La Chronique Agora

Du pouvoir d’achat sur le dos des autres ?

pouvoir d'achat - consommation

Les avertissements sur le thème du « trop de dettes » se multiplient mais pas la conclusion qui s’impose : trop de crédit et trop d’Etat providence.

La Banque des règlements internationaux y va elle aussi de son avertissement dans son dernier rapport trimestriel : « l’économie mondiale est vulnérable et les banques centrales ne sont pas prêtes ».

Après le couplet devenu banal de « trop de dettes », la BRI note :

« Des taux plus bas dopent la demande et augmente les niveaux d’emploi et d’investissements à court terme. Mais la plus forte prévalence de zombies qui en résulte conduit à une mauvaise allocation des ressources et pèse sur la croissance de la productivité. Si cet effet est suffisamment important pour réduire la croissance, cela pourrait déprimer les taux encore plus ».

Mmmm…

Si vous lisez les deux premières phrases, vous vous demandez pourquoi les banquiers centraux veulent à tout prix contrôler les taux d’intérêt puisque baisser les taux nourrit les zombies à long terme.

Si vous lisez la troisième phrase, tout devient encore plus obscur puisqu’on comprend qu’une baisse de croissance pousse encore plus les taux à la baisse.

En réalité, tout s’explique si vous considérez que l’argent n’existe presque plus que sous forme de crédit (donc de dette).

Autrefois, lorsque ceux qui avaient de l’argent à protéger craignaient une crise, une récession et les vagues de faillites que cela entraîne normalement, ils retiraient leur argent des banques, stockaient de l’or ou des billets. Les taux d’intérêt augmentaient car les banques n’avaient plus assez de dépôts à prêter. Les zombies faisaient faillite et l’activité économique repartait d’un bon pied.

Désormais, la bancarisation étant obligatoire, la seule façon de mettre son argent à l’abri est d’acheter de la dette d’Etat (Treasury du trésor américain, Bund allemand, OAT française) réputée sûre. Face à cette demande, les taux d’emprunt des Etats baissent et les gouvernements peuvent subventionner les zombies en prétendant soutenir l’économie.

Le problème de l’argent gratuit…

Le problème de l’argent gratuit, qui tombe du ciel sous forme de subventions, est qu’il est immoral. Lorsque vous obtenez quelque chose en échange de rien, vous en voulez toujours plus puisque ça ne vous coûte aucun effort.

C’est vrai pour les subventions aux entreprises et c’est aussi vrai pour les allocations versées au ménages, censées doper le pouvoir d’achat. Les assurances chômage s’étaient initialement mises en place pour alléger les effets d’une crise et d’une purge nécessaire pour ceux qui étaient en première ligne.

Puis les banques centrales se sont mises à contrôler les taux et se sont employées à les faire baisser depuis des décennies. Puis les allocations en tout genre se sont multipliées, ce qu’en France les gouvernements appellent « redistribution » ou « mesures pour le pouvoir d’achat », ce qui est bien différent des filets sociaux adaptés aux situations de crise.

Le budget 2019 du gouvernement actuel joue sur du velours dans ce domaine. Dans un sondage paru dans Le Figaro, seul 38% des gens pensent qu’il est prioritaire de réduire les dépenses publiques. Si 79% pensent qu’il faut réduire les dépenses de l’Etat, seulement 8% pense qu’il faut réduire le nombre de fonctionnaires et 4% les dépenses sociales ! Enfin, 73% sont favorables à une nouvelle diminution de leur taxe d’habitation.

En somme, ce que veulent les Français c’est toujours autant d’allocations et de fonctionnaires et moins d’impôts. Cherchez l’erreur…

Le jour de libération fiscale est tombé le 27 juillet 2018 en France. A ce rythme là, il devrait encore reculer en 2019.

Les zombies se multiplient, toujours plus exigeants…

Mais un jour, le système va se gripper. Il ne restera plus que la dette dont tout le monde s’apercevra soudain que personne ne peut la rembourser. Alors, soit les taux monteront et il faudra organiser un jubilé. Soit il faudra dissoudre les dettes dans l’inflation.

Stupéfaction : on découvrira alors que le pouvoir d’achat pris sur le dos des autres était factice et malhonnête.

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