Si vous voyez quelle valeur peut avoir une clôture autour de votre jardin, il peut être plus difficile de voir ce qu’ajoute à votre vie un réseau social permettant de discuter pendant des heures… quand vous pouvez aussi bien le faire ailleurs.
« Etre normal, c’est aimer et travailler. »
~ Sigmund Freud
« Si j’étais votre patron, je vous donnerais un coup de truelle sur la main », m’a dit Mick, en souriant.
Nous étions en train de travailler avec lui sur le mur de pierre ouest de notre jardin, dont le but est d’empêcher les cerfs de passer et de briser les vents froids venant de l’Atlantique.
Et même si nous avons régulièrement travaillé sur des projets de maçonnerie durant des années et des années, nous n’avons jamais eu de véritable formation.
« Ne placez jamais les pins comme ça », m’a expliqué Mick. A toutes fins utiles, ces petites pierres – appelées pins – utilisées pour combler les vides entre les grosses pierres ne doivent pas être posées droites mais sur leur côté.
Du travail bien fait
Chaque jour, on se rapproche un peu plus de la fin du chantier. Et chaque jour, nous contemplons le mur, à 8 heures du matin, avec une satisfaction grandissante. Mick et son assistant, Connie, sont au travail. Ils accomplissent quelque chose. Quelque chose qui a de la valeur.
Et chaque jour, nous nous demandons ce que la Silicon Valley et Wall Street ont fait pour nous, ces derniers temps ?
Nous identifions la valeur de ce que réalisent Mick et Connie. Mais, en ce qui concerne les principaux secteurs d’activité des Etats-Unis… nous n’en sommes pas certain.
Est-ce que nos hamburgers ont meilleur goût grâce aux grands financiers de Goldman Sachs ? Est-ce que notre toit évacue bien l’eau grâce aux génies qui travaillent chez Google ? Est-ce que la vue depuis notre salon est plus attrayante… Ou, à l’inverse, est-ce que notre dos est toujours raide ? Est-ce que nos cheveux continuent de disparaître ?
Certes, désormais, on peut regarder des films en streaming chez soi. Mais est-ce vraiment mieux que d’aller au cinéma ? Et on peut « chatter » en ligne… pendant des heures et des heures. Mais est-ce mieux que se réunir autour d’un verre ou, d’ailleurs, de passer ces mêmes heures à travailler ?
Est-ce que les médias électroniques ne sont qu’une version dopée de la télévision, qui nous font perdre notre temps et nous appauvrissent ?
Les médias antisociaux
Les jeunes gens de 16 à 24 ans passent en moyenne 21 heures par semaine – soit l’équivalent d’un travail à temps partiel – sur les réseaux sociaux. Contrairement à notre monnaie, on ne peut pas falsifier le temps. Ne serait-il pas mieux de le consacrer à apprendre quelque chose d’utile ?
Sauf que les gens votent avec l’argent (qui sommes-nous pour leur dire comment le dépenser ?). Et ils ont largement voté en faveur de Netflix, Google, Amazon… et une kyrielle de candidats établis sur internet. Mais ils peuvent changer d’avis.
L’indice S&P 500 a chuté de 10% en janvier. Le Nasdaq, où les valeurs technologiques ont tendance à résider, a chuté de 15%. Facebook a chuté de 25% sur une seule journée, enregistrant la perte journalière la plus importante qu’une entreprise ait vécu, historiquement, sur le marché actions américain. M. Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a vu sa fortune personnelle dégringoler de 31 Mds$… soit le PIB de l’Estonie, en gros.
Comment un seul homme peut-il perdre le PIB annuel d’un pays en une seule journée ? Où cet argent est-il parti ?
Et que dire de Peloton ? Cette société vend des vélos d’appartement au guidon muni d’un ordinateur, pour la somme de 2 000 $. Elle a essuyé une perte de près de 500 M$, l’an dernier. Son action – autrefois l’un des chouchous de ceux qui investissent dans les technologies – a chuté de 85% depuis décembre 2020.
Que s’est-il passé ? Et en quoi était-elle si précieuse, au départ ?
Le modèle économique de l’essentiel du secteur de la Silicon Valley – y compris Google, Facebook et Peloton – était le même : captez le regard de quelqu’un et vous pourrez lui vendre d’autres trucs.
Dans un premier temps, cela a fonctionné de façon magistrale.
Nous verrons demain le second temps…