Un bilan de l’été… des matières premières en pleine forme… et des questions budgétaires qui risquent fort de venir embarrasser les marchés dans les prochaines semaines.
L’été s’est tout entier inscrit sous le régime des alizés haussiers (jusqu’au 9 septembre, donc 90% de la période estivale) et la météo boursière s’est sensiblement détraquée à l’approche de l’équinoxe. Avec une chute inhabituelle des indices boursiers en amont de la séance des « quatre sorcières » du 18 septembre, qui a conclu le trimestre sur un score nul.
Avec le mois d’octobre, des vents tourbillonnants se sont mis à souffler, avec des rafales et des cisaillements de plus en plus violents qui font claquer les volets et battre les « portes de saloon ».
Les amateurs de volatilité sont comblés, les adeptes du trend following beaucoup moins. Il y a toutefois une exception : le secteur des matières premières – et en particulier celui de l’énergie –a pris une trajectoire ascendante depuis fin août, le baril de WTI passant de 62 $ le 23 août à 80,75 $ le 12 octobre… soit environ 30% de hausse.
Cette hausse fait pâle figure en regard de celle du gaz, qui a quadruplé depuis mi-juin 2020, ce qui a largement participé à la hausse du CRB jusque vers 19,38.
Nous pensions que les niveaux de surachat atteints sur le gaz et le pétrole les 5 et 6 octobre constituaient un maximum indépassable à court terme, mais nous avons été surpris de constater avec quelle détermination les acheteurs ont repris la main dès le jeudi 7 après une correction de seulement 5% sur le baril à Londres ou à New York (le WTI rebondit sur 75 $).
Le plafond continue de s’éloigner…
Les spécialistes du secteur énergie ont accueilli très favorablement l’annonce par Chuck Schumer, le leader démocrate au Sénat américain, d’un accord conclu avec son homologue républicain Mitch McConnell.
Cet accord a pour but d’étendre les négociations sur le plafonnement de la dette au-delà du 18 octobre et d’autoriser un dépassement jusqu’à conclusion d’un accord plus large sur la question d’ici le 3 décembre. Cela leur laisse six semaines pour élaborer un compromis sur le financement du budget 2022.
Voilà qui écarte le – très faible – risque de blocage des administrations, et donc d’un coup de frein à l’activité (fermeture des parcs nationaux et des musées, risque de non-délivrance de permis de construire et des autorisations de mise sur le marché de produits manufacturés, etc.).
Rien ne devrait plus entraver la poursuite de la reprise d’ici fin 2021 : la demande de pétrole devrait demeurer forte avec l’arrivée de l’hiver.
C’est au printemps que des questions sur le rythme de la croissance pourraient se poser. En effet, Wall Street a déjà intégré dans ses scénarios le plan de modernisation des infrastructures et de transition vers les véhicules électriques de 1 000 Mds$, ainsi qu’un budget 2022 de 3 500 Mds$ comprenant un important volet de soutien social aux classes moyennes et défavorisées qui devait honorer la promesse de campagne de réduction des inégalités et d’amélioration du système de santé.
Terrain d’entente
Sa mise en œuvre suppose toutefois une poursuite de la fuite en avant dans la dette, et donc la prolifération monétaire. Janet Yellen n’y voit aucun inconvénient et juge que la Fed est là pour s’assurer que les Etats-Unis ne manqueront pas de moyens de financement.
Le problème pour Joe Biden, cependant, c’est que les républicains ne sont pas les seuls à s’opposer à ce budget pharaonique de 3 500 Mds$ (tactique politicienne classique). Plusieurs parlementaires démocrates ont déjà fait savoir qu’ils ne le voteraient pas en l’état, ce qui préfigure un échec certain de ce package devant le Sénat.
Il semblerait qu’un terrain d’entente pourrait cependant être trouvé, pour un budget compris entre 1 900 et 2 200 Mds$, en incluant les dépassements résultant d’un relèvement du plafond de la dette d’ici à la fin de l’année.
Autrement dit, il pourrait manquer au minimum 1 500 Mds$ pour s’aligner sur les attentes de Wall Street.
Quelles conséquences pour les marchés ? C’est ce que nous verrons demain…