La Chronique Agora

Pour vos métaux précieux, il y a aussi l’Australie ou Dubaï

Suite de notre tour d’horizon 2020 des meilleures destinations pour stocker ses métaux précieux. Après la Nouvelle-Zélande, R.P. Stöferle et M. J. Valek, nos deux guides touristiques de chez Incrementum AG, nous font visiter l’Australie et Dubaï.

Hier, nous avons vu que la Nouvelle-Zélande ne présente a priori aucun point faible pour ce qui concerne la stabilité politique, économique et fiscale, le respect des libertés financières individuelles et le respect du droit de propriété.

Quid de sa « grande sœur » australienne pour le stockage de votre or ?

Zoom sur le Commonwealth d’Australie

Bienvenue sur la plus grande île du monde ! Comparée à la Nouvelle-Zélande et ses 268 680 km², l’Australie fait figure de mastodonte avec ses 7,7 millions de km². Si cela ne vous parle pas trop, dites-vous qu’on est pas très loin du double de la superficie de l’Union européenne.

Il ne faut cependant pas s’y tromper puisque l’intérieur du pays (l’« outback ») est très largement désertique et inhabité.

L’essentiel de l’histoire australienne se déroule plutôt sur l’axe Melbourne-Sydney-Brisbane.

Au final, le rapport entre les populations néo-zélandaise et australienne n’est que de 1 à 5 : 5 millions de Kiwis pour 25 millions de Wallabies.

Sur le plan politique, l’Australie est elle aussi une monarchie parlementaire membre du Commonwealth. On ne sera donc pas étonné que Stöferle et Valek (S&V) évoquent « des institutions fortes et dignes de confiance ».

L’Australie n’a pas pour autant fait un sans-faute sur le plan du respect de la propriété privée. Le pays figure en effet sur la liste des pays qui ont réquisitionné l’or de leur population. « En vertu de la loi bancaire de 1959, le gouvernement australien a saisi l’or de ses citoyens en échange de paiements en monnaie de papier », rappellent S&V.

Cependant, l’Australie a depuis entrepris un vaste mouvement de libéralisation de son économie, et selon les explications de S&V :

« Cette loi a été suspendue en 1976. Aujourd’hui, des règles strictes sur la ségrégation de l’or dans les entrepôts de stockage privés les exemptent de la loi de 2017 sur le renflouement des banques, en vertu de laquelle le gouvernement pourrait, en cas de crise, exercer des pouvoirs importants sur les banques. »

Depuis la récession de 1974, l’économie australienne s’est portée comme un charme puisqu’elle a échappé aux récessions de 1997, 2001 et 2008, alignant 27 années de croissance depuis 1993 !

Cette performance incroyable repose sur une énorme richesse en ressources naturelles, une population multiculturelle très instruite et un solide Etat de droit, lequel n’est endetté qu’à hauteur de 40% de son PIB (contre un peu moins de 20% pour la Nouvelle-Zélande).

Les Australiens bénéficient du 10ème niveau de PIB par habitant le plus élevé au monde (53 825 $/an) et le pays se classe en 6ème position de l’indice de développement humain des Nations unies (la France figurant quant à elle en 26ème position).

Sur le plan géopolitique, l’enjeu principal du point de vue du gouvernement australien consiste à garder un équilibre entre son alliance avec les Etats-Unis et son intégration économique croissante avec l’Asie de l’Est et du Sud-Est, son plus grand partenaire commercial étant la Chine.

Un secteur minier prépondérant, et des standards parmi les plus élevés au monde en termes de stockage de métaux précieux

En matière d’activité minière, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ne jouent pas dans la même cour. Quand la Nouvelle-Zélande n’extrait que 10 tonnes d’or par an, l’Australie en produit 315, ce qui en fait le deuxième producteur mondial derrière la Chine.

Volumes de production minière en 2018 selon le Conseil mondial de l’or

Au niveau des réserves existantes, il a été démontré que le pays regorge encore de 10 070 tonnes d’or, soit 18% des réserves souterraines identifiées au niveau mondial. Au total, ce sont 71 exploitations minières qui sont en cours. Outre les 315 tonnes produites annuellement, l’Australie importe 112 tonnes de métal jaune en vue de le raffiner.

Alors que l’exploitation minière se fait majoritairement dans l’Outback et dans l’Australie de l’ouest, les activités de raffinement sont concentrées à 90% à Perth ou à proximité, avec la fameuse Perth Mint.

Vous vous doutez au vu de tels chiffres que le secteur minier est un facteur clé de la croissance australienne.

L’ampleur de cette activité implique d’excellentes infrastructures et des standards tout simplement les plus élevés au monde en matière de livraison et de stockage de métaux précieux, ce qui fait globalement de l’Australie « un excellent endroit où stocker de l’or physique en sécurité », selon S&V.

Dubaï… en bref !

Je ne vais pas m’éterniser sur la dernière possibilité que nous proposent S&V cette année. Dubaï présente certes un gros avantage à son actif, mais tant sa situation géographique que son régime politique disqualifient à mes yeux cette option.

Dubaï est en effet une monarchie constitutionnelle héréditaire et autocratique : en deux mots, le droit de cet émirat est un mixte entre charia et quelques influences de common law, héritage de la colonisation britannique (les Britanniques ont quitté le pays en 1971).

Depuis 2004, le monarque en place a certes œuvré dans le sens de l’émancipation de l’émirat vis-à-vis du voisin Saoud au profit d’un partenariat stratégique avec les Etats-Unis. Il n’en reste pas moins que Dubaï, et plus largement les Emirats Arabes Unis (EAU), restent inéluctablement pris en tenaille entre l’Iran et l’Arabie saoudite – de charmants voisins s’il en est.

Il est cependant incontestable que les Emirats Arabes Unis, et Dubaï en particulier, sont le centre financier du Moyen-Orient et ne manquent pas d’ambition.

Dubaï est en particulier parvenu à devenir une place de marché majeure dans le monde de l’or, puisqu’elle gère 25% du trading mondial sur le métal jaune. En 2002, l’état dubaïote a d’ailleurs renforcé sa position avec la création du Dubai Multi Commodities Center (DMCC) et mène clairement une politique pro-or, avec par exemple l’exemption de fiscalité sur les métaux précieux et l’instauration d’un standard Dubai Good Delivery sur les barres d’un kilo ayant vocation à s’échanger sur son Dubai Gold and Commodity Exchange.

Il faut d’ailleurs lui reconnaître une tradition historique en la matière puisqu’au XIXème siècle, Dubaï était sur la route du commerce de l’or entre l’Iran et l’Inde. L’émirat accueille aujourd’hui le plus grand entrepôt de stockage du Moyen Orient et S&V estiment que la cité-Etat « pourrait devenir la plus grande place de stockage d’or au XXIème siècle. »

Voici leur opinion globale à ce sujet :

« La confiance dans les institutions financières est importante, mais la proximité physique l’est tout autant. De nombreuses personnes vivent et travaillent aux Emirats Arabes Unis et souhaitent stocker leur or à proximité. La proximité physique vis-à-vis de leur or peut leur permettre d’oublier que la tradition des coffres-forts est assez récente aux EAU. Ces derniers n’ont en effet vu le jour qu’après la Deuxième guerre mondiale. »

Vous avez compris que pour le coup, je ne partage pas complètement leur opinion. Il n’en reste pas moins que, comme pour toutes les questions ayant trait à la gestion de patrimoine, le choix du lieu de stockage dépend de votre situation et de vos préférences personnelles.

Dubaï pourra être envisagée dans la mesure où vous avez des liens professionnels ou familiaux forts avec les EAU. Dans les autres cas de figure, d’autres candidats, parmi ceux évoqués cette année mais également parmi ceux présentés l’année passée, me semblent plus appropriés.

N’oubliez pas enfin que, comme personne ne sait de quoi demain sera fait et que la solution parfaite n’existe pas, la diversification doit aussi faire partie de votre stratégie.

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