Les deux seuls combats dignes d’être menés sont se protéger et protéger ce qui vous appartient. Les luttes collectives reposent sur des motifs douteux.
Nous avons prévenu nos lecteurs : cette semaine demanderait un peu d’efforts supplémentaires. Nous remettons en question l’un de nos instincts les plus profondément ancrés — le besoin de choisir un camp.
Nous choisissons tous notre camp. Gauche. Droite. Yankee. Rebelle. Anarchiste. Etatiste.
Durant la Guerre de Sécession, les Américains se sont fait la guerre. Dans tous les villages, dans tous les comtés du sud, les jeunes hommes partaient se battre pour protéger leur patrie contre les envahisseurs yankee.
Ils étaient si déterminés qu’il fallut un million de morts environ avant qu’ils n’abandonnent.
C’est ce qui s’est passé ensuite qui est le plus surprenant.
Qui, aujourd’hui, s’enrôle pour protéger la patrie ? Qui hisse le Stars and Stripes le 4 juillet ? Qui se qualifie de « patriotes » ? Les sudistes !
Selon des données du département de la Défense, près de la moitié des engagements dans l’armée proviennent du sud des Etats-Unis, alors que la région ne compte qu’un tiers de la population de jeunes hommes du pays.
Il s’est passé la même chose après que l’Ecosse a été battue par les Anglais. Les Ecossais sont devenus le pilier de l’armée britannique.
Si les Allemands avaient gagné la Deuxième Guerre mondiale, des jeunes gens d’Alabama chercheraient à intégrer la Wehrmacht.
Comment est-ce possible ? Comment les gens peuvent-ils être tellement certains de se trouver du bon côté du droit, de la justice et de la vérité — convaincus de lutter contre le diable lui-même — qu’ils sont prêts à mourir pour cela… et puis rejoignent ensuite le diable… qui s’est transformé en saint entre temps, d’une manière ou d’une autre ?
« Eux contre nous » et le camp du bien contre celui du mal
Nous n’avons pas vraiment de moyen de différencier le bien du mal.
Nous ne choisissons pas non plus notre camp après mûre réflexion, sur un raisonnement logique. C’est plutôt une question d’eux contre nous, tout simplement. Nous soutenons l’équipe locale.
Il est très peu probable que l’équipe locale soit toujours le meilleur choix. C’est simplement le logiciel avec lequel nous sommes nés.
On peut aisément voir comment ce « logiciel » a évolué.
Les singes sont protégés des prédateurs par les arbres. Ils y grimpent au moindre signe de danger.
Mais les arbres ont disparu de ce qui est devenu la savane africaine il y a bien longtemps, laissant le proto-humain à terre. Comment pouvait-il se protéger ?
Le « nous » de l’époque était un petit groupe d’humains. Les « eux » étaient meilleurs chasseurs — plus rapides, plus forts et plus mortels — des félins, des chacals, des hyènes et autres bêtes féroces.
En petit groupe, se protégeant les uns les autres, les bipèdes pouvaient probablement faire reculer les prédateurs grâce à des bâtons pointus et des pierres. Seuls, ils étaient morts.
A l’époque aussi, cet instinct du « eux contre nous » permettait de protéger le groupe contre d’autres tribus.
Les groupes qui n’avaient pas le logiciel — l’instinct de se regrouper, surtout en cas de danger — étaient probablement tués, ou absorbés par des groupes plus agressifs et plus unis.
« Ma patrie, qu’elle ait tort ou qu’elle ait raison » — le genre de slogan que les intellectuels méprisent. Mais rares sont ceux qui ont le courage de se dresser contre leur propre espèce.
Combien d’Américains entend-on dire : « je suis du côté de l’Iran ! », ou bien, « je pense que Poutine a raison sur ce coup ». Ou encore : « les terroristes ne sont pas de mauvaises personnes, ils luttent simplement pour la liberté ».
On ne l’entend pas parce que peu d’Américains sont capables de le penser. Et s’ils ne peuvent pas penser ainsi, c’est parce qu’ils sont programmés pour ne pas le faire.
C’est-à-dire qu’ils sont programmés pour rester unis contre la menace, quelle qu’elle soit selon eux.
Ils sont aussi programmés pour avoir des pensées qui développent, amplifient et justifient la légitimité de leur cause et la scélératesse de leurs ennemis. Tel est le sens de quasiment tous les discours sur l’état de l’Union — et de tous les discours électoraux jamais prononcés.
Même s’ils n’ont pas vraiment de cause. Ou d’ennemis.
Républicains contre démocrates
Ce qui nous mène à la différence entre les républicains et les démocrates. Les médias se comportent comme s’il s’agissait du lion et de l’agneau — chacun prêt à dévorer l’autre à la moindre occasion.
La majeure partie des gens pensent aussi que l’avenir de la République américaine est en jeu.
« Quatre ans de plus avec Trump et nous sommes foutus »… « Il faut espérer que ces satanés démocrates ne prennent pas le pouvoir ; vous avez vu les impôts qu’ils proposent ? »
Rappelez-vous que nous sommes programmés pour penser de telles choses. C’est « eux contre nous ». Vous devez simplement décider de quel « nous » vous faites partie.
Mais si vous aviez choisi le mauvais « nous » ? Si ni les républicains ni les démocrates n’allaient sauver la République ?
Si, au lieu de cela, ce sont plutôt des catcheurs professionnels qui se roulent sur scène pour le plus grand plaisir du parterre… mais travaillent en réalité pour la même entreprise ?
Et s’il y avait un plus grand « eux contre nous » en jeu, en d’autres termes ? Si l’opposition droite-gauche n’était en réalité qu’une feinte et une distraction ?
Si l’ensemble du programme politique était une escroquerie… et peu importe qui remporte les élections ou quel parti a la majorité au Congrès ?
Seules deux choses valent la peine de se battre pour elles. Soit vous protégez ce qui vous appartient. Soit vous vous protégez vous-même. Mais contre qui ?
Ces démons du parti républicain ? Ou ces affreux gougnafiers, les démocrates ?
Les démocrates rivalisent d’idées pour de nouveaux impôts afin de nous dépouiller de nos biens. Nous ne voulons certainement pas qu’ils prennent les commandes.
Mais attendez… les républicains ont augmenté les dépenses de quelque 500 Mds$ en deux ans… et ont ajouté 2 000 Mds$ à la dette fédérale américaine. D’où pensaient-ils que l’argent viendrait ?
Où est le « nous » digne d’être soutenu ? Où est le « eux » qu’il faut annihiler ?
Restez à l’écoute…