La Chronique Agora

Puisqu'on vous dit que ce n'est PAS un problème de liquidités !

▪ Les actions sont chahutées. Cela montre que les marchés boursiers n’avalent pas les histoires de Bernanke.

Vous vous rappellerez qu’il y a quelques jours, Ben Bernanke a assuré au monde entier que même si la reprise n’était pas exactement à la hauteur de ses espérances, il avait toutefois la situation bien en main. Il a déclaré qu’il avait les outils nécessaires pour régler le problème, et ferait tout ce qui est nécessaire pour y parvenir.

La réaction initiale était positive. Les marchés ont grimpé. Certains analystes ont pensé que la tendance baissière avait été brisée — mais qu’il faudrait attendre une confirmation lundi. Au lieu de ça, les marchés ont chuté.

Le fait est qu’il n’y a pas de reprise… qu’aucune reprise n’est possible… et les investisseurs commencent à s’en rendre compte.

Que se passe-t-il alors ? Une "Grande Récession", disent certains analystes. Une "dépression", disent d’autres.

On trouve dans le Financial Times un bon article, qui aide à comprendre ce qui se passe vraiment. Il est signé Ken Rogoff et Carmen Reinhardt ; vous avez déjà entendu parler d’eux, cher lecteur Ils ont fait des recherches sur des dizaines d’épisodes de crise financière et de défaut de dette souveraine tout au long de l’Histoire.

Dans le Financial Times, ils abordaient ce qui se passe après une crise financière. Qu’en pensez-vous ? Croyez-vous qu’on obtienne une "reprise" ? Les choses reviennent-elles à la normale ? La récession prend-elle fin rapidement et sans douleur ?

Pas du tout. Il ne se produit que rarement ce qu’on reconnaîtrait comme une "reprise". Les choses ne reviennent pas à la normale, parce qu’elles n’étaient pas normales avant la crise. Les crises sont causées par des conditions anormales — en général trop de crédit, trop de dettes, trop de dépenses et trop de spéculation. Ensuite, lorsque la bulle éclate, il faut généralement beaucoup de temps pour que l’économie se remette sur pied.

Durant les 10 ans qui suivent, le chômage reste généralement plus élevé qu’il ne l’était avant la crise.

Les taux de croissance sont généralement plus bas.

Et 10 ans après un effondrement de l’immobilier, les prix des logements sont généralement encore inférieurs au niveau où ils étaient lorsque la crise a frappé.

Et si les autorités se mêlent vraiment de la situation et essaient de renverser la tendance ? Dans ce cas, gare à vous !

▪ Nous avons lu un article sur la mort hier. Voici une question pour vous, cher lecteur. Préféreriez-vous vivre dans une économie récessionniste ou mourir dans une économie en plein boom ? Nous prendrions la récession. Probablement que la plupart des gens choisiraient la récession — ou même une dépression économique.

Il y a beaucoup de maladies incurables. Mais les gens dépensent des fortunes… et subissent des traitements très durs… dans l’espoir d’être la personne sur mille qui survivra.

De la même manière, les gens sont prêts à croire que le Dr Bernanke peut guérir ce dont souffre l’économie américaine. Nous ne le pensons pas. Parce que nous ne pensons pas que l’économie soit "malade". Nous pensons qu’elle est saine… et corrige enfin les erreurs de la Bulle époque.

Les grands économistes et les autorités ont cru, par exemple, qu’un problème de "liquidités" bloquait temporairement le flux de cash et de crédit. Ils pensaient que ce problème pouvait être résolu en rendant disponible encore plus d’argent. C’est pourquoi la Fed a acheté pour 1 400 milliards de dollars supplémentaires d’"actifs" douteux du secteur bancaire. Elle voulait s’assurer que les banques avaient de l’argent à prêter.

Eh bien, à présent, les banques ont abondance de liquidités. Les entreprises aussi sont riches de cash. Même les ménages recommencent à épargner.

Mais qui emprunte ? Qui dépense ? Qui achète de nouvelles maisons, par exemple ? Les ventes de logements neufs sont au niveau le plus bas jamais enregistré aux Etats-Unis.

Sur CNN : "le crédit est enfin disponible, mais personne n’en veut".

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