La Chronique Agora

Pourquoi la Chine a besoin de l’Australie

▪ Il est dit que le XXIe siècle sera asiatique ou ne sera pas. Mais les choses sont devenues bien compliquées, vous ne trouvez pas ? Les Etats-Unis sont-ils vraiment finis ? La Chine peut-elle libéraliser sa devise sans détruire son système bancaire ?

Nous avons vu que le gouvernement australien avait demandé un livre blanc sur le sujet. Franchement, ça nous rend nerveux. Rien de mieux qu’un « livre blanc »pour signaler qu’une idée est inintéressante et démodée. Et peut-être qu’en fin de compte, le siècle ne sera pas du tout asiatique. Toute l’histoire a peut-être un gros défaut.

Dans les bureaux australiens de la Chronique Agora, nous sommes d’avis que la Chine n’est pas en position — que ce soit du point de vue monétaire, économique ou militaire — pour assumer le rôle d’hégémonie mondiale.

Nous avons pris quelques jours de vacances la semaine dernière — ce qui nous a donné le temps de réfléchir aux choses dans un contexte plus large. Nous le recommandons vivement. On ne réalise pas la quantité de cellules grises occupées par des sottises tant qu’on ne s’en est pas éloigné. Donnez à votre cerveau la place de respirer… et lisez quelques livres intéressants : c’est une excellente manière de stimuler un peu ses neurones.

▪ Intérêts économiques contre géopolitique
En parlant de stimulation, voici une anecdote qui en dit long. Le deuxième plus grand fabricant d’équipement téléphonique au monde a été interdit de participation à la construction du réseau broadband australien. L’entreprise s’appelle Huawei, un nom à consonance plutôt chinoise.

Huawei a été fondée en 1987 par Ren Zhengfei, membre de l’Armée de libération populaire. Le gouvernement australien n’a pas ouvertement admis qu’il s’inquiétait de ce qu’Huawei est un instrument du parti communiste chinois… et que son implication dans le développement d’une infrastructure de télécommunications pourrait être une menace pour la sécurité nationale. Mais on peut imaginer que ce genre de choses a circulé lorsque les micros étaient éteints.

Pour les Chinois, ce sera un nouvel exemple de la manière « injuste » dont les investissements chinois sont traités en Australie. Cette histoire est très représentative de la situation actuelle — et pour les années à venir. Dans le cas présent, l’Australie ne veut pas faire affaire avec Huawei parce qu’elle considère l’entreprise comme un représentant du gouvernement chinois et un instrument potentiel de cyber-espionnage ou de hacking. Mais on ne peut pas vraiment dire ça en public à propos de son principal partenaire commercial… si ?

Les politiciens australiens seraient probablement soulagés si leurs conversations avec la Chine ne concernaient que l’énergie. Quoi qu’il arrive au système monétaire — et aucune des prévisions n’est terriblement positive –, l’économie mondiale (même si elle se contracte) a toujours besoin d’énergie. En fait, la destruction du capital sous-jacent au système bancaire occidental rend la course aux actifs tangibles comme l’énergie encore plus urgente. L’Australie s’en tire bien, dans ce contexte.

On y trouve actuellement huit grands projets de gaz naturel liquéfié (GNL) mobilisant 180 milliards de dollars d’investissements. L’Australie est en passe de devenir le plus grand exportateur de GNL de la planète.

La relation énergétique entre l’Australie et la Chine est assez claire. L’Australie en a… et la Chine en a besoin. C’est la relation géopolitique entre les deux pays qui est compliquée.

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