La Chronique Agora

Qu’est-ce qu’on rigole !

inflation

Un restaurant à 100 millions de dollars, une masse monétaire qui a quintuplé depuis l’an 2000 et 40% d’entreprises non profitables : bienvenue dans les Etats-Unis de 2021.

Lorsqu’on augmente la masse monétaire (comme le font les autorités en ce moment un peu partout dans le monde) – sans une augmentation correspondante des biens et des services – il faut s’attendre à une hausse des prix… mais pas toujours là où on l’attendait, ni quand on l’attendait.

Les fondements monétaires des Etats-Unis se trouvaient autrefois à Fort Knox. Désormais, puisqu’il n’y a plus de connexion entre l’or US et la monnaie US, la chose qui se rapproche le plus d’une masse monétaire, c’est le bilan de la Réserve fédéral. Il nous dit la quantité de nouvel argent que la Fed a « imprimé ».

Au début du XXIème siècle, le bilan de la Fed se trouvait à 600 Mds$ environ.

Aujourd’hui, il approche les 8 000 Mds$, dont quasiment la moitié date des 12 derniers mois seulement.

C’est de l’inflation.

L’inflation, c’est aussi ça…

Le bilan de la Fed, c’est également ce qui permet une telle quantité d’emprunt fédéral… et de dette US.

Un Etat emprunte en vendant des obligations. En deux mots, la banque centrale les rachète avec de l’argent qu’elle a créé spécialement pour l’occasion.

La dette US totale au début du XXIème siècle se montait à 5 700 Mds$. Vingt-et-un ans plus tard, le total dépasse les 28 000 Mds$.


Là encore, c’est de l’inflation – sur les comptes des autorités.

Cela perturbe déjà le système financier, et corrompt le capitalisme. Les entreprises n’investissent plus leurs capitaux pour en gagner plus ; désormais, elles rachètent leurs propres actions… ou, comme MicroStrategy, elles achètent des bitcoins.

Après tout, la banque centrale prête de l’argent à ses banques membres à des taux zéro (sous le taux d’inflation réel) depuis 11 ans environ. Cela suffirait à causer des distorsions.

Monstres de foire

Nous avons apprécié de pouvoir rire de ces grotesqueries ces derniers jours et semaines – Dogecoin, MicroStrategy, les NFT, Tesla (TSLA)… la liste est longue et comprend les quelque 40% de small et midcaps du Russell 2000 qui ne sont pas profitables.

Le bitcoin a été multiplié par huit ces 12 derniers mois. Dogecoin a grimpé de près de 8 000% depuis le début de l’année.

Les actifs financiers des ménages US, qui comprennent des actions et des obligations en plus de leurs comptes épargne, ont grimpé près de deux fois plus rapidement que le PIB ces 30 dernières années.

Il y a quelques jours, la presse a ajouté un monstre à cette foire – rapportant qu’un traiteur du New Jersey, qui avait servi pour 14 000 $ de sandwiches en 2020, avait déclaré une capitalisation boursière de plus de 100 millions de dollars.

Chez Bloomberg, Matt Levine soulignait qu’à l’annonce de cette nouvelle, le restaurant était devenu « la risée » du monde financier.

Il n’y aucune chance que ce restaurant vaille vraiment 100 M$. Tout le monde le sait.

Mais les merveilles de la fin de la Bulle époque sont telles qu’on ne connaît plus la valeur de quoi que ce soit.

La bonne blague !

Après s’être régalé de cette histoire tout le week-end, Matt Levine est allé vérifier le cours du traiteur en début de semaine dernière.

Les volumes s’étaient envolés autour de cette minuscule sottise – mais l’entreprise valait toujours plus de 100 000 000 $. Les intervenants ne semblaient pas se soucier du fait que c’était un prix absurde.

Tout ça fait partie de la blague. « Vous avez acheté le traiteur ? Ha ha ha ha… »

C’est ça, l’inflation.

Poilant… tant que ça dure.

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