La Chronique Agora

Quatre principes d’investissement à appliquer au quotidien

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▪ Je veux aujourd’hui vous faire partager certaines choses que j’ai apprises depuis près de onze ans que j’édite Capital & Crisis, ma lettre d’investissement aux Etats-Unis — des choses que vous ne liriez sans doute pas ailleurs, auxquelles vous ne songeriez peut-être pas.

▪ La loi de Sosnoff. Elle est tirée d’un livre publié en 1975 intitulé Humble on Wall Street — à mon avis, encore de nos jours l’un des meilleurs livres sur l’expérience de l’investissement.

Pour son auteur, Martin Sosnoff :

"Le prix d’une action est proportionnellement inverse à l’épaisseur de son dossier de recherches. Les actions les plus problématiques ont les dossiers les plus épais, c’est elles qui baisseront le plus. A l’inverse, les dossiers les plus fins sont le propre des actions qui s’apprécient le plus".

Les meilleures idées sont souvent les plus simples

En d’autres termes, les meilleures idées sont souvent les plus simples. Si je m’aperçois qu’il m’est vraiment difficile de justifier pourquoi je garde ou j’achète une action, je pense à la loi de Sosnoff. Cela n’a pas toujours été le cas. J’ai perdu je ne sais combien d’heures sur des actions de mauvaise qualité que j’aurais dû vendre dès les premiers signes de difficulté ou bien ignorer.

Beaucoup de grands investisseurs ont leur propre version de ce truisme. (Peter Lynch par exemple : "il ne faut jamais investir dans une idée qu’on ne peut pas illustrer avec un crayon"). Rien ne vaut la simplicité.

▪ Attention aux "idées fixes". Le philosophe allemand Max Stirner a publié en 1845 un ouvrage qui fit sensation, L’unique et sa propriété. C’est un livre ardu mais aux concepts puissants. Stirner prétend que les gens n’ont pas d’idée, que ce sont plutôt leurs idées qui les possèdent. Ces "idées fixes" régissent leurs pensées.

Un ancien gestionnaire de hedge fund révèle…
"LE CALENDRIER MAGIQUE"

Comment une "faille" créée par le gouvernement américain fait exploser les prix des actions les plus convoitées de Wall Street : grâce à une petite loi méconnue, vous pouvez connaître la date exacte de vos gains — des mois à l'avance !

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Pour Stirner, une pensée n’est vôtre que lorsque vous "n’avez pas d’inquiétude à la mettre en danger de mort à tout moment". En fait, il espérait que ses propres idées soient mises à l’épreuve et démolies :

"C’est avec le sourire que j’attendrai l’issue du combat, avec le sourire que je recouvrirai le cadavre de mes pensées et de ma foi, avec le sourire que battu, je triompherai. Là est précisément l’humour de la chose".

Sur les marchés, on voit beaucoup de gens aux "idées fixes". Il y a ceux qui ne jurent que par l’or ; il y a ceux qui s’attendent constamment à un krach boursier, toujours obsédés par la Fed ou les théories d’économistes décédés ; il y a ceux qui prédisent l’effondrement du dollar. Ce sont ces gens-là qui ne peuvent pas changer d’avis.

J’ai appris, dans la douleur, à penser comme Stirner. Je ne m’attache pas aux idées. Je n’ai aucun problème à changer d’avis. En fait, j’attends avec impatience de le faire, et essaie activement d’ouvrir des failles dans mes idées et théories.

▪ Méfiez-vous des abstractions. J’emprunte ici l’idée de Paul Goodman, un autre sage. Cet homme de lettres, célèbre fumeur de pipe, écrivait : "je ne peux penser de façon abstraite. Je commence à partir de l’expérience concrète". Il disait en plaisantant qu’il collait tellement à l’expérience concrète qu’il "ne pouvait vraiment pas écrire de fiction".

Cependant, les gens adhèrent facilement aux grandes idées. La nouvelle économie. Le Peak Oil. Le siècle chinois. La grande modération. Ce ne sont là que des idées abstraites, des prévisions sur ce à quoi pourrait ressembler le monde. Elles sont bien loin de l’expérience concrète — et peuvent par conséquent facilement vous égarer. Chacune des abstractions que je viens de mentionner ont fourvoyé bien des investisseurs.

Les idées viennent de nulle part mais mes meilleures idées proviennent souvent des gens.

Il s’agit de savoir pourquoi l’investissement A est meilleur que l’investissement B

L’auteur John Train a écrit : "l’investissement est l’art du spécifique". Il s’agit de savoir pourquoi l’investissement A est meilleur que l’investissement B. "Il est extraordinaire de voir le temps qu’on peut passer sur l’inconnaissable". J’ai appris à identifier et accepter l’inconnaissable. J’ai appris à me méfier des grandes théories.

▪ Investir se pratique au niveau de l’humain. Avant, je me fiais aux chiffres et recherchais les bas prix statistiques. Je recherchais les actions à PER faible par exemple. Tout le monde peut obtenir ces chiffres et ces méthodes peuvent bien fonctionner. Toutefois, avec le temps, j’ai appris qu’une bonne situation vaut plus qu’une statistique.

Une bonne situation est une situation où l’évidence ne saute pas aux yeux rien qu’en se basant sur les chiffres. Quelque chose d’autre se passe dans l’entreprise qui la rend attractive. C’est rare mais la récompense d’y investir est souvent grande.

Trouver une bonne situation nécessite un gros travail de lecture et un bon réseau. Je bavarde avec beaucoup de monde — des investisseurs, des directeurs, des analystes et des économistes. Les idées peuvent provenir de n’importe où. Mais le plus souvent mes meilleures idées proviennent des gens. Il existe une personne, quelque part, qui connaît une histoire. Je veux la trouver et écouter son histoire.

Je ne sais pas si je réussirai à intéresser mes lecteurs autant ces 10 prochaines années que je l’ai fait ces 10 dernières. Je vais essayer. Et je suis certain que les leçons ci-dessus nous serons utiles.

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