La Chronique Agora

Ponzi dans les cryptos, gouffre dans l’IA : excès d’optimisme ?

Ponzi IA crypto

L’euphorie autour des cryptos et de l’IA nourrit des promesses irréalistes qui ouvrent la voie aux fraudes. Mais derrière la croissance record du secteur, l’ampleur des investissements fait planer le risque d’un revers brutal.

Les envolées des cryptomonnaies et l’euphorie autour de l’IA ouvrent la voie à davantage de fraudes, alimentées par un excès de confiance.

Parmi l’ensemble des cryptos, le Bitcoin reste jusqu’ici le plus sûr, grâce au nombre très élevé de participants – qu’il s’agisse d’acheteurs ou de mineurs qui sécurisent le réseau.

Le graphique ci-dessous illustre la puissance de calcul du réseau blockchain, véritable socle de la sécurité des transactions et de leur protection contre les détournements.

Source : Blockchain.com

L’excès de confiance et l’appât du gain ouvrent, comme souvent, la porte à de nouvelles fraudes.
L’éclatement récent d’une pyramide de Ponzi visant des utilisateurs français – le groupe AccGn – rappelle les risques qui pèsent sur les investisseurs en période d’euphorie.

Le site Decrypto.org détaillait cet été le mécanisme de l’arnaque :

« La plateforme AccGn gagne en visibilité auprès des investisseurs en cryptomonnaies, séduits par ses promesses de gains élevés grâce à des performances d’IA appliquées au trading. Mais derrière ces innovations prétendues, c’est un mensonge qui se cache. Il s’agit d’une arnaque, pas d’une véritable opportunité. »

AccGn affirmait utiliser l’IA pour générer des rendements sur les cryptos. La promesse de profits rapides attirait des utilisateurs depuis au moins 2023. Decrypto.org avait d’ailleurs alerté sur les « garanties » de performance présentées par la plateforme, un signal classique d’escroquerie.

Ils précisaient notamment :

« Dans les faits, l’offre d’AccGn repose sur un rendement quotidien fixe. Les témoignages parlent d’environ 1 % par jour, avec des versements tous les 18 jours. Un retour initial de 30 % par mois, proposé sans mention de risque, sert d’appât. Ces rendements, totalement irréalistes sur les marchés financiers, constituent un avertissement évident. »

Le montant total du préjudice est estimé à 18 M€.

En résumé, les emballements sur les cours, les valorisations et la couverture médiatique d’un secteur créent un terrain propice aux fraudes, nourries par la confiance excessive des participants.

L’euphorie de l’IA : croissance fulgurante, dépenses vertigineuses

Dans le domaine de l’IA, les dépenses progressent à un rythme spectaculaire. La hausse du nombre d’utilisateurs – et des revenus issus des abonnements – pour ChatGPT ou Anthropic alimente l’espoir d’une rentabilité future. OpenAI, par exemple, anticipe ses premiers bénéfices en 2030, tout en poursuivant levées de fonds et projets d’investissement.

Malgré l’adoption massive des outils d’IA, l’ampleur des budgets engagés expose le secteur à un risque d’effondrement en cas de déception.

Afflux massif de capitaux

La valorisation d’OpenAI atteint désormais 500 Md$, à la faveur d’un nouveau financement conduit par Microsoft. Le géant américain détient désormais 27 % du capital et conserve, jusqu’en 2032, les droits de propriété sur les nouveaux logiciels développés par OpenAI.

Cet accord renforce aussi la demande pour les services cloud de Microsoft, via Azure. En renonçant au droit de sous-traiter les besoins informatiques d’OpenAI, Microsoft décroche un contrat de 250 Md$ sur plusieurs années.

OpenAI augmente, en parallèle, ses dépenses en capacités de calcul. Entre ce contrat, le partenariat avec Oracle (à hauteur de 300 Md$) et d’autres accords pour des serveurs et infrastructures, la startup prévoit environ 1 300 Md$ de dépenses dans les prochaines années.

Pour l’instant, les investissements liés à l’entraînement des modèles d’IA dépassent très largement les recettes, qui devraient atteindre 13 Mds$ en 2025.

La course à la puissance de calcul : un gouffre financier pour les géants

Le blog Understanding AI a publié une série de données montrant la montée en puissance des algorithmes… et le coût colossal de cette croissance. Les investissements cumulés de Meta, Oracle, Google, Microsoft et Amazon en infrastructures – IA ou autres – approchent les 400 Md$ en rythme annuel.

Au deuxième trimestre 2025, ces investissements totalisent 97 Md$, contre moins de 200 Md$ en 2023 et 241 Md$ en 2024. Amazon mène la course : fin 2024, ses dirigeants expliquaient que les besoins liés aux algorithmes absorbaient l’essentiel des budgets d’investissement.

Les importations américaines d’ordinateurs, en particulier les serveurs destinés au traitement des données, illustrent cette frénésie. En rythme annuel, elles flirtent désormais avec 250 Md$, gonflées par la demande pour les semi-conducteurs de Nvidia fabriqués à Taïwan — contre moins de 100 Md$ avant 2024.

Les constructeurs de data centers doivent suivre la cadence, poussés à la fois par les startups (comme ChatGPT) et les géants du numérique. L’explosion du nombre de tokens traités chez Google en est un marqueur spectaculaire : 9,7 billions en mai 2024, contre 1,3 billiard en octobre 2024 – soit une multiplication par 130 en 18 mois.

Utilisation massive des services d’IA

ChatGPT attire toujours plus d’utilisateurs : 800 millions en octobre 2024, contre 100 millions en novembre 2023.

Cette dynamique se traduit aussi dans les revenus :

Avec ce bond spectaculaire, OpenAI vise désormais 200 Md$ de revenus en 2030, une prévision relevée depuis les 174 Md$ précédemment attendus.

La demande pour les modèles d’IA et les semi-conducteurs grimpe donc en flèche, mais les flux de trésorerie des géants se tendent dangereusement.

Oracle voit son cash-flow tomber à zéro sur douze mois, les dépenses absorbant la totalité des bénéfices. Chez Amazon, la trésorerie chute de près de 8 Md$ au premier semestre, sous l’effet de l’explosion de ses investissements.

L’essor des applications d’IA – ChatGPT en tête – nourrit l’optimisme quant à une future rentabilité. Mais l’ampleur des investissements laisse aussi la place à de nombreuses erreurs… et potentiellement des fraudes.

L’enthousiasme des investisseurs et la couverture médiatique alimentent parfois des excès de confiance. Et même si la croissance de l’IA semble irrésistible, l’exubérance autour du secteur pourrait, en cas de retournement, conduire à la destruction de centaines de milliards de dollars.

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