La Chronique Agora

Que faire avec l’or en ce moment

▪ Zurich est une ville délicieuse. Tant d’histoire ! Tant de beauté ! Tant d’argent ! Impossible de lancer un krugerrand sans atteindre un riche banquier ou son épouse top model.

Ils flânent le long du Limmatquai. Ils dînent au Kronenhalle. Ils font les boutiques sur la Bahnhofstrasse.

Et que pensent-ils des marchés d’aujourd’hui ?

« C’est insensé, ce qui se passe », a dit notre ami. « Mais les choses insensées, ça arrive. Il faut juste s’assurer qu’on ne fait pas soi-même quelque chose de fou ».

A quelles folies avons-nous eu droit ces derniers jours ? Selon le Financial Times, les actions ont grimpé quand les investisseurs ont eu de bonnes nouvelles de la part du secteur manufacturier américain.

Peut-être.

Nous avons noté un beau rebond de l’or. Les minières aurifères ont fait mieux encore.

Que se passe-t-il ?

▪ Est-ce la fin de la correction sur le marché de l’or ?
Seul un idiot prétendrait savoir à quel niveau se trouve le plancher de l’or. Nous avons avancé l’hypothèse des 1 100 $ hier. Chris (qui nous donne ses analyses marché) et Isabelle Mouilleseaux pensent que ce pourrait être plus bas encore.

Personne n’en sait rien. Mais beaucoup de gens pensent savoir. Et quand les gens pensent savoir quelque chose qu’ils ne peuvent pas vraiment savoir, c’est une opportunité pour ceux qui ne savent rien et le savent. Tout est clair ?

Notre vieil ami Mark Hulbert rapport que les conseillers financiers indépendants n’ont jamais été plus baissiers sur l’or. D’autres indicateurs nous disent que le public et les professionnels sont contre le métal jaune dans leur immense majorité…

Même au « sommet » — quand l’or était proche des 1 900 $ –, en fait, peu de gens possédaient de l’or. C’était considéré comme excentrique. Bizarre. Vaguement séditieux.

Dans la mesure où peu de gens en avaient, peu ont été malheureux de le voir baisser. Quand il a effectivement commencé à corriger, tous les investisseurs qui avaient bondi sur le marché de l’or à la dernière minute — parce qu’ils ne voulaient pas manquer le coche — se sont dit qu’ils devraient tout de suite en sortir. C’est leur ruée vers la porte ouverte qui a déclenché le plongeon.

Dans le même temps, les investisseurs sérieux ne spéculent pas sur la prochaine évolution du prix de l’or. Ils accumulent le métal jaune… et l’utilisent pour mesurer leur richesse.

Nous avons récemment entendu des professionnels de l’investissement nous dire que l’or n’est plus nécessaire. Ce n’est qu’une couverture contre le fait que les banques centrales perdent les pédales, disent-ils. Maintenant que la Fed a démontré sa volonté de réduire les doses, il n’y a pas besoin d’or, surtout que les prix à la consommation ne grimpent pas.

▪ Différentes sortes d’inflation
Sauf que les prix à la consommation ne sont pas la seule sorte d' »inflation ». Ni la première. La première sorte d’inflation, c’est celle qui augmente la valeur de ces veinards de 1% les plus riches. Les gens qui possèdent des actifs — généralement des actions — voient leur patrimoine augmenter à mesure que les autorités injectent de l’argent dans le système bancaire. C’est le genre d’inflation qu’apprécient la plupart des gens. Même s’ils ne font pas partie des 1% ou ne possèdent pas d’actions, ils sont heureux de voir un marché haussier à Wall Street. Ils s’imaginent — comme Ben Bernanke — que d’une manière ou d’une autre cette « richesse » se répandra jusqu’aux travailleurs.

Ils ont raison. Elle finit effectivement par s’infiltrer dans l’économie de consommation. Mais pas en tant que richesse. En tant qu’anti-richesse. Les prix du papier toilette, des parkings et des biscuits augmentent. Les travailleurs finissent avec un pouvoir d’achat réel en baisse.

Nous n’y sommes pas encore. L’inflation des prix à la consommation est encore — apparemment — basse. Cela ressemble plus à une période de désinflation que d’inflation réelle.

En fait, nous sommes si loin de l’inflation des prix à la consommation que les investisseurs ne la voient pas venir. Ils pensent que les autorités contrôlent la situation. Ils pensent que l’économie est fondamentalement saine… que les politiques monétaires sont fondamentalement sensées. Ils parient que M. Bernanke & co. peuvent régler les choses avec M. le Marché.

Nous n’approuvons pas la spéculation… que ce soit sur l’or ou sur quoi que ce soit d’autre. La plupart des gens — nous y compris — n’ont pas les tripes pour ça.

Tenez-vous en plutôt au programme. Mettez votre argent au travail comme le font les gens sérieux. Comme le font les Suisses. Si ce n’est pas déjà fait, commencez un programme à vie d’accumulation d’or, pas de spéculation sur l’or.

Mettez une somme de côté… achetez de l’or tous les mois. Et espérez que le prix baisse pour en avoir plus pour votre argent.

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