La Chronique Agora

Comment parler comme un pro de la politique : les valeurs et les convictions

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Les candidats aux prochaines présidentielles se présentent tous comme des rebelles, des révoltés, voire comme des révolutionnaires voulant rompre avec le système, ainsi que comme de parfait parangons de vertu. Il est vrai que, dans un monde idéal, la politique serait affaire d’honneur et de convictions. Mais les politiciens croient-ils vraiment ce qu’ils racontent ?

Si l’on s’en remettait à notre président, on serait tenté de répondre que oui, ce dernier ayant lui-même déclaré que « les responsables politiques croient à ce qu’ils disent, c’est une erreur de penser qu’ils mentent, ils peuvent se mentir à eux-mêmes, se tromper, mais je crois à la sincérité des hommes politiques ».

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cette considération me laisse assez dubitatif.

Je vous propose donc un petit tour d’horizon des stratagèmes les plus efficaces pour vous mettre un maximum d’électeurs dans la poche si d’aventure vous souhaitez vous lancer en politique.

Passer pour un parangon de vertu en mettant en avant vos valeurs et vos convictions

Commençons par quelques récentes déclarations de candidats qui voudraient passer pour de parfaits gentilshommes.

A tout seigneur, tout honneur, débutons avec Jean-Luc Mélenchon : « j’use ma vie pour vous défendre ! »

« Ce qu’il y a de terrible avec moi, c’est que je crois à ce que je dis », se vantait courant décembre le candidat de La France insoumise. Mais l’ancien sénateur socialiste ne se mentirait-il pas un peu à lui-même lorsqu’il déclare que « la concurrence augmente les prix » alors qu’il semble ne jamais plus heureux que lorsqu’il arpente les marchés de fruits et légumes au fil de sa campagne ? Campagne qui devient d’ailleurs difficile à suivre lorsqu’il se met à donner des leçons de libéralisme avec par exemple des sorties de ce genre : « faire payer aux retraités un risque qui ne les concernent pas (le chômage) ce n’est pas ce que j’appelle une idée de gauche ». Voilà qui peut sembler fort logique, mais… pas très solidaire, tout ça, non ?

De l’utilité (temporaire) d’être socialiste

Vient ensuite Emmanuel Macron, à ma connaissance le seul candidat coaché par un producteur d’humoristes. En décembre 2014, il brisait « un tabou » en expliquant « pourquoi [il était] socialiste » et qu’il « l’assum[ait] » car « c’est utile d’être socialiste aujourd’hui », c’est même « une nécessité de bâtisseur », déclamait-il. 20 mois plus tard, une fois son mouvement En marche ! lancé en vue de la présidentielle, il déclarait au Puy du Fou : « je ne suis pas socialiste »… Prérequis indispensable pour réussir un tel retournement de veste sans se froisser un muscle : subir en amont une « hontectomie », pour reprendre la formule du blogueur H16.

L’ancien ministre de l’Economie ne joue néanmoins pas encore dans la cour d’Azouz Begag, qui est tout de même passé en moins de 20 ans par les écuries PS, RPR, divers gauche, divers droite, MoDem et République solidaire (le mouvement lancé par Dominique de Villepin). Ce personnage mérite de gros points sur l’échelle de Mimerel.

Pour mémoire, Mimerel est un petit débrouillardqui changea d’opinion politique au gré de tous les grands évènements de son époque, voici de qu’en dit Jean-Marc Daniel dans son ouvrage 8 leçons d’histoire économique : « il est orléaniste sous la monarchie de Juillet, républicain modéré sous la Deuxième République et bonapartiste sous Napoléon III ». Voilà un maître de l’opportunisme politique.

De la tristesse de travailler si dur pour si peu

Comment ne pas parler de François Fillon qui tweetait en septembre 2012 qu' »il y a injustice sociale pour ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l’argent public » ?…

Fermons ce tour d’horizon avec Marine Le Pen, qui, comme chacun sait, vit chichement dans un F2 et roule dans une Renault Supercinq en fin de vie. Elle déclarait justement : « qui est le vrai Fillon ? N’est-il pas un homme qui aime l’argent et qui aurait pu manoeuvrer pour s’enrichir ? » Décidément, Marine Le Pen n’a pas peur de la tartufferie.

« On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse », plaisantait Clémenceau. C’est sans doute vrai, mais une fois les élections terminées, il s’agit alors de gouverner et nos chers politiciens, à défaut de mentir de manière éhontée, recourent volontiers à d’autres stratagèmes que nous verrons bientôt.

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