler leurs programmes de rachats de titres.

Alors peu importe – et c’est même bon signe – que les marchés obligataires se dégradent… cela libère des liquidités pour surpondérer les actions !

Et les T-Bonds ont d’autant plus de raisons de faire grise mine que Jerome Powell et Neil Kashkari s’ingénient à repousser l’horizon d’une détente des taux. Peut-être pas plus de deux à trois baisses en 2024, à cause d’une croissance qui demeure singulièrement robuste… et potentiellement inflationniste.

Cette « robustesse », l’économie américaine la doit à une énergie abondante et bon marché : les Etats-Unis confortent leur position de premier producteur mondial de pétrole avec un nouveau record de 18 millions de barils par jour fin 2023, soit 19% du volume mondial total.

Ils devancent désormais – et de loin – l’Arabie Saoudite (avec une marge considérable de +6 millions de barils pour les US, selon les estimations pour 2023) ainsi que la Russie et ses 11,2 millions de barils/jour (en 2022, les chiffres de 2023 ne sont pas encore disponibles).

Symétriquement, l’économie allemande s’enfonce dans la récession et les derniers chiffres publiés ce 7 février sont particulièrement préoccupants : la production industrielle germanique a chuté de 1,6%, et il s’agit du 7e mois de contraction consécutif, soit la plus longue baisse de l’histoire de cette série de données.

L’arrêt brutal des subventions pour l’achat d’un véhicule électrique à compter du 17/12/2023 – sur injonction de la Cour constitutionnelle dans le cadre de la maîtrise des déficits – explique pour une bonne part la dégradation de l’activité manufacturière fin 2023 et en ce début d’année 2024.

Mais cela n’empêche pas le DAX d’enchaîner les records absolus ni de gagner +1,5% depuis le 1er janvier : tout comme pour le S&P 500, avec une extrême polarisation des choix des gérants (SAP s’envole de +21%

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