La Chronique Agora

Pourquoi la "bulle de l'or" va résister

▪ La relique barbare au rancard !
Souvenez-vous… Vous êtes parti en juillet, l’or en pleine déprime à 1 160 $ l’once : -7,4% en un mois en dollar et -12% en euro.

"La relique barbare au rancard", criait la foule extatique après les stress tests bancaires européens. Des analystes prédisaient l’agonie, voire la mort, de l’or. La "bulle ultime", selon Soros, allait enfin éclater.

▪ Septembre, l’or scintille
L’once a pulvérisé les 1 300 $, à 1 314 $ actuellement. Soit 960 euros. La foule déprime : de mauvaises statistiques américaines et une anémique croissance du deuxième trimestre revue à 1,6%. Pourtant, les bons du Trésor atteignent des sommets.

Pourquoi diable les gens s’arrachent-ils des créances d’un pays qui s’enfonce dans la léthargie économique et imprime de la monnaie à tout va, vous demandez-vous ?

Votre prof d’économie du lycée vous disait que lorsque l’offre augmente les prix baissent. En deux ans, les Etats-Unis ont émis pour 3 300 milliards de dollars d’obligations supplémentaires : l’offre a monstrueusement grossi. Les rendements obligataires baissent et les titres du Trésor américain s’arrachent pour 14% plus cher. Pas logique, tout ça…

En attendant, la publication des allocations du fonds de ce cher Soros, dénonciateur de la bulle de l’or à Davos l’hiver dernier, montre que la relique barbare pèse 13% de ses actifs, soit la plus grosse part. Signal haussier !

▪ L’or, toujours flic des monnaies
Avec la crise, l’or, auparavant réduit à l’état de vulgaire matière première, retrouve son statut de flic monétaire. Les variations de son cours reflètent cette crise, et nous sommes dans une situation indécise.

Votre prof d’économie vous dirait : inflation ou déflation, ou hyperinflation ou stagflation ; personne ne sait encore ce qui va l’emporter.

▪ Les banques centrales arrivent rarement à leurs fins
Partons du principe (historiquement prouvé) que les banques centrales arrivent très rarement à leurs fins. Elles veulent éviter la déflation en prétendant maîtriser l’inflation. Supposons une catastrophe : la déflation, avec un nouveau krach boursier. Les investisseurs vendraient alors de l’or pour éponger des pertes, et le cours pourrait revenir à 850 $, niveau de 2008.

Si la déflation ne se produit pas, nous aurons de l’hyperinflation ou de l’inflation à deux chiffres. Dans ce cas, l’or pourrait exploser bien au-dessus de 2 500 $ l’once.

La plupart des gens sérieux (inutile de chercher chez les économistes, regardez plutôt chez les investisseurs gourous) pensent que nous aurons de la déflation, rapidement suivie par une inflation galopante.

▪ Une chose est sûre : le stop de Beijing vous protège
Le stop de Beijing est l’un des événements récents les plus intéressants. Arrivé à un certain niveau de prix — 1 000 $ l’once –, l’or trouve immédiatement acheteur… en Asie.

Le gouvernement chinois vient de libéraliser son marché intérieur de l’or. Il entend pousser ses citoyens vers cet actif, actuellement jugé moins risqué que les actions ou l’immobilier. Le taux d’épargne des Chinois est considérable.

Le stop de Beijing empêche ainsi l’or de dévisser au-dessous de 1 000 $, les acheteurs chinois se bousculant à ce seuil pour "acheter à bon compte".

▪ Ultime catastrophe possible : un krach en Chine
Les investisseurs chinois ne soutiendraient plus l’or et le stop de Beijing volerait en éclats, la déflation deviendrait mondiale. Alors, tôt ou tard, les milliers de milliards de dollars et d’euros imprimés nous reviendraient en boomerang. La Chine n’aurait plus aucune raison de soutenir nos monnaies. Ce serait l’hyperinflation…

▪ L’or : votre assurance tous risques
N’oublions pas : notre motif principal pour placer des liquidités en or (notez bien qu’il ne s’agit pas d’investir mais de placer) se fonde sur le principe que le pire est à venir. Il s’agit d’une assurance.

La bulle de l’or de 1980-1981 a éclaté lorsque Volcker a poussé les taux de la Fed à 14% pour contrecarrer une inflation galopante. Il sera temps de vendre votre or lorsque l’ordre monétaire reviendra.

Nous en sommes loin.

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