La Chronique Agora

La prévisible augmentation des impôts en 2022

impots

Augmenter les impôts avant l’élection présidentielle serait du suicide politique… Donc la hausse attendra l’été 2022. Il est toutefois déjà possible de deviner qui sera visé.

Comme nous l’avons vu hier, les dépenses publiques vont rester importantes l’an prochain. Les prévisions officielles tablent sur 55,6% du PIB, avec un déficit à 4,8% et une dette à 114%. La question du financement de la dette et du déficit sera immanquablement celle de la fiscalité pour le prochain quinquennat.

Nous soulignons que l’affaire devrait concerner le prochain quinquennat car, soucieux de sa réélection, Macron prend bien soin de n’envoyer que des signaux positifs sur le sujet des impôts, pour l’instant. Ainsi, le projet de loi de finances confirme-t-il que le taux d’impôt sur les sociétés sera bien réduit à 25% en 2022 « afin de converger vers la moyenne européenne avec un effet direct sur l’investissement à long terme ».

Il faut en revanche regarder avec plus d’attention les « petites mesures » fiscales qui sont prises pour « simplifier » la réglementation. Par exemple : « Le Gouvernement propose en PLF 2022 de supprimer six nouvelles dépenses fiscales inefficientes et trois dispositifs fiscaux dérogatoires, ainsi que quatre taxes à faible rendement. » On sait combien ce genre de déclarations d’intention peut se révéler dangereux à l’usage.

Le PLF pour 2022 marche sur des œufs

On notera seulement ici la plus symbolique d’entre elles : la suppression de « l’exonération d’impôt sur les sociétés des bénéfices réalisés, au cours des 24 mois suivant leur création, par les sociétés créées entre le 1er juillet 2007 et le 31 décembre 2021 pour reprendre une entreprise ou des établissements industriels en difficulté ».

On peut penser que ce dispositif décrié par l’inspection générale des finances était peu efficace. Il souligne en tout cas la faible attention que Bercy porte à la reprise d’entreprises en difficulté par des entreprises françaises.

Globalement, le PLF 2022 marche donc sur des œufs dès lors qu’il s’agit de fiscalité. C’est de bonne guerre. Il ne faut cependant avoir aucun doute sur le fait qu’il s’agit d’une pause avant une tempête qui se déchaînera à partir de l’été prochain.

Une fois un nouveau président (ré)élu, une fois une nouvelle majorité installée à l’Assemblée nationale, la suite sera sans surprise et sans concession : il faudra serrer la vis, comme Biden le fait aux Etats-Unis après les énormes cadeaux offerts sous forme d’helicopter money.

Ces impôts qui augmenteront après la présidentielle

Les initiés savent déjà quels impôts seront augmentés en 2022 : ceux qui concernent l’épargne et les successions ! Le rapport Tirole-Blanchard remis à Emmanuel Macron en juin 2021 a pris le temps d’énumérer toutes les mesures qui seraient prises en ce sens. On peut d’ores et déjà en énumérer les principales : suppression des avantages fiscaux de l’assurance-vie en matière de successions, suppression des abattements en tous genres, et autres raffinements.

Il ne faut pas ignorer la tendance à l’internationalisation (et même à la mondialisation) fiscale, constatée sur la question de l’impôt sur les sociétés pour lequel le G7 a décidé d’un taux minimal d’imposition. Progressivement, les politiques fiscales font l’objet d’une intégration au moins multilatérale, et la France ne restera probablement pas à l’écart de ce mouvement.

La politique menée par Biden montre un vrai appétit pour le relèvement de l’impôt sur les « plus riches », à commencer par l’impôt sur les revenus du capital. Selon toute vraisemblance, Bercy ne se fera pas prier pour calquer cette politique et pour en adopter les mesures les plus désagréables en France.

On pense ici à un durcissement de la fiscalité des plus-values pour les entrepreneurs, particulièrement les entrepreneurs en société par actions simplifiée (SAS), qui devraient être rapidement dans l’œil du cyclone. Initialement, il était en effet prévu que leur statut soit fusionné avec celui de dirigeant de SARL (fiscalité comprise). Mais la période étant peu propice à la pression fiscale, même déguisée, la mesure a été mise sous le tapis. Il est très probable qu’elle réapparaisse à l’été 2022.

L’hypothèse plausible du Great Reset monétaire

En embuscade de cette hypothèse d’une pression fiscale accrue, une autre théorie mérite d’être méditée et prise en compte, sans que nous ne puissions nous prononcer sur sa vraisemblance aujourd’hui. C’est celle du grand jubilé de la dette, aussi appelée Great Reset monétaire.

Dans cette hypothèse, les banques centrales prendraient prétexte de l’extrême dégradation des dettes publiques pour pratiquer une réinitialisation monétaire. Elles supprimeraient l’essentiel de la monnaie fiduciaire (les billets) pour la remplacer par des monnaies numériques dont elles auraient le contrôle intégral.

Par contrôle intégral, il faut comprendre qu’elles auraient la faculté de savoir à n’importe quel moment où se trouve n’importe laquelle des unités monétaires émises, et qu’elles auraient la faculté d’en arrêter la circulation.

Cette formulation abstraite dissimule en réalité un glissement autoritaire majeur de nos sociétés : l’argent pourrait être confisqué, taxé, dévalué à chaque instant par les autorités monétaires, sans que les citoyens ne puissent y échapper, ni rechercher des valeurs refuges. Ce projet pourrait être mis en place en Europe dès 2025. Il est déjà testé en Chine.

Il ne faut pas exclure que la dégradation mondiale des comptes publics ne conduise à une annulation brutale des dettes des Etats (qui correspondent majoritairement à des créances privées…) et à la reprise en main de la création monétaire par des institutions étatiques sous haute surveillance.

L’euro numérique est prévu pour 2025

Dans cette hypothèse, l’ensemble des liquidités serait menacé et risquerait de voir sa valeur réduite à néant. Ces liquidités seraient en effet brutalement démonétisées, et une nouvelle forme d’économie se mettrait en place.

Quel crédit ajouter à cette théorie désormais largement répandue ? Une date est à retenir : la BCE n’imagine pas pouvoir mettre en place l’euro numérique avant 2025. Si cette révolution monétaire rime réellement avec jubilé de la dette, il vous reste donc trois ans, en tout et pour tout, pour réorienter votre mix patrimonial et limiter les dégâts autant que faire se peut.

D’ici là, retenez que la mondialisation pourrait très bien s’accommoder d’une répartition des richesses où « l’égalité » régnerait en dehors de quelques grandes fortunes transnationales. La survie des « vieux » patrimoines n’intéresse guère les entrepreneurs des nouvelles technologies.

Toutes ces évolutions posent la question de l’évolution de votre mix patrimonial. En effet, si vous disposez aujourd’hui d’un patrimoine à forte composante monétaire, placé en assurance-vie, vous risquez de vivre quelques désagréments dans les 30 ou 40 mois à venir, du fait de la fiscalité galopante et de la dévaluation monétaire, voire de la démonétarisation de l’économie.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile