La Chronique Agora

Les politiques savent-ils régler un problème sans recourir à l’impôt ?

impôt

Nous vivons dans un pays où les impôts et taxes foisonnent à un point tel qu’un gouvernement a été forcé d’introduire la notion de « pause fiscale ». Lorsque des ministres communiquent sur la stabilisation (temporaire) d’une taxe, cela devient un évènement !

Le jour de « libération fiscale » du salarié français moyen en 2016 est le 29 juillet, ce qui fait de la France le n°1 européen en termes de fiscalité, selon les calculs de l’Institut Molinari. Cette performance française n’est pas une nouveauté, comme en témoigne ce graphique qui représente l’évolution des prélèvements obligatoires en pourcentage du PIB sur la période 1868-2008 :


Source : ourworldindata

Vous noterez les différents décrochements à la hausse intervenus après la Première Guerre mondiale, à la Libération et à partir de la fin des années 1970. Jamais de décrochement à la baisse, en revanche. « Deux milliards d’impôts ? J’appelle plus ça du budget, j’appelle ça de l’attaque à main armée ! », écrivait déjà Audiard en 1964 pour le film La chasse à l’homme.

Pourtant, il y a « 52 jours en trop dans l’année civile française », pour reprendre une autre formule de l’Institut Molinari. En effet, pour que l’Etat, après avoir consommé toutes ses recettes, n’ait pas à vivre à crédit et à accroître sa dette, l’année 2015 aurait dû se terminer le 9 novembre.

Au niveau communautaire, la France évite de justesse le bonnet d’âne puisque six pays de l’UE ont enregistré des « performances » plus médiocres encore.

Car c’est bien de performance dont il s’agit. En effet, qu’est-ce que le taux de prélèvements obligatoires, si ce n’est « la mesure de la nullité et de l’inefficacité de vos gouvernants », comme l’écrit Bruno Bertez ?

Les politiques donnent l’impression de ne savoir régler aucun problème s’ils n’ont pas une taxe ou un impôt à portée de main.
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Impôts : Cette vilaine manie n’épargne aucun candidat aux présidentielles

Comme je ne voudrais pas vous infliger l’ensemble des propositions fiscales de chaque candidat, je vous propose de prendre trois propositions symptomatiques.

Ici, avec le Front National, plutôt que de traiter les causes qui ont conduit Whirpool à délocaliser une usine française en Pologne, il s’agirait de punir en taxant ses produits à l’importation. Florian Philippot imagine que cela permettrait de protéger les entreprises françaises opérant sur le même secteur d’activité. Ce qu’il ne voit pas, c’est qu’avec une taxe de 35% sur des produits désormais fabriqués en Pologne et vendus à moindre coûts, non seulement le consommateur français perdra du pouvoir d’achat, mais les entreprises françaises, « protégées » de la concurrence étrangère sur leur marché national, auront une moindre incitation à baisser leurs prix de vente et à être compétitives à l’export.

Entre mille autres choses, Benoît Hamon voudrait taxer « les machines qui remplacent les hommes ». Mais où le candidat officiel du Parti socialiste fixe-t-il la limite ? Faudrait-il créer une taxe sur les calculatrices au motif que ce type de matériel, aujourd’hui tellement commun et peu coûteux qu’il vous est parfois offert par un vendeur, fait des calculs à la place d’un humain ? Ou devrait-on se cantonner à taxer l’utilisation des tableurs du type Excel ? Rappelons que cette taxe existe déjà : c’est la TVA !

Si vous voulez déclencher la frénésie taxatrice de Benoît Hamon, il faut lui parler immobilier de luxe. Pour lui, il serait souhaitable de mettre en place une « supertaxe » sur les ventes de biens à plus de 10 000 € le m². Dans quel but ? Peu importe, selon le principe socialiste qu' »il n’y a pas de raison de ne pas imposer… »

Mais le roi de l’impôt – que dis-je ? – le lìder maximo de la taxe, c’est Jean-Luc Mélenchon. Pour le chef de la France insoumise, 45,7% de prélèvements obligatoires, cela n’est pas encore suffisant et la France se porterait bien mieux si ce chiffre approchait les 50% du PIB. C’est pourquoi son programme promet 100 Mds€ d’impôts supplémentaires.

Mais avec le député européen, la fiscalité devient ludique. Le 7 avril est sorti Fiscal Kombat, « le jeu vidéo de la France insoumise où l’on peut enfin reprendre aux oligarques l’argent qu’ils ont pris au peuple ».

Oui, voyez-vous, l’un des concepteurs du jeu explique : « vous savez que la France est le recordman d’Europe du nombre de milliardaires, or il y a neuf millions de pauvres dans ce pays. Le partage des richesses est donc un enjeu central. »

Précisons que cette affirmation est à classer parmi les « fausses nouvelles » : la France est au quinzième rang des pays à milliardaires, devancée en Europe par la Norvège, la Suède, l’Islande, la Suisse…

Dans le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, on croit dur comme fer que l’économie est un gâteau à taille fixe et non à taille variable… Le raisonnement gauchiste selon lequel « 39 milliardaires = neuf millions de pauvres » n’est pas sans rappeler l’équation frontiste qui voudrait que « trois millions de chômeurs = trois millions d’immigrés de trop ». Rien d’étonnant, tant l’économie est simple avec ces deux partis…

Mais revenons à notre jeu vidéo. L’ancien sénateur socialiste précise : « tous ceux qui jouent contribuent à remplir la caisse pour faire des conquêtes sociales. C’est génial comme idée ? Je trouve ça génial. » Génial oui, comme nos records en matière fiscales, un effort titanesque et, à partir d’un certain point, suicidaire (cf. la situation au Venezuela), mais dont il faudrait être fiers.

Il est bien dommage qu’aucun candidat libéral ne participe à l’élection présidentielle. Cela aurait pu être l’occasion de rappeler que sur la même planète, parfois pas très loin de chez nous, dans des pays qui ne sont pas misérables, des gouvernements suppriment des impôts. Saviez-vous par exemple qu’en 2004, le parlement suédois décidait à l’unanimité de supprimer les impôts sur les donations et les successions ? Et il se trouve aujourd’hui bien peu de monde pour le regretter.

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