Alors que l’inflation continue de sévir, Jerome Powell – et les investisseurs d’une manière générale – vont devoir se poser de sérieuses questions sur la suite des événements. C’est une bonne nouvelle pour l’or…
L’inflation, dont nous avons commencé à parler hier, pourrait demeurer proche ou supérieure à 5% d’ici fin décembre, et resterait supérieure à 3% en 2022. Si la croissance ne parvenait pas à dépasser les 3% l’an prochain, cela signifierait ni plus ni moins qu’un taux de croissance réel nul.
Et comme les T-Bonds US n’offrent pas plus de 1,6% à 1,7% de rendement, tandis que l’inflation core PCE (hors énergie) est solidement établie au-dessus de 3%, cela signifie que l’épargne « sans risque » (typiquement les retraites) s’érode en parallèle de 1,5%… et même de bien plus en tenant compte des prix de l’énergie et des loyers.
En revanche, les propriétaires voient la valeur de leur patrimoine immobilier exploser de 20% sur 12 mois, et leur portefeuille boursier de 30%.
De nombreuses voix s’élèvent – et notamment celle de la sénatrice Elisabeth Warren – pour dénoncer les conséquences délétères de la politique monétaire de la Fed, l’hyperinflation des actifs financiers, le creusement des inégalités.
Parfum de scandale
A cela s’ajoute désormais un parfum de scandale avec quatre membres de la Fed reconnaissant avoir « investi » sur les marchés en amont, voire la veille, d’annonces majeures de la banque centrale américaine, et avoir engrangé des millions de dollars de profits – en mode « ça gagne à tous les coups, mais nos avocats ont vérifié, tout était légal ».
L’image de la Fed auprès de l’opinion publique américaine s’en trouve fortement abîmée, mais heureusement, les médias en parlent très peu, ou même pas du tout, de notre côté de l’Atlantique.
Il en va de même pour l’impopularité de Joe Biden, qui va croissant mais dont personne ne parle dans notre presse grand public.
A Wall Street, les opérateurs se comportent donc comme si Joe Biden était toujours en état de grâce (tout ce qu’il souhaite du Congrès US, il l’obtient)… et comme si Jerome Powell allait rempiler pour quatre 4 ans à la tête de la Fed, afin d’éviter – c’est sa priorité absolue depuis le début de son mandat – que « les marchés subissent des pertes importantes ».
Surtout, l’industrie financière continue de se comporter comme si son discours sur « l’inflation transitoire » avait une réelle crédibilité.
Pourtant, la chute de 20% de l’or depuis ses sommets d’août 2020 (il y a un peu plus d’un an) semble confirmer que les investisseurs s’attendent à tout moment à ce que la courbe des prix s’infléchisse à la baisse. Ce qui n’est jamais arrivé depuis juin 2020, donc cela augmente les chances d’un retournement encore plus brutal le mois prochain !
Colombes et faucons
Et comme l’inflation retombera fatalement un jour prochain, parce que les consommateurs subissent une douloureuse perte de pouvoir d’achat, la Fed pourra maintenir ses taux à zéro quelques trimestres supplémentaires. Du moins, une fois achevé son tapering d’ici l’été prochain, selon des déclarations concordantes de membres de la Fed, aussi bien « colombes » que « faucon ».
La question que Wall Street devrait se poser est : Jerome Powell pilotera-t-il le tapering, ou aura-t-il été mis sur la touche d’ici janvier prochain ?
Son (ou sa) successeur laissera-t-il les taux réels s’enfoncer dans le négatif (-5% actuellement), au risque de détruire ce qu’il reste de crédibilité au dollar ?
Si vous répondez non à ces deux questions, ou si vous jugez simplement qu’il est légitime de se les poser, alors il est grand temps de vous intéresser à l’or et aux métaux précieux (au travers des valeurs minières notamment), qui ont un retard gigantesque à combler sur les commodities, et un retard historique – et sans précédent, vu la trajectoire de l’inflation – à combler sur les indices boursiers depuis août 2020.