La Chronique Agora

Quand les poules auront des dents

Fed Inflation transition énergétique

La guerre a été déclarée contre l’indépendance énergétique des Etats-Unis… et fait déjà des victimes parmi les travailleurs.

Ce qui nous intéresse particulièrement, à La Chronique, c’est le télescopage imminent et catastrophique de deux programmes particulièrement crétins, aux Etats-Unis et ailleurs.

Avec l’un, les choses – surtout l’énergie – vont devenir encore plus chères parce qu’il réduit l’offre.

Avec l’autre, elles vont devenir encore plus chères parce qu’il augmente la demande (sous forme d’argent falsifié).

Que va-t-il se passer lorsque ces deux programmes entreront en collision ?

La Fed a créé l’inflation actuelle « à l’ancienne » : en imprimant de l’argent frais. Inutile d’entrer dans les détails techniques, cela n’a aucune importance. Et nous ne voulons pas prendre le temps de les comprendre.

L’économiste Richard Duncan en explique ici la première phase :

« Pendant des décennies, une croissance rapide du crédit et une inflation des prix des actifs ont été le moteur de l’économie américaine. Depuis la crise de 2008, en particulier, des plans de stimulus budgétaire agressifs, des taux d’intérêt ultra bas, et des mesures successives d’assouplissement quantitatif, ont permis à l’économie américaine de poursuivre sa progression et ont créé un volume de richesses stupéfiant. »

Bien entendu, ce n’est pas une véritable « richesse », qui a été créée, mais une fausse richesse, née de l’argent falsifié sorti de la planche à billets.

Mais entre 1999 et 2022, la Fed a injecté 8 000 Mds$ (en augmentant son bilan). Et ses taux d’intérêt artificiellement bas ont engendré 50 000 Mds$ de dettes supplémentaires aux Etats-Unis, aussi bien publiques que privées.

(Nous arrondissons les chiffres, alors si nous nous trompons de quelques milliers de milliards, d’une façon ou d’une autre, ne vous inquiétez pas).

Des hausses de prix

Cette « inflation » de la masse monétaire a d’abord généré une « inflation » du prix des actifs.

L’Indice Dow Jones a été multiplié par 3. Et les actifs non industriels, plus légers que l’air, plus vides que l’esprit d’un parlementaire, ont flambé. Personne ne s’est plaint.

Mais ensuite, l’inflation s’est infiltrée peu à peu dans les prix à la consommation. Et soudain, avec les confinements liés au Covid et la guerre en Ukraine, ces infiltrations se sont muées en déferlante. Les prix à la consommation ont augmenté dans le monde entier, entraînés par les hausses les plus importantes : celles du pétrole, de l’alimentation et de l’immobilier.

Mais la Fed n’a pas été la seule responsable de ces hausses.

Tandis qu’elle augmentait la masse monétaire, le gouvernement fédéral réduisait également la production. Les confinements, par exemple, ont fait bien plus de dégâts que l’on ne veut l’admettre en général.

L’élite est peu connectée à l’économie réelle, ou bien ne la comprend pas. Ses membres travaillent dans le monde universitaire, à Wall Street, dans la presse, au gouvernement, ou dans des organisations à but non lucratif. Il n’est donc pas surprenant qu’ils aient pensé que l’économie s’apparentait à une ampoule électrique : quelque chose que l’on peut allumer et éteindre en appuyant sur un interrupteur.

Hélas, l’économie réelle est quelque chose de vivant. Si vous lui enfoncez un pieu dans le cœur, elle meurt. Et elle ne peut pas ressusciter d’entre les morts : une nouvelle économie doit prendre sa place.

Et cela exige du temps, des investissements, de la formation et de l’apprentissage. De nouvelles relations doivent être bâties, de nouveaux canaux de distribution doivent être élaborés, une analyse coûts-avantages doit être réalisée, et des investissements doivent être effectués.

Des approvisionnements en baisse

Alors imaginez que vous évoluez dans le secteur pétrolier.

Vous avez entendu Donald Trump déclarer l’état d’urgence en mars 2020, et vu que le cours du pétrole pouvait dégringoler en dessous de zéro le mois suivant. Les compagnies pétrolières n’ont pas pu vendre leur pétrole. Elles ont dû payer pour qu’on le leur stocke.

Et à présent, dans le monde entier, les Etats veulent vous faire mettre la clé sous la porte.

Selon le LA Times :

« C’est game over pour le moteur à combustion interne, dans un contexte où les pays de l’Union européenne ont approuvé les mesures en faveur du climat.

Les pays membres de l’Union européenne se sont entendus sur un projet de loi visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% au moins en 2030, par rapport à 1990, au lieu des 40% précédemment convenus.

Un jour très long mais favorable aux mesures en faveur du climat : la décision du conseil concernant [les propositions] Fitfor55 représente un grand pas en avant dans la mise en œuvre du Pacte Vert pour l’Europe, a déclaré Frans Timmermans – vice-président de la Commission européenne chargé du Pacte Vert – après la réunion des ministres de l’Environnement au Luxembourg. »

Et l’envoyé américain pour le climat est également sur votre dos. John Kerry a prononcé un ultimatum :

« Nous devons mettre les industries en demeure : vous avez six ans, huit ans, pas plus de dix ans, à peu près, pour trouver des moyens permettant de capter les émissions, et si vous ne les captez pas, alors nous devons déployer d’autres sources d’énergie ».

Alors… que faites-vous ?

L’Etat veut vous faire mettre la clé sous la porte et vous empêche pratiquement de planifier l’avenir. Devez-vous investir d’autres capitaux, forer plus de puits et construire plus de raffineries ?

Mike Wirth, le PDG de Chevron, déclare que jamais plus une nouvelle raffinerie ne sera construite aux Etats-Unis. Pourquoi ?

« Ce n’est pas acceptable »

Qui va investir des millions de dollars… sur plusieurs années… alors que l’Etat lui cherche des noises ?

Et qui va attendre des années un retour sur investissement sans savoir si le pétrole se vendra à 500 $ le baril… ou pour rien ?

Et ensuite, si vous avez la chance de dégager un profit, on menace de vous le prendre.

Joe Biden a expliqué son point de vue :

« En temps de guerre, il n’est pas acceptable de répercuter directement sur les familles américaines des marges bénéficiaires élevées sur les produits raffinés ».

Alors que se passe-t-il, lorsque ces mesures – une émission monétaire inflationniste et des réglementations paralysant la production – entrent en collision ?

Comment les gens font-ils pour aller travailler ?

Comment font-ils pour faire rouler leurs voitures et chauffer leurs maisons ?

Qu’est-ce qui va faire tourner les camions et les tracteurs ?

Qu’est-ce que nous allons manger ?

Que va-t-il se passer ensuite ?

Eh bien… nous ne savons pas, exactement.

Mais à notre avis, le jour où on le découvrira, les poules auront des dents.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile