La Chronique Agora

Tout est une question d’équilibre

▪ « Salut frangine ! » m’interpellait lundi dernier R.B. dans un e-mail aussi laconique qu’énigmatique. « Il n’y a que les curieux qui se font avoir ? »

Hmm… que répondre à ça ?

« Hey bro ! » (moi aussi je peux le faire, après tout). « ‘On n’est curieux qu’à proportion qu’on est instruit’, c’est Rousseau qui l’a dit ».

Oui, c’est une réponse possible.

Ou peut-être faudrait-il rassurer R.B. sur le fait que les curieux se font rarement avoir, justement — parce qu’ils vont au fond des choses et prennent leurs décisions uniquement quand ils ont eu la réponse à toutes leurs questions. Nous avons la chance d’en compter beaucoup qui ont cette qualité, parmi nos lecteurs.

C’est sans doute pour cela que nous sommes restés en activité depuis plus de 12 ans : si nous n’étions pas à la hauteur, s’il y avait « anguille sous roche », il y a bien longtemps que vous l’auriez détecté… et les Publications Agora n’existeraient plus.

▪ A moins bien entendu qu’il vaille mieux ne pas répondre du tout, simplement. Et se concentrer plutôt sur un autre message, envoyé par M.A. en réponse à ma Chronique de la semaine dernière, et que vous trouverez un peu résumé ci-dessous :

« Je ne sais pas si c’est un pigeon voyageur qui serait passé par un cybercafé de pigeons qui m’a adressé votre chronique ou si simplement le réseau est revenu… mais je l’ai bien reçue… et comme j’ai du réseau…. »

« Votre chronique m’a ramené à mes 20 ans ; j’étais alors en formation de naturopathie et je boursicotais depuis 2-3 ans déjà […]. Je me souviens avoir eu comme réflexion empreinte de mon côté biologiste ou attiré par la biologie, que le monde où nous vivons est à l’image de nous-même jusqu’au bout du fonctionnement de nos cellules ».

« Tout est à l’image de l’homme en ce qu’il a organisé le monde en fonction de lui. Mais toute structure ne peut créer que ce qui lui ressemble plus ou moins. Ainsi donc nous évoluons dans cette existence plus ou moins artificielle où tout peut disparaître un jour comme chacune de nos cellules est remplacée puis au final chacun de nous est remplacé (au travail et simplement dans la vie), puisque nous sommes mortels même s’il nous subsiste des parts d’immortalité ».

« Quel lien avec la Bourse? Hé bien lorsque je réussissais un bon ‘coup de Bourse’, si je pouvais empocher ces milliers de francs pour aller festoyer dans les ramblas de Barcelone (j’habitais Toulouse) c’est parce que le système avait été conçu de manière à ce que tantôt les choses vont d’un côté, tantôt elles vont de l’autre ; le fameux yin et yang. En Bourse ce que je gagne d’autres le perdent et l’astuce est de se retirer avant que la tendance ne s’inverse ».

« […] Ma réflexion m’avait alors conduit vers une autre. Lorsque un virus pénètre mon corps, il en perturbe le fonctionnement et alors je peux me comporter de manière inhabituelle, voire aberrante. […] Avec le recul je me dis que j’avais bien raison et que ce raisonnement s’applique à l’économie ».

▪ A cela, je ne peux que répondre que tout est une question d’équilibre, en fin de compte. Du corps humain à l’ordre de l’univers en passant par la masse monétaire, le fonctionnement d’une entreprise ou l’évolution du CAC 40… le « truc », c’est de maintenir l’équilibre.

Une tâche délicate — parce que tout, tout le temps, est en flux et en mouvement. Et une tâche parfois désagréable — si l’on s’en tient à la biologie, par exemple, il faut en passer par la fièvre et tout le reste de la réaction immunitaire pour se débarrasser d’un virus.

Idem en économie/finance : quand des déséquilibres se sont installés, il faut les corriger avant de pouvoir reprendre le cours normal des choses. Corrections, récessions et autres ralentissements sont alors à l’ordre du jour. Mais… pour laisser le mot de la fin à M.A….

« […] tout rentre un jour dans l’ordre comme mon corps se débarrasse des virus, (si les virus ne le tuent pas), comme on finit par cuver d’une soûlerie, comme le balancier quitte le yin pour le yang et inversement, comme le marché s’autorégule envers et contre tout… et tous ».

Une leçon que les autorités économiques, politiques et financières de la planète ont peut-être besoin de réapprendre… à leurs dépens (et malheureusement aux nôtres aussi, selon toutes probabilités).

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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