▪ La flambée de la Bourse de Tokyo lundi matin (+2,75% et jusqu’à +3,1% à la mi-journée) a surpris beaucoup de gérants. En effet, bon nombre d’entre eux ne jurent que par l’économie chinoise et son vaste marché intérieur — tandis que celui de l’Empire du Soleil Levant se contracte inexorablement avec le vieillissement de la population nippone.
Nous devons avouer que l’évolution de l’indice Nikkei 225 ne figurait pas en tête de nos priorités hier matin. Nous avions plutôt les yeux braqués sur la Bourse de Shanghai qui rouvrait après une semaine complète de congé, en l’honneur du Nouvel An chinois et des bruyantes célébrations qui accompagnent l’avènement de l’année du Tigre.
Nous avons très été surpris qu’il ne se passe pas grand-chose sur la principale place du continent asiatique : l’indice SSE s’est replié de 0,5%, préservant pour le symbole le seuil des 3 000 points. Le début de l’année du Buffle n’avait pas été très spectaculaire mais la Bourse de Shanghai avait tout de même gagné 1% (à 2 000 points tout rond) avant de s’envoler de 20% entre le 3 et le 17 février, jusque vers 2 400 points.
La Bourse de Hong Kong semblait afficher de meilleures dispositions, avec une hausse de 2,45%. Cela ne faisait toutefois qu’effacer une partie des pertes de vendredi (-2,55%) ; la performance sur les quatre dernières séances écoulées (c’était férié les 15 et 16 février dans l’ancienne colonie britannique) reste négative de 0,75%… alors que les places occidentales ont repris entre 3% à Wall Street et 4% en moyenne en Europe.
▪ Nous demeurons convaincu de l’aspect précurseur de l’évolution des indices asiatiques. Cependant, nous devons admettre qu’à très court terme, et comme nous l’indiquions déjà lundi, c’est bien le baril de pétrole qui préfigure la tendance des indices boursiers de part et d’autre de l’Atlantique depuis le 12 février dernier.
Il y a l’atonie de la demande occidentale, même si quelques intempéries ont pu entretenir un courant acheteur à New York depuis le début du mois. Il faut également constater la fermeté persistante du dollar, baromètre du phénomène d’aversion au risque. Compte tenu de ces facteurs, nous espérons que le retour du pétrole au-dessus des 80 $ n’est que le symptôme d’achats de précaution en rapport avec des craintes des tensions internationales, notamment au Proche-Orient, alors que les Etats-Unis se livrent à un intense ballet diplomatique pour isoler l’Iran (il ne resterait plus qu’à convaincre la Chine… mais la toute récente visite du dalaï-lama à Washington ne va pas leur faciliter la tâche !).
Les avoirs de certains militaires de haut rang qui chapeautent les « gardiens de la Révolution » ont été gelés sur le sol américain. Beaucoup d’investisseurs ont encore en mémoire les propos d’Hillary Clinton tenus lors d’une visite au Qatar la semaine dernière et qui qualifiait l’Iran de pays dérivant vers une dictature militaire.
Mais peut-être nous alarmons-nous pour rien : la hausse du pétrole pourrait aussi bien résulter d’un simple arbitrage au détriment de l’euro, après avoir été justifiée durant plus de neuf mois par une défiance viscérale (et toujours justifiée) envers le dollar…
▪ Il y a tout de même un élément qui ne colle pas bien avec cette interprétation : le rebond du métal précieux au lendemain même de l’annonce de la vente du reliquat de 191 tonnes (sur 204) du FMI.
La hausse de l’or — alors que les taux longs se tendent à 3,85% aux Etats-Unis — nous intrigue, même si nous n’avons de cesse de répéter que les acquéreurs potentiels ne manquent pas. La transaction représenterait aujourd’hui un montant de sept milliards de dollars, presque une « opération pièces jaunes » à l’échelle de la Chine ou de l’Inde, ou encore de certains Emirats du golfe Persique épargnés par l’éclatement de la bulle immobilière chez leur voisin de Dubaï.
Nous restons persuadé que la progression simultanée de l’or noir vers 80,5 $ et de l’or jaune jusque vers 1 130 $/once ne sont pas un signe de confiance dans l’économie mondiale.
Cela dit, vous constaterez facilement qu’il existe une sorte de saisonnalité très porteuse pour le métal précieux depuis trois ans. Il a inscrit des plus hauts annuels — ou au minimum de très beaux sommets moyen terme — fin février 2007, 2008, 2009… et maintenant 2010, la barre des 1 150 $ devrait être testée avant la fin du mois selon toute vraisemblance.
▪ Dans le même temps, les spécialistes des actions ont regardé passer le train. L’impulsion positive venue d’Asie n’a pu éclipser l’absence de motivation des acheteurs à l’approche des résistances testées sans succès en fin de semaine dernière.
L’occasion d’aligner une sixième séance de hausse consécutive était pourtant belle… mais les indices sont passés du vert au rouge à plusieurs reprises avant de fléchir au cours de la dernière demi-heure — dans le sillage de New York qui avait basculé dans le rouge en matinée.
Le sursaut de la mi-journée n’a pas tenu la distance. Wall Street a manqué de tonus dans la dernière ligne droite ; les indices américains terminent dans le rouge. Le Dow Jones a enregistré la rechute la plus marquée (rien de bien spectaculaire) en fin de parcours, le repli atteignant 0,2%.
Le Nasdaq n’a cédé que 0,1%. Cette pause, qui ne remet pas en cause la tendance haussière, s’explique aisément alors que le cumul des gains pour le mois de février se monte à près de 4,5%.
Mais le champion de la hausse demeure le pétrole. Avec un gain de 7,5%, il conserve son statut de principal indicateur avancé de la tendance.