▪ Commençons par un éclat de rire.
Nous n’entendons plus beaucoup parler de Tom Friedman. Mais il nous reste Paul Krugman, Ben Bernanke et Tim Geithner.
C’est ce dernier qui a failli nous achever la semaine dernière. Dans Bloomberg :
« Le système financier américain est en meilleure forme qu’avant la récession, et il est bien placé pour fournir le financement nécessaire à l’expansion économique, a déclaré le Secrétaire au Trésor US, Timothy F. Geithner ».
« ‘Le coeur du système financier américain est dans une position bien plus solide qu’il l’était avant la crise’, a déclaré Geithner lors d’un petit-déjeuner avec des journalistes de Bloomberg à Washington. Les banques américaines avaient des revenus nets de 87,5 milliards de dollars en 2010, le chiffre le plus élevé depuis 2007 a annoncé le Federal Deposit Insurance Corp. L’Indice Standard & Poor’s a grimpé de 64% depuis mars 2009, et les spreads des obligations d’entreprises se sont réduits ».
« ‘Nous pouvons dire avec bien plus de confiance aujourd’hui que le système bancaire américain et les marchés de capitaux américains sont en bien meilleure position pour financer les besoins de capitaux qui accompagnent une reprise’, a dit Geithner ».
Oh, Tim, arrêtez. Nous n’en pouvons plus.
▪ Attendez. Prenons quelques respirations profondes.
Alors, comment est-ce que ça marchait, déjà ? Les banques se sont révélées insolvables durant la crise de 2007-2009. Elles avaient trop de mauvaises dettes et pas assez de capitaux. Mais maintenant, elles sont saines, n’est-ce pas ?
Eh bien, qu’est-il arrivé aux mauvaises dettes ? La plupart s’appuyaient sur l’immobilier américain. L’immobilier a-t-il grimpé ? Non ?
Alors que s’est-il passé pour rendre les banquiers riches à nouveau ?
La Fed a racheté leurs mauvaises dettes, à hauteur de 1 250 milliards de dollars environ. Mais non seulement elle a soulagé les banques de leurs erreurs, elle a également comploté avec le Trésor US, désormais géré par le susdit Geithner, pour s’assurer que les banquiers gagnent beaucoup d’argent. La Fed leur a prêté à des taux proches de zéro. Puis le Trésor US a réemprunté l’argent à 4%. Même un banquier réussirait à gagner de l’argent, avec un tel montage.
Mais attendez, il y a plus…
Les déficits gouvernementaux et l’impression monétaire signifient peut-être la ruine pour les finances d’un pays, mais ils font des merveilles pour le secteur financier. L’argent gratuit est excellent pour ceux qui le reçoivent en premier, en d’autres termes.
C’est comme le lait. Sain et frais au début, il commence à tourner. On peut le garder pendant des mois. On peut faire semblant qu’il est encore bon. Mais n’ouvrez pas le carton !
Les banques ont pu utiliser cet argent gratuit des autorités pour reconstruire leurs bilans. Tim Geithner annonce qu’ils sont désormais « solides » et « sains ».
Mais attendez… On parle là du même homme que celui qui les surveillait, depuis son poste à la Fed de New York, avant la crise de 2007-2009. Il pensait qu’ils étaient solides et sains à l’époque aussi.
Ce n’était pas le cas. C’est vrai qu’ils sont en meilleure forme maintenant. Mais uniquement parce que le lait tourné est dans le réfrigérateur de la Fed…
Oui, cher lecteur. La ruse de la gestion financière moderne consiste simplement à transformer de petits problèmes en problèmes plus grands… repassant les dettes pourries à des groupes de plus en plus grands. Les banques individuelles étaient en faillite. Maintenant, la Fed est ruinée. Et le gouvernement américain également.
Les banques individuelles étaient en train de faire faillite… si bien qu’elles ont mis en danger le crédit de la banque centrale US pour les sauver. Et qui se tient derrière la Fed ? Le gouvernement.
Lorsque la crise a frappé, les banquiers se sont regardés les uns les autres. Ils se sont mutuellement jaugés. Qui est ruiné ? Qui est solvable ? Ils ont rapidement décidé de ne pas accepter les crédits de Bear Stearns et de ne pas traiter avec Lehman Brothers. Puis les autorités sont intervenues… relançant le secteur tout entier sur une mer de dollars et d’obligations gouvernementales américains — et sur la réputation et le crédit du gouvernement US.
A présent, c’est tout le système qui est en danger.