La Chronique Agora

Les promesses masquent les piètres résultats économiques

croissance économique

Le « rebond en V » a la vie dure : après une reprise rapide début 2021, l’essoufflement est désormais bien visible. Est-ce aussi temporaire que l’inflation ?

Jeffrey Snider, d’Alhambra Investments, et David Rosenberg, de Rosenberg Research & Associates, ne croient pas à la reprise et encore moins au retour durable de l’inflation des prix des biens et des services. Chacun pour des raisons différentes. Snider pour des raisons monétaires, Rosenberg pour des raisons plus économiques.

Vous savez que je pense plus ou moins la même chose, mais à partir d’un autre cadre d’analyse, fondé sur l’insuffisance du profit et la suraccumulation de dettes. Vous pouvez relire mon analyse en cliquant ici.

Snider et Rosenberg analysent en profondeur les données et démontrent à quel point elles sont faibles et trompeuses.

Il n’y a eu aucune bonne surprise dans les données du PIB américain publiées la semaine dernière.

Une croissance bien inférieure aux anticipations

Comme prévu, la production a fortement décéléré, manquant modestement des attentes pourtant très réduites. Le taux de variation annuel composé pour le troisième trimestre de 2021 par rapport au deuxième trimestre était inférieur à 2% (1,99591%) alors que les attentes les plus récentes étaient plus proches de 3%. Il y a seulement deux mois, à la mi-août, le consensus d’analystes Blue Chip évaluait la croissance trimestrielle à mieux que 7%.

Les estimations du PIB et les données sous-jacentes ne font qu’ajouter aux craintes concernant la croissance, craintes déjà illustrées sur les marchés obligataires par l’aplatissement de la courbe des taux d’intérêt. Les données plus fréquentes pointaient déjà de la même manière vers le sud.

Regardez le graphique ci-dessous : la courbe des taux 5/10 ans, en gris s’aplatit depuis les mois d’avril/mai.

Snider intitule d’ailleurs son commentaire « GDP Red Flag », « drapeau rouge pour le PIB ».

En termes réels, écrit Snider, le PIB du troisième trimestre reste inférieur de plus de 500 Mds$ à son niveau de référence pré-Covid (taux annuels), donc c’est un déficit important par rapport à ce niveau minimum de reprise.

Un économiste honnête effectue les comparaisons non par rapport aux trimestres précédents, mais par rapport à ce qui aurait dû se passer si les tendances antérieures n’avaient pas été brisées. On voit clairement le manque, le gap, sur le graphique ci-dessous, également fourni par Snider, du PIB US.

Ce qui devrait être le plus préoccupant, surtout dans ce contexte de « stimulus », c’est que cet énorme écart demeure malgré des niveaux historiques d’intervention gouvernementale et de la banque centrale.

Il devient très difficile pour la presse économique de cacher la situation réelle. Elle la signale, mais elle minimise ce qui se passe.

La catastrophe économique affecte tout le monde profondément. Si un républicain était président, c’est ce que la presse dirait. Nous n’entendrions rien d’autre, et à juste titre. Mais les médias veulent protéger Biden.

La production automobile US s’effondre

« L’économie américaine a connu des problèmes dans le secteur automobile au troisième trimestre », nous annonce Bloomberg.

En réalité, la production automobile est tombée d’une falaise, avec une chute de 41%, principalement en raison de la pénurie de puces. Puis cet effondrement a, à son tour, fait une énorme brèche dans le PIB. Sur une base annualisée, le PIB a grimpé d’à peine 2%. C’est pathétique, quand on considère le krach de 9,3% qui s’est produit l’année dernière et la « reprise en V » qui était annoncée.

A l’heure actuelle, juste pour compenser ce gâchis, vous auriez besoin d’une croissance constante de 5 à 8% juste pour récupérer ce que nous avons perdu.

Il semble pour l’instant que les pertes ne seront jamais rattrapées… Il y a d’énormes coûts invisibles là-bas, dans la technologie, l’éducation, l’art et la santé.

Les résultats n’étant pas au rendez-vous, on multiplie les promesses pour compenser :

La réalité, déflatée de la propagande, est sinistre : chaque fois que l’on croit isoler le problème qui freine la reprise et pénalise la production économique, au moins un autre apparaît. On bouche un trou et deux autres apparaissent.

Nous entendons des promesses que c’est temporaire. Nous les avons déjà entendues.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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