La Chronique Agora

Quand les initiés revendent leurs actions

Ayons une pensée émue pour les « millionnaires nécessiteux ».

Des taux longs à 5%, 33 700 Mds$ de dette (et 1 000 Mds$ à verser aux créanciers de l’Amérique), plus deux guerres soutenues par les Etats-Unis qui menacent de plonger la planète dans le chaos… cela commence peut-être à faire beaucoup ?

C’est en tout cas le moment qu’a choisi Jamie Dimon, l’emblématique patron de JPMorgan Chase, pour vendre des actions de sa banque (ce qui représente environ 135 M$) – une première en 20 ans. Mais rassurez-vous, cela n’aurait rien à voir avec l’actualité du moment, ni avec une conjoncture un peu tendue, puisque Jamie Dimon affirme qu’il ne vend des actions que parce que « sa famille a besoin d’argent ».

Et oui, les millionnaires sont des gens comme les autres, et eux aussi souffrent de l’inflation ; même la famille Dimon a besoin d’une petite rallonge de 135 M$ pour boucler ses fins de mois.

Ayons une petite pensée pour le cercle des « millionnaires nécessiteux », qui viennent de subir quelques désagréments sur leur portefeuille boursier. S’ils devaient vendre une partie de leurs actions, ils le feraient à perte sur 450 des 500 composantes du S&P 500.

S’ils détenaient des ETF indexées sur les small caps, ils perdraient 8% depuis le début de l’année.

S’ils détenaient des ETF S&P 500 ou Nasdaq, ils les vendraient 10% moins cher que fin juillet. C’est rageant, puisque depuis 18 mois, avec le retour de l’inflation, c’est censé monter tout le temps !

Et oui, du fait du krach obligataire, où voulez-vous réinvestir votre argent, si ce n’est sur les actions, puisque la plupart des entreprises ont profité cyniquement de l’inflation pour augmenter leurs tarifs, leurs marges, leurs rachats d’actions et les bonus de leurs dirigeants !

Donc, si l’inflation rebaisse (l’indice « PCE » publié ce 27 octobre se tassait légèrement vers 3,4%), peut-être que ce ne sera pas bon pour les marges au cours des prochains mois ?

Vous ne nous ôterez pas de l’idée que vendre des actions JPM – alors que le VIX repasse au-dessus des 21 et que l’or au-delà des 2 000 $, tandis que les rachats d’actions ralentissent de 50% cette année – côté « timing », ce n’est pas si mal tombé pour la parentèle de Jamie Dimon dans le besoin.

Pour un chartiste, cette vente s’est produite quelques jours seulement avant la cassure définitive de supports moyen terme cruciaux, sur les principaux indices de Wall Street.

C’est vraiment un coup de chance de devoir aider sa famille dans un moment charnière : comme quoi, pour une âme généreuse, un bienfait n’est jamais perdu.

Oui, le hasard fait bien les choses, puisqu’en plus du signal de rupture du 25 octobre, Wall Street a terminé la semaine dans le rouge, presque au plus bas depuis début mars dernier sur un lourd repli hebdo.

Le Dow Jones a connu vendredi sa pire séance depuis mars (plombé par Chevron avec -6,7%) et pour le S&P 500, ce fut carrément sa pire semaine depuis février (-2,5% avec, à la clé, 4 séances de repli sur 5).

Et le mois d’octobre s’imposera sûrement comme un 4ème mois de repli consécutif, avec un score proche de -4%.

Le S&P 500 a d’ailleurs été plombé par les bancaires, avec devinez… une chute de -3,6% de J.P. Morgan.

Mais soyons sans parti pris : Bank of America et Citizens Financial ont également perdu -3,6%, Citigroup -2,8%.

Et puis cela vaut ce que ça vaut, car le passé ne garantit pas l’avenir… mais quand les valeurs bancaires commencent à casser leurs moyennes mobiles, lorsque leurs moyennes mobiles se croisent à la baisse, la correction des marchés n’est jamais très loin.

Nous savons que les banques centrales n’hésiteront pas à relancer la planche à billets pour sauver leur mise… Les acheteurs qui ramassent de l’or depuis son plancher de 1 820 $ le 6 octobre (rare funiculaire haussier sans le moindre accroc de +10%) le savent aussi.

Peut-être apprendrons-nous bientôt que la famille Dimon, contrainte d’aller vivre dans un pays moins onéreux que les Etats-Unis, a converti une partie de ses 135 millions de dollars dans une autre devise (d’un pays moins endetté par exemple).

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