La Chronique Agora

Quand nos politiciens poursuivent la lutte anticapitaliste

Trente ans après la chute de l’URSS, nos politiciens français pataugent dans une espèce de concours à qui contestera le mieux les vertus du capitalisme et du libéralisme.

A la faveur de la vague écologiste soulevée par l’équipe de Greta Thunberg, le négationnisme pro-communiste fait même son grand retour sur le devant de la scène.

Les mesures collectivistes adoptées par nos politiciens sont de plus en plus graves, et les nouvelles idées qui circulent sont de plus en plus inquiétantes pour qui est attaché aux droits fondamentaux.

Afin de bien prendre la mesure du désastre qui s’annonce en France, je vous propose un panorama de la situation en cinq volets – dont voici le premier.

Ceux qui auraient préféré que la France soit libérée par l’URSS plutôt que par les Alliés occidentaux

J’ai encore appris plein de choses, cet été. Naïvement, je m’imaginais jusque-là que presque 75 ans après la Libération, chaque Français se réjouissait que le rideau de fer séparant le bloc soviétique du monde occidental ait traversé l’Allemagne plutôt que la France. Les commémorations annuelles du 6 juin 1944 sont l’occasion de se souvenir qu’il s’en est fallu de peu pour que ce soit notre pays qui se retrouve coupé en deux.

Eh bien, je me trompais ! Certaines personnes, comme Nathalie Arthaud, ne voient pas les choses de cet œil-là. Voici ce que la porte-parole de Lutte ouvrière twittait pour l’anniversaire du débarquement de Normandie.

Si je comprends bien, à l’issue de la Deuxième guerre mondiale, nous, peuple français, n’avons pas été libérés. Nous serions plutôt passés sous la coupe réglée de régimes impérialistes et capitalistes qui allaient martyriser leur population.

Je trouve cette idée curieuse car, pour avoir vécu deux ans en Bulgarie et en Pologne, j’ai plutôt l’impression que le totalitarisme soviétique a été moins apprécié que les Trente Glorieuses.

Heureusement, je ne suis pas le seul à être de cet avis.

Nathalie Arthaud retoquera peut-être qu’elle n’est pas stalinienne, mais trotskyste. On peut en effet pinailler sur les mots mais in fine, le problème reste le même.

A la limite, que l’extrême-gauche admire la dictature soviétique, c’est dans l’ordre des choses. Là où la situation devient plus étrange, c’est lorsque ceux qui sont censés représenter le camp d’en face remettent eux aussi en question les principes de base de nos sociétés occidentales.

Le capitalisme et le libéralisme sont-ils à bout de souffle ?

Nous sommes tous d’accord sur un point : quelque chose ne tourne pas rond dans le Royaume de France. L’objectif de base de la politique, c’est justement l’échange d’idées pour identifier le problème. Charge aux chapelles qui s’opposent dans le débat public de convaincre les électeurs de la validité de leur diagnostic et de la pertinence de leurs solutions.

Or, lorsque l’on écoute ce qui se dit en France, on a l’impression que nos politiciens sont tous en train de suivre la voie tracée par la porte-parole de Lutte ouvrière.

Commençons avec ces deux perles de notre ministre de l’Economie et des Finances.

« Le capitalisme que nous avons connu au XXème siècle est dans une impasse. Il a conduit à la destruction des ressources naturelles, à la croissance des inégalités et à la montée des régimes autoritaires. Son changement est indispensable… »

Ça, c’était celle du 25 juillet. Voici celle du 28 août :

Je reformule : il faut en finir avec la concurrence et le libre-échange qui sont des dogmes dépassés du XXème siècle. Wow. Comme je reste bouche bée devant un tel diagnostic, je laisse la parole à Daniel Tourre :

Un mot tout de même. Je veux bien que l’on ait eu droit à de grandes chaleurs estivales, mais oublier que la France est l’un des pays où les autorités publiques ont la présence la plus asphyxiante au sein de l’économie, au travers des réglementations, des prélèvements obligatoires ainsi que des politiques budgétaire et monétaire (via la BCE, laquelle n’est pas pour rien dans l’accroissement des inégalités), me semble tout de même un peu fort de café.

Si notre modèle est à bout de souffle, cela n’est pas dû à un surcroît de liberté économique, mais justement à cause des entraves qui lui sont faites !

Prenez par exemple le classement « Doing Business » créé par la Banque mondiale en 2003. Ce classement indique la facilité de faire des affaires au sein de 190 économies comparées au travers de 10 critères : création d’entreprise, obtention des permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, obtention de prêt, protection des investisseurs, taxes et impôts, commerce frontalier, exécution des contrats et résolution de l’insolvabilité.

Si la France obtenait l’un des meilleurs scores, on pourrait en conclure que le libéralisme et le capitalisme sont le problème, vu l’état actuel de l’économie française. Or, lorsqu’on se reporte à l’édition 2019 de ce rapport, on constate que la France arrive en 32ème position, derrière des pays aussi exotiques que la Géorgie, l’Azerbaïdjan ou encore le Rwanda.

Notez par ailleurs que les économies le plus prospères figurent toutes dans le haut du panier.

Notre déclin économique n’est donc pas très difficile à expliquer, et le diagnostic de notre ministre est pour le moins bancal.

Malheureusement, au niveau de celui que les médias nous ont présenté ces dernières semaines comme « la relève » (avec tous les guillemets du monde) de la « droite » (idem), ce n’est guère mieux.

Le président du conseil régional des Hauts-de-France nous sert le même discours creux que Bruno Le Maire. Seuls les mots-clés changent pour aboutir à un nouveau kamoulox.

On n’a même pas le réconfort de se dire que les anciens vont relever le niveau, puisque Nicolas Sarkozy n’a pas hésité un instant avant de sortir l’énormité suivante à l’occasion du rassemblement annuel du MEDEF.

Une fois de plus, pas mieux que Daniel Tourre :

Voilà. Donc ça, c’est pour les deux grandes mouvances politiques censées être les plus en faveur du libéralisme et du capitalisme. Je vous laisse imaginer ce que ça donne de l’autre côté de la barrière.

Ou plutôt non, je vous le raconterai la semaine prochaine, tiens.

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