Par Simone Wapler (*)
Les gérants des meilleurs fonds ont réduit la voilure
En regardant ce que font les meilleurs gérants de fonds, on s’aperçoit que ceux-ci sont actuellement investis au minimum de ce que leur permettent leurs statuts. Ils sont aussi au maximum de leur couverture. Warren Buffett, mythique gérant du fonds Berkshire Hathaway, a connu en 2008 sa pire année depuis ses débuts en 1965. La part a perdu 30% et la valorisation du fonds 10%, soit une broutille de 11,5 milliards de dollars.
Même en 2001, sa contre-performance avait été meilleure avec une perte de seulement 6,2%. Buffett a commis une erreur : celle de revenir trop tôt. Dans sa traditionnelle lettre publiée en mars dernier, le sage d’Omaha explique à ses actionnaires qu’il ne faut pas s’attendre à une hausse en 2009 mais plutôt à une dégradation des résultats, donc de la valorisation de la part du fonds.
Buffett bat sa coulpe concernant 2008. Il regrette d’avoir pris des participations dans ConocoPhillips, alors que le pétrole était à son plus-haut. Il regrette d’avoir investi dans deux banques irlandaises qui ont depuis perdu 90% de leur valeur. Pour Goldman Sachs, General Electric et Wrigley, il ne regrette rien…
Buffett fait partie d’une petite cohorte
Il existe mieux que Warren Buffett. Ainsi, le Britannique Neil Woodford, du fonds Invesco Perpetual Income : la part a perdu 11,6% cette année, contre 26,8% pour l’indice Footsie. Alors, mauvais, Warren ? Ou gâteux ? Pas vraiment. Pendant l’année 2008, le Standard & Poor’s a dévissé de 37% et la moyenne des fonds de couverture de 20%. Souvenez-vous que seul un gérant sur 10 fait mieux que l’indice qu’il est censé battre.
Ce sont les conclusions de Jeffrey Busse, professeur de finance de la Goizueta Business School d’Atlanta, qui a passé au crible les performances des gérants sur 40 ans. Ses conclusions : "Ils font montre d’un peu d’habileté dans la façon de choisir le bon secteur sur lequel se placer. Mais, quant à choisir la bonne action dans ce secteur, les gérants ne sont pas bons." Et ne croyez pas qu’ils excellent dans le timing. En pratique, "certains sont tellement gros qu’ils n’essaient même pas de vendre au bon moment."
Privilégiez les secteurs et les trackers ou fonds indiciels
Pourtant, ces gens-là sont des professionnels qui passent leur temps à chercher les meilleures valeurs cotées, sont épaulés par des équipes de recherche et d’analystes techniques. On comprend dès lors tout le mal qu’éprouve l’investisseur particulier à bien choisir ses actions. A MoneyWeek, nous sommes convaincus que l’allocation par secteurs reste le point le plus important.
En second lieu, nous préférons nous placer sur des trackers, ou fonds indiciels, qui se contentent de répliquer un indice sectoriel avec des frais réduits. Au moins a-t-on la garantie que, pour moins de 1% de frais, on ne fera pas moins bien que l’indice de référence. Et c’est donc déjà mieux que ce que font neuf gérants sur 10.
Tout au long de l’automne 2008, nous vous avons conseillé les liquidités, l’or et les fonds bear — des fonds indiciels qui permettent de transformer la baisse d’un indice en plus-value. Cette stratégie reste à l’ordre du jour.
Même les fonds souverains ne prévoient pas de revenir en Bourse en 2009
Selon une étude du cabinet Financial Dynamics, certains fonds souverains envisageaient au début de l’année de rapatrier la trésorerie disponible de leurs portefeuilles internationaux pour l’investir dans leur pays d’origine, afin d’aider à stabiliser et à relancer leur économie domestique.
Il est vrai qu’ils ont dû être échaudés par quelques prises de participations dans les banques des pays riches, notamment UBS, Barclays… En ce début d’année, aucun des gérants de fonds souverains interrogés par Financial Dynamics ne jugeait les valorisations actuelles attrayantes. Ces fonds gèrent plus de la moitié des 50 000 milliards de dollars que possède l’ensemble de cette catégorie.
Ils estimaient que le Brésil, la Chine et certains pays d’Amérique centrale étaient les plus attrayants pour leurs investissements. "Nous sommes prêts à revenir en force sur le marché, mais pas avant plusieurs mois, étant donné que nous sommes certains que les prix vont encore baisser", déclarait un des dirigeants. "Les valorisations pourraient toucher un plus bas vers la fin de cette année", déclarait un autre.
Si les fonds souverains, qui ont de l’argent, s’abstiennent de revenir sur les marchés occidentaux, pourquoi l’investisseur particulier rentrerait-il ?
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.