La Chronique Agora

Prix du pétrole : êtes-vous prêt à être surpris ?

▪ C’est généralement la chose à laquelle on ne pense PAS qui prend le plus par surprise. Bien entendu, cette phrase est une tautologie. Ce que nous essayons de dire, c’est que notre pire ennemi, dans un marché baisser, c’est la complaisance. Pour éviter des pertes superflues, il faut vous forcer à penser aux choses auxquelles vous ne pensez pas !

Qu’est-ce que les gens ont tous oublié ? Ou encore, à propos de quoi sont-ils devenus complaisants ? Eh bien, nous n’oserions jamais parler au nom de tous. Mais en ce qui nous concerne, nous avons réalisé ce matin à quel point nous étions devenu complaisant concernant la guerre qui fait rage au Moyen-Orient entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Et elle empire de jour en jour.

Vous ne verrez probablement pas la guerre civile en Syrie décrite comme une guerre entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, mais c’est exactement ce qu’elle est. C’est une répétition du scénario qui se déroule dans la région depuis le début du Printemps arabe, lorsque Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu en Tunisie en décembre 2010. Les régimes autoritaires (autrefois soutenus par les alliés américains et européens) ont disparu et laissé un vide gouvernemental que se disputent les Sunnites, les Chiites et d’autres groupes.

▪ Pourquoi le pétrole n’a-t-il pas réagi plus tôt ?
Il y a cinq ans, tout signe d’insurrection civile dans le monde arabe suffisait à faire grimper le prix du pétrole. La prime « géopolitique » du pétrole a largement contribué à sa hausse vertigineuse vers les 145 $ en 2008. Il y a eu ensuite la combinaison de la crise financière et la dégringolade de la croissance. Les prix du pétrole se sont mis en chute libre.

Ils se sont un peu remis depuis. En fait, les récentes évolutions des cours ont attiré notre attention. Le prix spot du Brent a grimpé de 15% depuis la fin juin. Le Brent est régulièrement survendu depuis un mois. Pour ce que ça vaut, le prix quotidien est repassé au-dessus de sa moyenne 50 jours, ce qui est habituellement un signe haussier.

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Ce que nous voulons dire, c’est que le prix du pétrole bouge à nouveau. Ce n’est pas dû à des prévisions de croissance haussières dans les grandes économies mondiales. La hausse du Brent pourrait-elle être le premier signe que la guerre qui bouillonne entre l’Arabie Saoudite et l’Iran pourrait déborder en Syrie ?

Eh bien, tout dépend si vous acceptez notre idée que la plupart des conflits au Moyen-Orient et dans le monde arabe peuvent être considérés comme une guerre par procuration entre des pays qui cherchent la suprématie régionale/impériale. Les pays les plus susceptibles d’essayer d’obtenir de l’influence grâce aux changements de régimes sont l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Turquie. Maintenant que l’attention stratégique des Etats-Unis est ailleurs (en Asie Pacifique, par exemple), le Moyen-Orient est à prendre. Pour l’instant, les conflits sont cachés… mais ils pourraient vite éclater au grand jour.

▪ Guerre contre l’Iran : pas pour tout de suite…
Tout cela n’est que spéculation. Nous nous rappelons avoir écrit sur la probabilité d’une guerre entre les Etats-Unis et l’Iran il y a près de 10 ans. C’est un marronnier bien connu à la télévision, qui permet de sortir un couple d’analystes militaires à la retraite pour jouer à la guerre. Les traders parlent toujours de ce qui arriverait au prix du pétrole sur l’Iran fermait le détroit d’Ormuz (l’étroit passage par lequel voyage la majeure partie des exportations pétrolières du Moyen-Orient).

Les Etats-Unis ne veulent pas — et ne peuvent pas se permettre — une guerre ouverte avec l’Iran. C’est la conclusion à laquelle nous sommes parvenu ces dernières années. Le sabotage industriel par le biais de logiciels (Stuxnet et Flame) est la nouvelle arme de choix dans ce conflit. Etant donné cela, nous sommes devenus complaisant quant à la possibilité d’un conflit armé entre les Etats-Unis et l’Iran. Cela semble extrêmement improbable, ou au moins difficile à imaginer dans les circonstances actuelles.

Les circonstances en question, ce sont les élections présidentielles aux Etats-Unis. Cela signifie que les Etats-Unis vont calmer leurs alliés dans la région, pour les empêcher de créer des problèmes… le genre de problèmes qui peuvent faire soudain grimper les prix du pétrole. Les Etats-Unis ne veulent pas de guerre… du moins pour l’instant.

On pourrait également dire que les Etats-Unis n’ont pas besoin d’une nouvelle guerre pétrolière. La combinaison des forages horizontaux et de la fracturation hydraulique a déverrouillé de gigantesques réserves d’énergie auxquelles les Etats-Unis ne pouvaient pas accéder auparavant. Gaz de schiste, schistes bitumineux… pétrole offshore… tout cela rend le Moyen-Orient moins important pour les Etats-Unis, économiquement et géopolitiquement.

Cela fait naître toutes sortes de questions intéressantes sur la direction de la politique étrangère américaine — mais nous allons les laisser de côté. Notre argument, aujourd’hui, c’est que ce qui est pratique et désirable pour les Etats-Unis pourrait n’être ni pratique ni désirable pour les Saoudiens ou les Iraniens (ou les Russes et les Chinois). Les marchés sont obsédés par la politique monétaire et les déficits budgétaires. C’est dans de tels moments qu’on a le plus de chance d’être pris au dépourvu par un conflit que l’on avait complètement oublié.

Au passage, n’oubliez pas que le Qatar est un allié saoudien dans la mesure où il arme les « rebelles » libyens et syriens. Le Qatar est aussi le plus grand exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL). La chose à retenir, pour un investisseur, c’est que le conflit interne au Moyen-Orient est un important aiguillon pour l’exploration énergétique et la production non-conventionnelle partout dans le reste du monde. De l’offshore d’Afrique de l’Est au Cooper Basin, la technologie des champs pétroliers a libéré le monde de la dépendance pétrolière au Moyen-Orient.

En fait, si la situation continue de s’aggraver en Syrie, ou si un conflit se déclare dans le golfe Persique, cela ne fera que renforcer la tendance émergente : il faut trouver et produire sa propre énergie… ou une énergie provenant de régions qui ne sont pas au beau milieu d’une guerre de religion majeure.

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