La Chronique Agora

Qu'arrive-t-il aux minières aurifères ?

▪ C’est l’un des grands mystères du marché cette année. Au cours du premier semestre, l’indice HUI Gold Bugs Index — composé de valeurs de compagnies minières aurifères — a baissé de 9%, et ce malgré une hausse de 30% du prix de l’or. Que se passe-t-il ?

Normalement, les valeurs aurifères offrent à leurs investisseurs une certaine prise sur le prix de l’or. Historiquement, les valeurs aurifères varient de 2 à 3% pour chaque variation de 1% de l’or. Mais pas en 2011.

Il y a certaines raisons qui expliquent cela. Par ordre d’importance, je les classe ainsi :

▪ 1. Le coût de production est en forte augmentation.
Les coûts énergétiques représentent entre 20% et 35% des coûts. En outre, il faut tenir compte des coûts de l’acier, des produits chimiques et de la main-d’oeuvre — sans parler de la baisse des teneurs en métal, ce qui signifie devoir rejeter plus de pierres par once d’or extrait.

Résultat de cette hausse des coûts (et du point suivant), les marges de profit du secteur ne sont pas beaucoup plus élevées qu’elles ne l’étaient il y a trois ans, même si l’or est beaucoup plus cher.

Il y a peu de d’espoir à venir sur ce point, même si le recul du prix du pétrole aide. Toutefois, ceci peut être considéré comme positif pour certaines compagnies minières low-cost, à forte marge. Cela rend leurs propriétés d’autant plus précieuses et il est intéressant d’y investir.

▪ 2. Les impôts ont beaucoup augmenté.
Dans un rapport récent, CIBC observe que les impôts par once extraite ont augmenté de 1 200% au cours des six dernières années ! Autrement dit, les impôts ont atteint près de 200 dollars l’once alors qu’ils étaient à 20 dollars il y a six ans. Voici un chiffre qui, d’un niveau pratiquement insignifiant, est devenu un véritable boulet en seulement six ans.

A nouveau, peu d’espoir d’amélioration sur ce point 2. Les risques politiques joueront probablement un rôle plus important dans l’extraction aurifère à mesure qu’augmente le prix de l’or, étant donné l’avidité des responsables politiques. Nationalisation ? Taxation confiscatoire ? Ce sont de réelles préoccupations. A nouveau, cela peut être transformé en élément positif pour les valeurs aurifères dans les juridictions plus sûres.

▪ 3. Il y a un fort scepticisme sur le fait que le prix de l’or maintienne sa forte profitabilité cette année.
Résultat : les investisseurs rechignent à accorder aux valeurs de compagnies minières aurifères l’entier bénéfice de la hausse du prix lorsqu’ils considèrent leur valeur réelle. On peut voir cela chez les analystes de Wall Street qui présagent une baisse des prix de l’or à l’avenir.

Seul le temps pourra traiter ce scepticisme. Plus l’or restera longtemps autour de 1 700-1 800 $ l’once, plus le marché croira que cela durera éternellement. C’est ainsi que fonctionne le marché. Chaque marché haussier doit triompher de l’incrédulité et du scepticisme à mesure que le temps passe. Les marchés haussiers meurent lorsqu’il n’y a plus aucun incrédule. Ils meurent lorsqu’il n’y a plus aucun sceptique. Nous sommes loin de cette situation avec l’or.

En dépit de ce qui a été écrit plus haut, les valeurs aurifères sont fondamentalement bon marché si on se base sur le cash flow. L’un des graphiques les plus intéressants que j’ai pu consulter est celui-ci-dessous. Il montre l’effondrement des multiples de cash flow pour les valeurs aurifères. Ils sont passés de plus de 20 en 2008 à environ 10 au mois d’août dernier !

La dernière fois que les valeurs aurifères ont été aussi bon marché, sur cette base, c’était en 1979, lorsque leur groupe tombait à 8,5 fois le cash flow. Ceci a précédé un mouvement parabolique des valeurs aurifères au terme duquel elles ont finalement été multipliées par quatre. Les années 1970 sont une période intéressante à étudier parce que les valeurs aurifères sont aussi restées à la traîne derrière le prix de l’or sur toute cette période de hausse.

Le graphique ci-dessus est une merveille mise au point par CIBC. Il montre clairement comment se sont déroulées les années 1970. Je prévois à coup sûr un scénario semblable — dans lequel les multiples sur le cash flow atteignent un plus bas puis grimpent en flèche — se jouant en 2011-12. Cela signifie qu’il ne faut pas vendre les valeurs aurifères tout de suite. Au pire, il faut s’y accrocher, même aux plus maltraitées. (Un vieil adage dit : « dans une tempête, même les dindons volent ».) Lorsqu’une telle envolée des valeurs aurifères adviendra, toutes monteront.

En outre, si l’on regarde en termes de prix/valeur de l’actif net, les valeurs aurifères s’échangent au niveau des valeurs sur les métaux non précieux. Cela n’était jamais arrivé auparavant. Les valeurs aurifères se sont toujours échangées avec des surcotes importantes par rapport aux valeurs des métaux non précieux. Voici donc un autre chiffre qui favorise les valeurs aurifères et leurs investisseurs.

Si vous ne possédez pas encore de valeurs aurifères, c’est le moment d’en acheter. Et si vous en possédez déjà, vous devriez certainement attendre et les ajouter à vos favoris.

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