Au Trésor US aussi bien qu’à la Fed, on pense avoir tous les outils (et toute l’expérience) pour faire face à l’inflation croissante. Le problème, c’est qu’on se trompe d’inflation… et donc de combat. Gare au krach…
Nous constatons que de nouveaux signes d’inflation apparaissent. Voici ce qu’en dit le Wall Street Journal :
« Les Américains, accoutumés à des années de faible inflation, commencent à payer des prix nettement plus élevés pour les biens et services, alors que l’économie redémarre à grand peine et que la pandémie s’éloigne.
Selon NielsenIQ, les prix des biens de consommation – des aliments transformés aux produits pour lave-vaisselle – ont augmenté de deux chiffres par rapport à l’année dernière. Les congélateurs et les lave-vaisselle de Whirlpool Corp. et les produits pour pelouses et jardins de Scotts Miracle-Gro Co. sont également plus chers, selon les entreprises. Certains consommateurs ont du mal à joindre les deux bouts. »
L’inflation ? On gère !
Ne vous inquiétez pas. Jerome Powell, à la Réserve fédérale, et Janet Yellen, au Trésor US, nous assurent tous deux que l’inflation n’est pas une grande affaire.
La Fed « imprime » encore 120 Mds$ par mois… pour tenter de contrer la menace d’une « inflation basse ».
Selon Powell, la santé économique de la nation n’est pas menacée par l’inflation mais bien par son absence… c’est-à-dire par des chiffres de l’indice des prix à la consommation (IPC) inférieurs à 2%. Il pense que des prix stables inhibent la croissance, d’une manière ou d’une autre.
Quant à Yellen, elle est d’avis que les autorités peuvent faire face à tout ce qui pourrait arriver. Voici ce qu’elle a annoncé avec confiance lors d’un événement organisé par le Wall Street Journal :
« Je ne pense pas qu’il y aura de problème inflationniste. Mais s’il y en a un, on pourrait compter sur la Fed pour s’en occuper. »
Eh bien, voilà qui règle la question, en ce qui nous concerne. Il n’y a pas de souci à se faire. Il n’y a pas d’inflation. Et si, hypothétiquement, il y en avait, la Fed l’écraserait sans difficulté.
Mme Yellen sait de quoi elle parle : elle était à la tête de la Fed.
Simple exercice intellectuel
Mais… juste au cas où – non que nous doutions de Mme Yellen… ou que nous critiquions la Fed – par simple exercice intellectuel, pour notre propre amusement…
… Et si tous ces gens n’étaient pas vraiment des champions ? S’ils étaient plus qualifiés pour jouer en National 3, voire en Régional 1 ?
Avant que tombent les derniers chiffres de l’emploi US, Mme Yellen a suggéré que les taux d’intérêt devraient peut-être grimper pour contenir la hausse de l’inflation des prix, provoquée par une reprise solide. Plus précisément, elle a affirmé qu’elle s’inquiétait d’une « surchauffe », quoi que signifie ce terme.
Ensuite, lorsque les actions ont commencé à chuter, elle est revenue sur ses paroles, informant les spéculateurs qu’elle ne pensait pas vraiment ce qu’elle disait. En l’espace de moins de 24 heures, elle a déterminé que l’économie était pile à la bonne température, en fin de compte.
Interprétation erronée
Elle a dû pousser un soupir de soulagement vendredi dernier : les chiffres de l’emploi US, mauvais, montraient clairement que l’économie ne chauffe pas ; elle se refroidit.
Ouf ! Voilà qui soulage un peu la pression pesant sur Yellen et Powell, contraints de « gérer » le sujet de l’inflation…
… Mais seulement en y appliquant une interprétation erronée de la nature de l’inflation – ce que tant Mme Yellen que M. Powell souhaitent faire.
Tous deux veulent gagner le match… mais ne savent pas jouer.
Ils pensent que l’inflation est purement cyclique, causée par une hausse de la demande dans une économie en expansion. (Ils pensent aussi pouvoir provoquer une expansion de l’économie en faisant semblant – c’est-à-dire en gonflant la masse monétaire pour que la demande réelle paraisse augmenter.)
Sauf qu’on n’est pas dans une inflation cyclique naturelle ; elle est systémique. Elle n’est pas nourrie (du moins pas entièrement) pas le cycle économique.
Elle est causée par l’homme… par les deux illustres joueurs eux-mêmes – Yellen sur le banc budgétaire de la Maison Blanche… tandis que Powell dirige l’équipe monétaire de la Fed.
L’équipe budgétaire dépense. L’équipe monétaire imprime.
Et toutes deux continueront jusqu’au coup de sifflet final… lorsque la partie sera perdue.