La Chronique Agora

Quand les prix sont faussés, tout le reste l’est aussi

prix bourse

Les apprentis sorciers qui nous gouvernent ont beau s’arc-bouter pour empêcher le système de bouger, l’évolution est inéluctable… et elle risque d’être douloureuse, notamment sur les marchés d’actifs.

La crise est notre avenir, c’est notre histoire à venir.

L’Histoire, disait le philosophe Hegel, c’est de la logique cristallisée. Il ajoutait aussi que le cristal ne se donnait pas à voir facilement car il était entouré de gangue et d’impuretés.

Ici, la logique qui traverse notre phase historique, c’est la négation du mouvement.

Une opération d’apprentis sorciers qui veulent rigidifier, fixer, définir un monde dans le sens qui leur convient alors que tout est mouvement, alors que tout est fini, rongé par la finitude.

La vieille taupe du réel creuse sous l’écorce de l’imaginaire.

Les politiques monétaires sont la quintessence de la prétention moderne des hommes car elles veulent s’opposer au mouvement, à ce que l’on nomme le cours des choses. C’est la prétention positiviste, mécaniste, volontariste de la bourgeoisie et surtout de la pensée bourgeoise, qui ne rêvent que d’une chose : ô temps, suspend ton vol.

La politique monétaire non-conventionnelle vise à contrôler les prix car cela ne convient pas aux tenants du pouvoir. Cela lui déplaît qu’ils bougent ou aient tendance à bouger dans une direction destructrice, la déflation… et surtout qu’ils baissent avec la productivité et les changements sociaux.

Cela déplaît aux autorités que les prix traduisent l’état de développement des forces productives, les progrès des processus, la venue de nouveaux producteurs, etc.

« Je n’en veux rien savoir »

La politique actuelle, c’est un forcené « je n’en veux rien savoir ». C’est une politique qui cherche à fausser toutes les interactions puisque ces prix – ne l’oubliez jamais –, ce sont des interactions, des rapports sociaux médiatisés.

Un prix, c’est en quelque sorte « l’interprète » de la relation entre deux personnes ou deux entités qui échangent. Un système de prix faux, truqué, donne une traduction fausse, de fausses équivalences entre les biens, les services, les utilités sociales, les compétences !

Un système de prix faux donne une lecture du monde fausse.

De proche en proche tout devient faux, tout devient désadapté : c’est cela qu’il faut comprendre. Notre grille de lecture et d’interprétation du monde et de nos relations entre nous devient inadapté. Or notre grille de lecture, c’est notre outil pour transformer le monde. C’est notre carte, notre boussole.

Accessoirement, comprenez que les prix des actifs financiers sont des préfigurations. Ils sont dans un rapport logique, organique avec le prix des richesses futures qui seront produites, avec les prix nominaux des PIB. Il faut également comprendre que les prix des actifs financiers se fracasseront sur ces prix futurs.

Les rapports entre le présent et le futur sont dans un rapport de nécessité. Or on ne peut échapper à la nécessité, même en trichant, même en jouant sur les étalons de mesure ; c’est la terrible loi de la valeur.

La loi de la valeur est la statue du Commandeur qui se dresse sur la route du système – et qui lui dit que l’accumulation ne peut être infinie, qu’elle a des limites internes et qu’elle bute sur la nécessité de produire et de réaliser le profit… même si on triche, même si on avilit ce en quoi les prix sont exprimés : la monnaie.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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