La Chronique Agora

Pourquoi le retour à la normale n’est pas pour demain

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L’inflation « transitoire » reste persistante alors que les investisseurs sont à la recherche de la prochaine catastrophe…

Nous avons vu beaucoup de rouge sur les écrans de trading ces derniers temps. Notamment après la publication des derniers relevés d’inflation, qui ont été pires que prévu.

Rappelez-vous que nous ne sommes que dans la toute première phase de ce que nous croyons être un désastre en plusieurs étapes, comme un embouteillage sur une autoroute aux heures de pointe par une matinée brumeuse.

Après la Bulle époque, créée par messieurs Greenspan, Bernanke, (Mme) Yellen et Powell, est venue celle de l’inflation des prix à la consommation. Nous y sommes encore. Bloomberg :

« L’indice des prix à la consommation, hors alimentation et énergie, a probablement augmenté de 6,5 % par rapport à l’an dernier.

Le rapport prévoit que la Fed poursuivra sa lancée sur la voie d’une forte hausse des taux en novembre.

Une mesure clé de l’inflation américaine, prévue jeudi, devrait revenir à un niveau record de quatre décennies, soulignant les pressions générales et élevées sur les prix qui poussent la Réserve fédérale vers une nouvelle hausse importante des taux d’intérêt le mois prochain. »

Et voici CNBC, avec les dernières informations sur les prix de vente en gros :

« L’augmentation des prix de gros a été plus importante que prévu en septembre malgré les efforts de la Réserve fédérale pour contrôler l’inflation, selon un rapport publié par le Bureau of Labor Statistics.

L’indice des prix à la production, une mesure des prix que les entreprises américaines obtiennent pour les biens et services qu’elles produisent, a augmenté de 0,4% pour le mois, en comparaison avec l’estimation de Dow Jones pour une hausse de 0,2%. En 12 mois, l’indice des prix à la production a progressé de 8,5%, ce qui représente une légère décélération par rapport aux 8,7% enregistrés en août. »

La prochaine catastrophe

Les chiffres de l’inflation garantissent que nous resterons dans cette phase de déflation de ce désastre au moins un peu plus longtemps. Puis, quelque chose va lâcher. Il pourrait s’agir d’un important fonds de pension, comme Calpers, avec 500 Mds$ d’actifs. Il pourrait s’agir d’une institution financière de Wall Street, comme BlackRock, avec 8 500 Mds$ d’actifs. Ou ce pourrait être une grande entreprise contrainte à la faillite en raison de l’augmentation des taux d’intérêts à payer.

Plus la Fed reste sur la bonne voie – pour mettre fin à l’inflation –, plus nous nous rapprochons du « pivot », lorsqu’un choc financier l’empêchera d’avancer.

Les grandes questions sont les suivantes : quand la Fed fera-t-elle volte-face ? Et que se passera-t-il alors ?

La plupart des gens pensent que la Fed reviendra bientôt à la normale – ce qui, pour eux, signifie une hausse des cours des actions, avec une inflation modérée.

Peut-être est-ce juste notre imagination qui nous joue des tours. Mais nous remarquons une grande différence entre la façon dont les jeunes perçoivent la situation et la façon dont les personnes plus âgées le font. Toute personne de moins de 60 ans n’a aucun souvenir adulte d’un monde financier autre que celui que nous connaissons depuis 1980. Ils pensent que tout cela est normal. Et, une fois cette crise incontrôlée terminée, avec volte-face de la Fed, ils pensent que les choses reviendront au « normal » qu’ils ont connu.

Mais la période 1980-2020 ne peut en aucun cas être qualifiée de « normale ». Est-ce normal que les cours des actions soient multipliés par 36 – comme l’a fait le Dow entre 1982 et 2021 ? Est-ce normal que les rendements obligataires réels chutent de 20% pour atteindre des valeurs négatives ? Est-ce normal que la Fed « imprime » plus de nouveaux billets en 18 mois qu’elle ne l’avait fait en près de 100 ans… ou que le gouvernement américain multiplie sa dette par 30… alors même que les coûts de portage (paiements d’intérêts) diminuait ?

Retour vers le futur

Nous pourrions continuer la liste. Ce spectacle est plus effrayant que n’importe quelle représentation du cirque de Barnum et Bailey – des sociétés zombies, des cryptos loufoques, des valorisations de milliards de dollars pour des entreprises sans moyen plausible de gagner de l’argent.

Et pourtant… pour tant d’investisseurs inexpérimentés… c’était la vie sur Terre – les choses ont toujours été ainsi… les choses fonctionnent ainsi… et cela sera toujours le cas. Ils pensent que les actions augmentent toujours « sur le long terme ». Oui, il peut y avoir des ventes totales ou partielles de titres, admettent-ils, mais un portefeuille équilibré d’actions et d’obligations sera toujours financièrement intéressant.

Peut-être. Mais pas forcément tout au long de votre existence.

Un retour aux années 1980 s’impose… et vous devez analyser la situation en termes d’argent réel – d’or – pour comprendre quelle est la véritable définition de la « normalité ».

Si vous aviez acheté des actions à la fin des années 1920, vous auriez obtenu toutes les actions du Dow 30 en échange de 16 onces d’or. Puis, en 1933, vous auriez perdu 90% de votre argent… et vous auriez attendu encore 26 ans pour vous refaire.

Oui… les prix évoluent par cycles… mais ce sont des cycles longs.

La même chose s’est produite dans les années 1960. L’inflation pesait alors sur l’économie, comme elle le fait maintenant. Puis, un courtier en valeurs mobilières vous aurait dit la même chose que ce qu’il vous dirait aujourd’hui – « ne vous inquiétez pas du timing du marché ; choisissez juste les bonnes entreprises et tenez bon ».

Si vous aviez possédé des actions au milieu des années 1960, vos actions du Dow 30 auraient valu jusqu’à 24 onces d’or. Ensuite, il a fallu 15 ans pour que le marché atteigne son point culminant, en 1980… et vous auriez connu une baisse de 93%.

Alors, qu’auriez-vous fait ? Vous auriez attendu encore 17 années pour atteindre le seuil de rentabilité. Au total, si vous aviez acheté des actions à l’âge de 40 ans en 1965, vous auriez fêté vos 72 printemps en 1997… sans un sou de plus-value pour célébrer cela.

Mais imaginez que vous ayez suivi les conseils de votre courtier… et que vous ayez suivi la tendance. Aujourd’hui, vous auriez 97 ans. Et au lieu d’actions valant 24 onces d’or, comme cela était le cas en 1965, celles-ci vaudraient 17 onces ! Félicitations, vos actions ont perdu 30% de leur valeur au cours des 57 dernières années (à l’exclusion des dividendes).

Existe-t-il un meilleur moyen de s’enrichir ? Peut-être.

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