Un marché de la carotte où l’on ne vous donne que des navets : tel est le marché de l’or actuellement – et c’est pour une raison toute simple…
L’époque dite moderne est une phase de l’Histoire dans laquelle les hommes prennent les vessies pour des lanternes. Ils confondent les signes avec les choses elles-mêmes.
Les signes ne sont pas les choses. Les signes sont censés désigner les choses, en vertu d’un acte de pouvoir qui décrète : ceci équivaut à ceci. Par exemple le pouvoir actuel vous dit, contre toute évidence, qu’un homme est une femme.
Le pouvoir, si vous y réfléchissez, est toujours en dernière analyse celui de tracer des équivalences. La justice en est l’exemple classique : un meurtre équivaut à 15 ans de prison. Ou la démocratie, où on vous fait croire que voter pour une chambre de godillots nommés par Emmanuel Macron constitue une représentation nationale.
C’est un des ressorts de notre société et de son ordre que de faire confondre les signes avec le réel !
Le réel est limité
Normal : le réel est limité, rare, mortel – alors que les signes sont infinis, illimités et à profusion.
Vous comprenez donc que le monde des signes est par construction un mensonge : il trace entre le fini et l’infini des équivalences qui n’en sont pas.
A qui profite l’écart entre le monde des signes et le monde réel ? A ceux qui font la loi des équivalences !
Ainsi, ils ont dit qu’un contrat entre une banque et vous – contrat qui comporte en haut le mot « or » – est équivalent à la détention d’or… et que font-ils ? Quand vous achetez de l’or, ils refusent de vous en délivrer physiquement et vous donnent à la place un certificat.
Hélas, ce certificat n’a pas de répondant or physique : c’est une promesse que nul ne peut tenir car il y a plus de promesses émises que d’or physique disponible.
Vous voyez l’arnaque et l’exploitation de l’écart entre les signes et le réel ?
L’or n’est pas un marché libre
Le marché de l’or n’est pas un marché libre, c’est même le contraire de ce que l’on peut appeler un marché.
Que diriez-vous d’un marché de la carotte si, quand vous en demandez, on vous livre des navets !
Aujourd’hui, quand vous voulez acheter de l’or, on vous donne du papier. L’or est rationné comme tout ce qui n’est pas à son prix, personne ne l’a encore compris.
C’est en effet le marché le plus réprimé depuis la dérégulation financière. Si l’or n’avait pas été réprimé, il n’y aurait pas eu de possibilité de financiariser et de déréguler pour créer plus de crédit. L’or aurait agi comme la statue du Commandeur dans Don Juan.
L’or est le marché le plus réprimé puisqu’on peut alimenter l’offre face à la demande… en créant du papier !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]