La nouvelle augmentation significative des tarifs de l’électricité reflète une tendance inflationniste durable, contrairement à ce que prône le gouvernement…
Cocorico ! L’inflation est enfin jugulée, foi de ministre de l’Economie. « Oui, la crise inflationniste est derrière nous, je vous le confirme », claironnait Bruno Le Maire le 7 novembre 2023.
Peu importe que la BCE craigne toujours officiellement un rebond de l’inflation. Peu importe que les citoyens subissent encore, lors de leurs achats du quotidien, une hausse des prix supérieure à 7% sur les denrées alimentaires. Peu importe que les pensions (+5,3% au 1er janvier 2024) et les salaires (+4,5% sur l’année 2023) tentent encore de rattraper les prix.
Pour nos dirigeants, la satisfaction reste de mise, et notre ministre confirmait le 8 janvier que « nous sommes sortis de la crise inflationniste ». Ce bel optimisme n’aura pas résisté à l’épreuve des faits plus de quinze jours. La semaine dernière, le gouvernement annonçait une nouvelle hausse des tarifs de l’électricité.
Dès le 1er février, les ménages et les entreprises verront leur facture d’électricité bondir une nouvelle fois, entre +8,6% et +9,8% pour les usages domestiques et +6,2% pour les professionnels.
Cette hausse ne fait pas que battre en brèche le discours déflationniste du gouvernement, elle est aussi contre-intuitive alors que tous les voyants énergétiques sont au vert en France comme en Europe.
En réalité, les consommateurs français et européens doivent intégrer que le prix de l’électricité va être durablement orienté à la hausse. La transition énergétique aura un effet inflationniste fort au moins jusqu’à la fin de la décennie. Elle conduira à une recomposition de notre paysage industriel, comme peuvent en témoigner les grands industriels allemands qui voient leur modèle d’affaires voler en éclats.
Qu’on le souhaite ou qu’on le déplore, nos dirigeants et nos énergéticiens se sont lancés dans cette transformation du mix énergétique à marche forcée.
Pour protéger votre épargne et votre pouvoir d’achat, il est crucial d’anticiper ses effets – et d’ignorer les discours teintés d’optimisme béat de nos dirigeants.
Pourquoi la baisse du prix du gaz ne nous sauvera pas
La crise énergétique suite à l’invasion de l’Ukraine a conduit à une hausse brutale de nos factures d’électricité. Structurellement, la hausse était justifiée dans la mesure où le marché manquait réellement d’électrons et qu’un mécanisme de réconciliation entre offre et demande était inévitable.
L’état déplorable du parc électronucléaire français et l’explosion du prix du MWh de gaz naturel, traditionnellement utilisé pour répondre aux pics de consommation, ne permettait en aucun cas aux énergéticiens de maintenir des prix de l’électricité aux niveaux de 2021.
Nous avons largement analysé les conséquences immédiates de cette pénurie d’électrons peu chers dans ces colonnes.
A plus long terme, cette crise a été l’occasion de remettre à plat les mécanismes de fixation des prix de l’électricité en France et en Europe. L’importance exagérée du coût marginal de production des MWh et les scandaleux transferts de richesse permis par l’Arenh, qui obligeait EDF à vendre à perte ses électrons à des revendeurs sans activité industrielle tangible, ont été remis en question – ce qui est une bonne chose pour les citoyens et les industriels.
Or les mêmes facteurs qui avaient joué à la hausse en 2022 auraient, intuitivement, dû jouer à la baisse depuis la fin d’année dernière.
Le prix du MWh de gaz naturel aux Pays-Bas, qui fait office de référence en Europe, a plongé largement sous les 30 €. La hausse brutale de 2022, qui l’avait vu passer de 39 € à 277 €, est ainsi largement effacée.
Dans le même temps, notre pays a remis en état de fonctionnement une grande partie de son parc de centrales nucléaires. La France est redevenue exportatrice nette d’électricité en 2023, et a même battu son record absolu de livraison d’électricité sur 24 heures le 2 janvier 2024, avec 393 000 MWh exportés.
Nous avons aussi vu, ces derniers mois, revenir les périodes durant lesquelles le prix spot de l’électricité tombe à 0 € en France.
Alors que la matière première est de plus en plus abondante et de moins en moins chère, pourquoi le prix final pour les consommateurs continue-t-il d’augmenter ?
La réponse tient en un mot : la fiscalité.
Demain, nous verrons pourquoi l’Etat a besoin de taxes.