Un message perturbant du prétendu centre de l’univers…
« Et pourtant, elle tourne. »
~ Galilée
Giordano Bruno a peut-être pensé que c’était drôle… Peut-être pas.
Il était pendu par les pieds, tête en bas, nu, au Campo Fiori de Rome. C’était le 17 février 1600. Une foule s’était rassemblée pour regarder l’événement.
Il ne pouvait pas leur parler, même pour demander grâce. Sa bouche était bâillonnée, en raison de ses « propos maléfiques ». Des mots qui avaient été jugés hérétiques par l’élite du XVIème siècle. Ses opinions étaient contraires à la foi catholique, avaient-ils déclaré.
Par exemple, il doutait que le pain et le vin reçus lors de la communion étaient réellement le corps et le sang du Christ. Il a remis en question la virginité de Marie et l’idée de la trinité. Et il a soutenu tout au long de sa vie que les planètes tournaient autour du soleil, et non pas l’inverse.
Mais l’Eglise ne pouvait pas tolérer la dissidence ou le doute. Les deux avaient affaibli son emprise sur la société. Le roi Henry VIII d’Angleterre avait rompu les liens avec Rome. Martin Luther avait mené un mouvement réformiste dans le monde saxon. Et Galilée surveillait déjà attentivement les cieux à l’université de Padoue. Plus tard, menacé de subir le même sort que Bruno, Galilée a renié son hérésie et confirmé que la Terre était le centre de l’univers.
Une petite menace
Pauvre Bruno… Il était trop en avance sur son temps. Trop franc. Trop inflexible. L’histoire raconte qu’en Angleterre, il avait épié des « conspirateurs catholiques » en se faisant appeler « Henry Fagot ». Je me demande s’il a trouvé cela drôle d’avoir ensuite rôti sur un tas de fagots.
Ou bien s’il a trouvé cela gratifiant que, en partie à cause de son martyre, les générations futures ont préféré écouter les dissidents plutôt que de les brûler. Après tout, Bruno avait raison à propos des cieux. Peut-être avait-il raison sur d’autres choses également.
De nos jours, l’élite ecclésiastique ne représente plus une menace. Vous pouvez embrasser la foi ou laisser cela à d’autres. Mais il convient de ne pas ignorer l’élite profane qui nous dirige. Et ils accumulent du bois pour le bûcher.
La caste au pouvoir promet des miracles : éradiquer la pauvreté, le terrorisme, rendre tout le monde plus riche, obtenir plus d’égalité, contrôler la température de la terre. Mais jusqu’à présent, ils ont fait chou blanc. Leurs guerres n’ont pas rendu le monde plus sûr. Leur science est loin d’être au point. Leurs taux d’intérêt truqués ont engendré 300 Mds$ de dette au niveau mondial.
C’est le monde entier qui est désormais pris au piège. Il est impossible de revenir à la normale car la normalisation des taux d’intérêt provoquerait l’effondrement de toute l’économie mondiale. La seule issue possible est la fuite en avant : vivre avec une « taxe d’inflation » qui pousse à la hausse les prix des produits alimentaires essentiels, du logement, de l’énergie et qui fait planer le spectre du chaos, de la révolution et de la famine sur des millions de personnes.
Mais de plus en plus, « le peuple », comme Giordano Bruno, commence à remarquer les échecs des politiques publiques. Et de plus en plus, les élites veulent le faire taire.
« Ils nous rendent malades »
« C’est dommage », a regretté Elizabeth. « On dirait qu’ils ont eu l’idée qu’il ne fallait surtout pas avoir. »
Elle parlait des gens qui ont récemment rempli les restaurants étoilés de Davos et qui sont toujours aux commandes à Washington D.C. et dans les capitales des Etats de notre pays.
Elle voulait peut-être également parler des influenceurs, des décideurs, des responsables politiques, qui sont l’équivalent contemporain de l’élite catholique au pouvoir en 1600, et de tous ceux qui se préoccupent des propos du New York Times.
« Tous les progrès humains résultent du conflit, de la compétition, du débat », poursuit-elle.
« Même nos corps. Nous avons lutté contre les animaux, nous avons vaincu des bactéries et des virus. Les animaux sauvages ne nous attaquent presque plus. Mais nous sommes régulièrement attaqués par les insectes. Ils nous rendent malades mais nous en ressortons avec un système immunitaire renforcé.
Nos progrès matériels résultent de la concurrence entre les entreprises, chacune d’entre elles s’efforçant de trouver de meilleures façons de satisfaire le client et de gagner plus d’argent.
Le progrès technologique résulte de l’opposition, pas de l’obéissance. Les investisseurs et les innovateurs s’efforcent de trouver quelque chose de mieux, de différent. Les voitures sont venues concurrencer les calèches, les smartphones sont venus concurrencer les services postaux, le chauffage central a dû montrer qu’il était une meilleure solution que les feux en plein air.
Le progrès intellectuel est rendu possible grâce aux gens qui proposent des idées différentes et qui en débattent entre eux. Personne ne possède la vérité absolue et définitive. Et c’est notre capacité à rejeter les mauvaises idées (brûler des sorcières et des hérétiques, esclavage, haine, mythe du surhomme, etc.) qui nous permet de progresser moralement.
Sur le plan politique, nos progrès sont cruellement lents. Mais s’il n’y avait pas eu d’alternative, je suppose que nous serions tous en train de vénérer les pharaons et de poser des immenses blocs de pierre au milieu du désert de Mojave pour construire des pyramides à Los Angeles. »
Mal à l’aise
Elizabeth regrette le mouvement qui vise à interdire les idées qui nous mettent mal à l’aise. La civilisation progresse en réfutant les idées impopulaires, pas en les interdisant, soutient-elle. Et pourtant, de nos jours, des universitaires sont licenciés. Des discours sont annulés. Des sites internet sont désactivés. Des commentateurs sont censurés. Les opinions contraires sont verrouillées au motif qu’il s’agirait de désinformation.
L’idée est de créer un consensus, non pas au moyen d’un débat libre, mais en bloquant les opinions alternatives. Ceux qui ne suivent pas le mouvement sont étiquetés comme étant des suprémacistes blancs, des suppôts de la Russie, des négationnistes de la science ou comme étant tout simplement « déplorables ».
Elizabeth conclut :
« Les élites actuelles se comportent comme l’église catholique durant l’inquisition. Elles pensent détenir la vérité absolue et définitive, que la science est établie et que les opinions contraires n’ont pas leur place dans l’espace public.
Mais au moins, elles ne brûlent pas les dissidents sur le bûcher comme le fut Bruno. Du moins, pas encore… »