L’écart entre les banques traditionnelles et les néo-banques donne plus l’impression de s’accroître que de se resserrer. Aujourd’hui, des banques fintechs se lancent dans les cryptomonnaies.
Revolut : la première fintech qui permet d’acheter des cryptomonnaies ?
Revolut a abondamment communiqué sur le fait que ses clients allaient pouvoir accéder à plusieurs cryptomonnaies. Les articles issus de la presse financière expliquent par exemple :
« Vous pouvez donc dès à présent acheter, vendre et régler vos achats en bitcoin, en ethereum ou en litecoin directement via l’application ou la RevolutCard. Ces monnaies viennent ainsi s’ajouter aux 25 devises déjà disponibles« . (billetdebanque.fr)
Ou encore :
« Toute l’opération sera réalisée en 30 secondes, faisant de Revolut le moyen le plus simple et le plus rapide d’acheter et de vendre des cryptomonnaies« .
Le site francetransactions.com relaie également ces propos de Benjamin Belais, directeur général France chez Revolut, qui n’hésite pas à avancer la chose suivante :
« Malgré l’ampleur de la demande, s’exposer aux cryptomonnaies est un processus long et cher. Nous avons donc décidé de les rendre disponibles au plus grand nombre, en offrant un accès plus simple et plus rapide que sur toute autre plateforme. […] En autorisant nos utilisateurs à acheter, conserver et vendre des cryptomonnaies de manière fluide, nous restons fidèles à notre réputation d’innovation et de disruption du monde de la finance ».
Qu’en est-il vraiment ? Sur le web francophone, c’est sur le site de référence bitcoin.fr que vous trouverez la réponse. Dans un billet du 7 décembre, la rédaction met les points sur les i :
« Cette offre intéressante cache cependant une restriction de taille : il ne sera pas possible d’envoyer les bitcoins ainsi acquis vers une adresse externe ni d’en recevoir sur Revolut depuis une adresse bitcoin. Comme certains commentaires le signalent sur Reddit, Revolut ne permet donc pas encore de vendre et d’acheter de véritables bitcoins, mais plutôt un token interne indexé sur le prix du bitcoin et qui ne pourra être échangé qu’au sein de la plateforme ».
C’est effectivement ce que confirment plusieurs messages postés par l’équipe de Revolut sur le forum communautaire de la société :
Lewis Tuff, lead engineer de Revolut, avait en fait officialisé la position de la fintech dès le 21 août 2017 dans un billet publié sur medium. Outre le fait qu’il était très clair au sujet des limites présentées par cette nouvelle offre, l’ingénieur précisait que « Revolut espère pourvoir supporter les transferts externes dans un futur proche ».
L’innovation apportée par Revolut permet certes de démocratiser les cryptomonnaies… mais à ce jour, cela se fait dans le cadre d’un réseau complètement centralisé, soit à l’opposé de l’usage que l’on peut espérer faire des cryptomonnaies.
Il me semble bien dommage pour le monde des cryptos et pour la crédibilité de la néo-banque que son équipe dirigeante française tienne un discours aussi éloigné de celui de son équipe technique. Cette stratégie rappelle celle des wagons d’entreprises opportunistes qui ont accolé la mention « .blockchain » au nom de leur marque pour surfer sur la vague alors qu’elles ont à peine un orteil dans l’eau.
Hush : la première néo-banque pour laquelle les cryptomonnaies sont « au cœur du modèle »
Dans un précédent article, j’ai brièvement évoqué Hush, le projet de banque mutualiste qui permet de gérer ses cryptomonnaies. Ce nouveau schéma de banque mobile d’Eric Charpentier, le fondateur de Morning, est immatriculé au Luxembourg.
Le site crypto-analyse explique que « l’objectif principal est de permettre à des détenteurs de cryptomonnaies de stocker leurs pièces dans un portefeuille sécurisé, et de les échanger contre des euros en fonction de leurs besoins personnels. Les utilisateurs auront un contrôle total sur les fonctionnalités de configuration lors du retrait ou du transfert de fonds, que ce soit en monnaie fiduciaire ou en cryptomonnaies ».
Quelle différence avec portefeuille « traditionnel » du type Ledger Nano S, qui vous permet d’être votre propre banque ?
Eh bien, grâce à Hush, vos cryptos (Bitcoin, Litecoin, Ether et Dash, dans un premier temps) seront détenues aux côtés de vos comptes en devises qui disposeront d’un IBAN et donneront droit à une carte bancaire. Cela rendra par exemple plus pratique la gestion de vos cryptos et de votre cash avec les plateformes d’échange. Il est à noter que l’ouverture d’un portefeuille de cryptos chez Hush ne sera pas pour autant requis pour devenir client.
La banque disposera de son propre jeton (USH) qui devrait être mis sur le marché à 0,7 € lors de son ICO qui se déroulera jusqu’au 16 mars. Eric Charpentier espère lever 10 M€ pour ensuite effectuer une demande d’agrément en tant qu' »établissement de paiement européen ».
Grâce à ses USH, la banque récompensera sa communauté de clients au travers notamment d’opérations de parrainage (programme Hush Ambassador). Pour les clients, le paiement de l’abonnement en USH donnera lieu à une réduction de 50%.
Car la crypto-banque facturera à ses clients un abonnement mensuel de 9,90 €. Eric Charpentier précise : « par contre, cet abonnement est la seule somme demandée aux utilisateurs : à l’inverse des banques traditionnelles, nous ne facturons pas les frais de rejet ou envois de courriers postaux par exemple ».
On espère que la multitude d’autres frais relatifs aux opérations bancaires sera également non facturée ! Réponse lors du lancement de Hush en octobre 2018…
Hush parviendra-t-elle à faire de l’ombre à Revolut, son principal concurrent à ce jour ? Eric Charpentier explique :
« Notre différence avec Revolut est que les cryptomonnaies sont au coeur de notre modèle. Tout notre projet est basé sur ces monnaies virtuelles dont nous voulons démocratiser l’usage ».
Que le meilleur gagne ! Mais ces jeunes pousses parviendront-elles faire face à l’arrivée de véritables mastodontes ?
Michael Novogratz va-t-il tuer le game ?
Le nom de Mike Novogratz est bien connu dans le milieu des cryptos. Cet américain a bâti sa fortune en tant que gérant de hedge fund, ce qui lui a permis de devenir milliardaire en 2007 après avoir dans un premier temps été partner chez Goldman Sachs. En 2017, il a révélé qu’il détenait 20% de sa fortune en bitcoins et en ethers.
Malgré le krach qu’ont subi les cryptos en ce début d’année, on apprenait le 7 février que « Novo » venait de lever autour de 250 M$ non pas sous forme d’ICO mais de manière privée (on ne connaîtra donc pas les noms des investisseurs), en vue de créer la plus grosse crypto-banque au monde.
Si vous doutiez du fait que les cryptomonnaies ont de l’avenir, vous pouvez constater que certains gros investisseurs qui préfèrent rester anonymes n’ont aucun doute à ce sujet !
[NDLR : Intéressé par l’investissement en crypto… mais sans savoir par où commencer, quoi acheter et comment investir ? Toutes les réponses sont ici – claires, détaillées… et profitables.]