La Chronique Agora

Psychopathologies de la langue de bois

langue de bois

Notre président semble atteint d’accès de schizophrénie, notamment lorsqu’il doit gérer un discours en mode bilingue, avons-nous vu.

Parfois, des cas de phobie évoluent en schizophrénie.

Miraculeusement guéri de sa « phobie administrative », le patient zéro Thomas Thévenoud remporte la palme d’or du meilleur acteur toutes catégories. Espérons qu’il n’omettra pas de payer régulièrement pour maintenir sa marque…

Selon que l’on croit le micro allumé ou éteint, le discours varie

A moins que vous soyez récemment sorti d’un coma, vous ne pouvez pas avoir raté les propos tenus mi-février par Laurent Wauquiez, propos qui auraient prétendument été enregistrés à son insu alors qu’il s’exprimait en off à l’EM Lyon.

Le président des Républicains a notamment déclaré que :

« Si on veut que ce lieu soit un lieu de liberté, il faut que tout ce que je dise reste entre nous. Donc pas de tweets, pas de posts sur les réseaux sociaux, pas de transcription de ce que je dis. Sinon, ça peut tout simplement pas être un espace de liberté. Et ce que je vais vous sortir, ce sera juste le bullshit que je peux sortir sur un plateau médiatique« .

Est-il besoin de commenter ? Oui, ne serait-ce que pour préciser que Lydia Guirous, porte-parole des Républicains, a tout de même trouvé moyen de défendre le « franc-parler » et la franchise de son boss sur un plateau de télé. Bref, autant dire que ces gens-là ne reculent devant rien.

Rassurez-vous, ce genre de pitrerie n’est pas une exception culturelle française de plus. Face caméra, mais alors qu’il pensait que le matériel était éteint, l’ancien Premier ministre britannique David Cameron a reconnu que le Brexit « s’est révélé moins grave que nous l’avions imaginé », et que le fait que la Grande-Bretagne quitte l’UE « n’est pas une catastrophe ». Pendant la campagne, il avait laissé entendre tout le contraire.

Rétention d’information : selon que vous plairez ou non aux médias

Parfois, pour que les hommes politiques puissent se reposer, ce sont les médias qui s’amusent avec la vérité. En tant que diffuseurs privilégiés de l’information et décideurs des personnes qui ont droit au chapitre, leur poids dans le jeu politique est écrasant. S’il s’en trouve pour le nier (nous y reviendrons), il est en aussi pour l’admettre.

Début mars, Jean-Jacques Bourdin recevait Noémie Halioua, journaliste et auteur du livre L’affaire Sarah Halimi. Sarah Halimi a été tuée dans la nuit du 3 au 4 avril 2017, soit 20 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle. Quasiment un an plus tard, la juge d’instruction vient de retenir le caractère antisémite du meurtre. Pourquoi, un an plus tard ? Au micro de RMC, Noémie Halioua explique qu’à l’époque du meurtre, certains médias, au courant du caractère antisémite de ce crime, « ont préféré différer l’annonce » par « crainte que cet assassinat soit instrumentalisé par le Front national ».

Pour ce qui est de Jean-Jacques Bourdin, il endosse :

« Je voudrais au nom de toute l’équipe de RMC – et j’assume – nous excuser auprès du frère de Sarah Halimi qui a appelé RMC et à RMC, on n’a pas suivi l’appel. J’en suis désolé mais ça arrive, vous savez. Franchement, j’assume totalement ».

Bref, s’il vous arrive un drame terrible qui a le malheur d’être susceptible de bénéficier à un parti politique qui n’a pas les faveurs des médias, il faudra vous résigner à ce genre de conspiration du silence. Que voilà une excellente raison supplémentaire de rendre les médias plus indépendants du pouvoir politique en leur retirant toute subvention publique…

De la conspiration du silence au complot avoué

Comment évoquer la dernière élection présidentielle sans s’arrêter sur le cas Robert Bourgi, ce sulfureux avocat qui avait offert des costumes à François Fillon et qui s’est targué fin janvier d’avoir, euh… je vais lui laisser le soin de vous l’expliquer avec ses propres mots :

« Tu sais, Nicolas [NDLR : ça n’est pas moi, mais l’ancien président de la République], il [François Fillon] ne sera jamais à l’Elysée. Parce que je vais le niquer. J’avais ourdi le complot ».

Comme quoi, les complots, ça existe aussi dans la vraie vie. Et la sulfateuse peut parfois prendre l’aspect d’un ruban à couture.

Dictature tortionnaire : une question de point de vue ?

Il est difficile d’établir une hiérarchie dans la dégueulasserie mais il fallait bien choisir qui arriverait à la fin de ce classement.

C’est donc Anne Hidlago qui remporte la palme du sordide avec ce tweet à la gloire d’un bourreau communiste plus que jamais à la mode dans certains milieux :

« ¡Viva el socialismo y la tortura! », le futur mot d’ordre au fronton de la mairie de Paris ? On attend un hommage au jeune Staline, que la maire de Paris nous décrira peut-être un jour comme une icône hipster aux yeux de biche…

Excès de franchise…

Allez, comme cela m’ennuie de vous quitter là-dessus, je vous propose de terminer sur une note plus légère. L’anecdote vous amènera peut-être à conclure qu’à tout prendre, on préfère les excès de franchise aux autres troubles du langage de nos chers politiques.

Lorsqu’on est politicien, la règle numéro 1, c’est de serrer des mains. A ce jeu-là, les Français se souviennent que Jacques Chirac n’avait pas son pareil. Le problème, c’est que lorsqu’on a pris ce genre d’habitudes, on a vite fait de tomber dans l’excès de zèle, comme Martine Aubry.

Au moins la maire de Lille, par ses excès de franchise, confirme que quand un politicien de carrière vous tend la main, il faut parfois mieux passer votre chemin !

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