La Chronique Agora

Le pouvoir affiche sa corruption et prospère

Tandis que les puissants se moquent des règles et s’enrichissent au grand jour, la Fed imprime, les banques spéculent, et le peuple paie l’addition.

Nous entrons dans un nouveau monde, un monde post-hypocrisie, post-honte. Oubliez les faux-semblants. Désormais, la corruption, le trafic d’influence, le meurtre, le vol, la vulgarité, tout cela se fait au grand jour.

Tom Nichols rapporte :

« Le secrétaire de presse de la Maison-Blanche a répondu à une question sérieuse d’un journaliste – à propos de l’organisation d’une rencontre entre les présidents américain et russe – par un laconique : ‘C’est ta mère qui l’a fait.’ Le secrétaire à la Défense a supprimé les politiques de diversité et d’inclusion en déclarant : ‘On en a fini avec ces conneries.’ Le vice-président a insulté un internaute sur les réseaux sociaux : ‘Connard.’ Et le président des Etats-Unis, face à des manifestations de masse contre ses politiques, a publié une vidéo générée par IA où il pilote un avion de chasse au-dessus de ses concitoyens… et leur jette des excréments dessus. »

Quel genre de pays est-ce donc ? se demande Nichols.

Nous ne le savons pas. Mais notre domaine, c’est l’argent – alors restons-en là. Et pour gagner de l’argent aujourd’hui, il faut miser sur la famille Trump et ses projets favoris.

Voici les dernières nouvelles rapportées par The Washington Post :

« Un rapport de l’organisation de défense des consommateurs Public Citizen révèle que plus de la moitié des entreprises ayant fait des dons au clan Trump ont fait ou font actuellement l’objet de mesures coercitives fédérales pour des actes présumés répréhensibles : pratiques de travail déloyales, tromperie des consommateurs, dégradation de l’environnement. »

Un conflit d’intérêts ? Bien sûr. Mais c’est là que réside l’essence du monde post-hypocrite : un monde où tout se dit, tout se montre, tout s’assume. Après tout, le rôle du gouvernement semble désormais être de redistribuer la richesse et le pouvoir – non plus du haut vers le bas, mais du peuple vers les riches et les puissants.

Et les investisseurs avisés veulent, naturellement, se trouver du bon côté de cette transaction.

Hier, nous évoquions déjà la dégradation des normes publiques. Richard Nixon était passé à la télévision nationale pour dissiper les soupçons d’actes répréhensibles. Aujourd’hui, il y en a tant qu’on ne peut même plus les compter.

Et il ne s’agit plus seulement de quelques milliards de dollars ou de la réputation de la famille du président : c’est l’avenir de tous qui est en jeu.

Notez que la Fed a abaissé ses taux d’intérêt la semaine dernière. Après ajustement pour l’inflation, les banques membres empruntent désormais à moins de 1 %. Officiellement, la mesure vise à stimuler l’économie en facilitant le crédit. Mais comme on l’a vu, ces baisses de taux n’aident guère l’économie réelle – celle où vivent, travaillent et consomment la majorité des gens.

Depuis le début du siècle, les « mesures de relance » se sont multipliées ; les taux réels de la Fed sont restés négatifs pendant près de dix ans. Et pourtant, la croissance du PIB n’a pas accéléré — elle a ralenti.

Ce qui, en revanche, a explosé, ce sont les prix des actifs financiers. Les grandes banques empruntent à la Fed à des taux dérisoires, puis injectent ces fonds dans l’économie de Wall Street, pas dans celle de Main Street. Elles spéculent, s’octroient des commissions colossales, et s’enrichissent.

Pendant que 40 % de la population dépend du programme SNAP ou des banques alimentaires, les riches, eux, s’enrichissent plus que jamais.

Selon NewsBytes :

« Les 10 milliardaires américains les plus riches ont vu leur fortune collective augmenter de 698 milliards de dollars en un an, selon un rapport d’Oxfam America. L’étude souligne comment les politiques, tant républicaines que démocrates, ont contribué à creuser le fossé entre riches et pauvres. Entre 1989 et 2022, les 1 % les plus riches ont accumulé 101 fois plus de richesse que les ménages médians. »

Ces gens sont-ils devenus, soudainement, plus intelligents ou plus productifs ? Non. Ils se trouvent simplement du bon côté du système.

Les êtres humains ne sont pas pires qu’avant : ni bons, ni mauvais, simplement influençables. Et ce qui nous influence tous aujourd’hui, c’est un système monétaire aisément exploitable par ceux qui en tiennent les rênes.

Alors, si les Trump prennent un milliard ici, un milliard là, qui s’en soucie ? Mais quand la Fed baisse ses taux tout en laissant le taux d’inflation – à 3 % (ou plutôt 10 %, selon nos estimations), ce sont les consommateurs qui paient. Les prix montent. Les épargnants s’appauvrissent.

Sur la dette publique américaine actuelle, cela représente entre 1 000 et 4 000 milliards de dollars subtilisés, d’une manière ou d’une autre.

Et les droits de douane ? Encore un transfert de richesse – des classes moyennes vers les classes dirigeantes. Les consommateurs paient davantage à chaque achat. Un coût insignifiant pour les riches, mais lourd pour ceux qui vivent au jour le jour. Le taux global tourne autour de 17 %. Avec des importations d’environ 3 500 milliards de dollars, cela équivaut à un transfert supplémentaire d’un demi-billion de dollars – du public vers l’Etat fédéral, ses donateurs et ses causes favorites.

Nous ne savons pas encore où tout cela nous mènera… Mais une chose est sûre : nous allons boucler nos ceintures, fermer nos ordinateurs portables, et nous préparer à nous faire escroquer.

En 1849, les chercheurs d’or se sont ruinés… Samuel Brannan, lui, s’est enrichi. En 2025, l’histoire s’apprête à se répéter. Dépêchez-vous !

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