La Chronique Agora

La récession mène les Etats-Unis au Japon… puis en Argentine

▪ What’s going on…? What’s going on?
(Que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ?)

C’était une chanson de Marvin Gaye. C’était aussi la question que nous a posée un journaliste. Suivie de « que va-t-il se passer ensuite ? »

Ce sont des questions auxquelles personne ne peut répondre. Tout ce qu’on peut faire, c’est deviner… supposer… et s’étonner.

« La déflation maintenant. L’inflation plus tard » — c’est ce que nous disons depuis quatre ans.

Le journaliste a semblé se contenter de la réponse et de l’explication qui a suivi :

« Le Japon maintenant… mais ne vous étonnez pas quand nous terminerons en Argentine ».

Qu’ont en commun le Japon… l’Argentine… et les Etats-Unis ? Ils peuvent imprimer de l’argent. Et lorsqu’ils auront le dos au mur, c’est ce qu’ils feront.

Mais ça, ce sera plus tard, rappelez-vous. Pour l’instant, les investisseurs prêtent de l’argent aux gouvernements « refuge » aux plus bas taux de l’Histoire. Ils ne demandent pas plus que de récupérer leur argent. Un jour. Et puisque les Etats-Unis et le Japon peuvent imprimer, ils sont confiants dans le fait qu’ils seront remboursés.

Et l’Argentine ? Il s’avère que l’Argentine a aussi emprunté en dollars… et s’est engagée à rembourser en dollars aussi. On pourrait donc s’attendre à obtenir le même rendement sur une obligation argentine que sur une obligation américaine.

Mais que voyons-nous là ? Le rendement sur le « Boden », comme sont appelées les obligations argentines en dollars, est supérieur à 17% — soit plus de 10 fois ce qu’on gagne sur un bon du Trésor US à 10 ans. Pourquoi donc ?

C’est simple. L’Argentine peut imprimer des pesos. Elle ne peut pas imprimer de dollars. Les investisseurs craignent donc que, quand viendra l’heure du remboursement, les Argentins n’auront pas assez de dollars sous la main.

Les Etats-Unis n’ont pas de problème de ce genre. Tant que cette récession ou « dépression contenue » se poursuit… les investisseurs continueront probablement à traiter la dette américaine comme un matelas. Vous y mettez votre argent. Vous pouvez le sortir quand vous voulez. Vous ne gagnez rien. Mais vous ne perdez rien non plus.

▪ Le seul principe d’investissement à appliquer en ce moment…
Combien de temps ce ralentissement à la japonaise va-t-il se poursuivre, a voulu savoir notre journaliste.

« Difficile à dire », avons-nous répondu. En termes de dette du secteur privé, le ralentissement supprime une somme équivalant à environ 10% du PIB américain chaque année. Mais il reste encore 100% du PIB d’excès de dettes à purger avant d’en revenir aux niveaux des années 70.

Si c’est bien là que nous allons, il reste encore 10 ans de voyage — à ce rythme.

En attendant, à court terme, on dirait que l’économie américaine est en route pour une nouvelle récession. C’est généralement ce qui arrive quand les ventes de détail baissent trois mois d’affilée.

La consommation compte pour 70% de l’économie américaine. De sorte que quand les consommateurs cessent d’acheter, l’économie chute. Lakshman Achuthan, qui gère l’Economic Cycle Research Institution, déclare même qu’une récession a déjà commencé.

Lorsque l’économie ralentit, en général, les actions aussi. Les petites baisses que nous avons vues jusqu’à présent ne sont rien. Le Dow a atteint 13 000 points en 1999. Depuis, il ne va nulle part. Maintenant, il devrait commencer à chuter.

Comme nous l’avons dit, les ventes au détail baissent…
Les estimations de profits des entreprises déclinent…
Le taux de croissance chinois est en baisse depuis six trimestres consécutifs…
Les récoltes de maïs et de soja aux Etats-Unis ont été mauvaises…
Les revenus des ménages sont en berne ; jamais encore ils n’avaient baissé durant une période si longue (12 ans)…
Les rendements obligataires US sont à un plancher historique, avec le 10 ans à 1,39%.

Est arrivée la question : « eh bien, que doivent faire nos téléspectateurs ? »

« Vendre les actions », avons-nous répondu.

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