La Chronique Agora

Quelle mouche a piqué l'or ?

A nouveau, l’once d’or a dépassé les 1 000 $, que ce soit à New York, à Londres, à Sydney ou à Hong Kong. Pourtant, nulle faillite financière n’est venue inquiéter les investisseurs et les fraîches statistiques tendent à démontrer que l’économie mondiale rebondirait après avoir touché le fond de l’abîme.

Avant de poursuivre, une précision importante : au deuxième trimestre de cette année et pour la première fois depuis les années 80, la demande d’or d’investissement a été supérieure à la demande d’or de joaillerie.

L’or est en voie de remonétisation
La Chine se déclare acheteuse dans le cadre de la diversification de ses réserves monétaires : voilà qui a suffi à propulser l’or à des cours à quatre chiffres. D’autant plus que les autres banques centrales ont décidé de mettre fin, cette année, à leurs programmes de vente d’or concertés. Plus d’acheteurs que de vendeurs : cela crée nécessairement un appel d’air sur le marché.

La Chine possède officiellement 2 000 milliards de dollars, auxquels s’ajouteraient de 200 à 300 milliards de dollars officieux, selon le cabinet d’études économiques indépendant Fairesearch.

Actuellement, la Banque centrale chinoise ne compte que 1 054 tonnes d’or dans ses coffres, soit 7,7 fois moins que son homologue américaine, la Fed, l’or constituant encore 78% des réserves américaines. "Si la Chine faisait passer ses réserves en or à seulement 5%, ce serait 3 000 tonnes dont elle aurait besoin", explique le docteur Eberhardt Unger, de Fairesearch.

En février 2009, un journal du sud de la Chine, le Xin Kuaibao, prêtait à la Banque centrale de Chine l’intention de porter à 4 000 tonnes ses réserves en or. Au deuxième trimestre de cette année, la demande d’or d’investissement s’élevait à plus de 222 tonnes, en hausse de 46% par rapport au trimestre précédent. On mesure le poids de la décision chinoise sur le marché.

Le supplice chinois du dollar ne fait que commencer
"Une chose est sûre : si la Chine est décidée à acheter, c’est certainement au moment où les marchés s’y attendent le moins qu’elle passera à l’action", analysait dans MoneyWeek Camille-Yihua Chen en début d’année. Le moment semblait judicieusement choisi.

Le billet vert était en rémission par rapport aux autres devises, le Dollar Index se reprenant par rapport à son plus-bas d’août. Le pétrole — l’or noir est l’autre anti-dollar — se calmait. Les économistes nous chantent le début de la reprise et les marchés actions sont sur un nuage. Pour la première fois, l’or a monté AVANT que le dollar ne baisse. L’or n’a pas réagi au dollar, c’est l’inverse.

C’est ce qui préfigure le supplice chinois du dollar. Il ne fait que commencer car, dès le début de l’année, la Chine envisageait l’or à 3 000 $. Tous les mois, la CFTC (Commodities Futures Trading Commission) publie un document qui détaille les positions des banques américaines dans les contrats à terme. Le dernier rapport montre que ces dernières ont considérablement réduit leurs positions vendeuses d’or.

L’or entre à nouveau dans les coffres privés
Parallèlement, les ETF (Exchange Traded Funds), qui émettent des certificats cotés à partir d’une réserve physique, ont fait entrer de l’or dans leurs coffres : un peu moins de 18 tonnes, soit 38,8 milliards de dollars d’or. "Cela paraît énorme, mais pas vraiment si l’on considère que le gouvernement américain a dépensé quatre fois plus d’argent pour renflouer une compagnie d’assurance (AIG) qui a fait de mauvais paris", fait remarquer mon collègue Gene Arensberg dans sa Gold Newsletter Alert.

L’appétit pour les nouvelles émissions obligataires américaines décidera du destin de l’or. Tant qu’elles trouveront preneur, la hausse de l’or sera contenue. Dans le cas contraire, ce sera la hausse des taux et le krach obligataire ou le recours à la planche à billets.

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