** De bonnes nouvelles, de mauvaises nouvelles… et des nouvelles dont nous ne savons pas diable quoi penser…
* La bonne nouvelle, c’est que le Dow a grimpé, la semaine passée. A moins qu’il ne s’agisse des mauvaises nouvelles. Ce marché a besoin d’un bon coup de balai, selon nous. Mieux vaut en finir au plus vite.
* Qui a peur d’un effondrement financier ? Tout le monde. Sauf nous. Ceci dit, nous n’avons jamais vu d’effondrement financier… peut-être qu’au premier coup d’oeil, nous n’aimerons pas ça.
* Que se passerait-il si on laissait les banques faire faillite ? Que se passerait-il si on laissait l’économie sombrer rapidement dans une récession ? Que se passerait-il si on laissait les actions chuter à cinq fois les bénéfices ?
* Nous n’en savons rien. Mais nous supposons qu’il y aurait quelques grosses faillites… une rapide chute des cours… puis les choses se reconstruiraient sur des bases plus solides. C’est ce qui s’est passé tout au long des paniques, des krachs et des crises du XIXe siècle.
* Les choses ayant une véritable valeur ne disparaissent pas. Les maisons sont toujours là — elles sont juste moins chères. Idem pour les banques… les compagnies d’assurance… les automobiles… et les pizzas.
* "Liquidez les banques… liquidez les agriculteurs… liquidez la main-d’oeuvre… cela purgera la pourriture du système"… C’est ce que pensait Andrew Mellon, secrétaire au Trésor US, en 1929, avant que les mouches du coche de Hoover ne lui enfilent une muselière. Depuis, rares ont été ceux qui étaient prêts à accepter une liquidation. Ils pensent tous que s’ils sont assez intelligents, ils peuvent l’éviter. Et le public ne supporterait pas une liquidation.
* Les gens n’aiment pas perdre d’argent. Nous non plus. Mais bon sang, c’est comme ça que les choses fonctionnent. Nous ne pensons pas que nous apprécierons la vieillesse ; mais c’est toujours mieux que l’alternative. Et un effondrement, au stade où en sont les choses, vaut probablement mieux que tous les efforts visant à l’empêcher.
* Voilà bien le problème, avec l’économie de marché. C’est comme la météo ; les gens l’apprécient uniquement lorsque le soleil brille. Mais sans la pluie… les choses deviendraient terriblement sèches.
** Est-ce que notre raisonnement est trop compliqué, cher lecteur ? Nous plaisantons… mais vous voyez à quel point l’économie est simple. Les gens font des erreurs. Lorsqu’ils font des erreurs, il est inutile d’essayer d’échapper aux conséquences. Les erreurs ne disparaissent pas si on les nie. Leurs coûts ne baissent pas si on retarde le moment de les payer.
* "Le meilleur moyen de se sortir des ennuis, c’est d’y foncer tout droit", disait un vieil ami. Que les liquidations commencent !
* Mais depuis les années 20, nous avons une forme plus "éclairée" d’économie. John Maynard Keynes soutenait que les gouvernements pouvaient gérer l’économie de manière à éliminer le cycle boom/krach. Son idée n’était pas vraiment originale.
* Lorsqu’on lui a demandé quel était le problème du système bancaire, Emilio Botin, directeur de la Santander Bank, a déclaré que c’était simple : "dans les années de vaches grasses, les gens font des erreurs…" Les gens font toujours des erreurs quand tout va bien. Et ils les paient lorsque les choses ne vont plus si bien.
* L’idée de Keynes était vieille de plus de 2 000 ans quand il l’a conçue ; elle sortait tout droit de l’Ancien Testament, l’histoire sur les sept bonnes années et les sept mauvaises. Pharaon savait que les gens ne seraient pas assez intelligents pour économiser leur propre grain. Ils feraient l’erreur de le manger en intégralité. Il stocka donc du grain durant les bonnes années… pour le redistribuer aux gens durant les années de disette. Keynes déclara que le gouvernement devait faire de même — accumuler des surplus durant les bonnes années, et des déficits durant les mauvaises.
* Depuis, bien entendu, les gouvernements se sont révélés très doués pour accumuler les déficits — même durant les années grasses. Les surplus, en revanche, leur posent problème. A présent, les Etats-Unis semblent entrer dans l’une des périodes les plus dures de l’histoire économique. Mais lorsque le pharaon George II se rend dans ses greniers, qu’y trouve-t-il ? Rien du tout ! Pire encore… il a un déficit budgétaire de 455 milliards de dollars — un record — avant même que la récession ne commence.
* Pourquoi s’embêter ? Il accumule simplement de plus grands déficits ! La presse annonçait vendredi qu’un nombre croissant d’analystes prévoit un déficit budgétaire US de 1 000 milliards de dollars en 2009 (nous en restons à notre estimation de 2 000 milliards)…
* Mais peut-on vraiment appliquer un programme "keynésien" raisonnable sans surplus accumulé durant les années fastes ? Peut-on vraiment aider les gens à survivre à une famine sans stocker de grain ? Peut-on vraiment avoir l’espoir du Paradis sans avoir également la menace de l’Enfer ?
* Nous n’en savons rien, cher lecteur. Nous en doutons. Tout semble fonctionner en équilibre. Donner et recevoir. Yin et yang. Aller et retour. Si vous ne vous donnez pas la peine d’épargner… vous n’avez pas d’épargne sur laquelle compter, n’est-ce pas ?