La Chronique Agora

Le plus grand géant de la finance

BlackRock, finance, retraite

Un groupe qui contrôle des dizaines de milliers de milliards de dollars d’actifs ne sort pas de nulle part. S’il en est là, c’est qu’il remplit une fonction bien précise, et qu’il le fait bien mieux que ses concurrents…

Je voulais aujourd’hui (et demain) essayer de vous aider à prendre conscience de l’importance de BlackRock, et de la mettre en perspective sous beaucoup d’aspects, dont les coulisses de la grande finance, le reset, la guerre, les élections à venir, la fin de la monnaie…

BlackRock n’est pas né par hasard. Ce groupe, plus important gestionnaire d’actif de la planète avec plus de 10 000 Mds$ d’actifs sous gestion (et plus de 21 000 Mds$ d’actifs sont gérés par le logiciel maison, Aladdin), est le produit d’un besoin, le produit d’une situation.

Ceux qui gèrent l’épargne retraite

BlackRock est né de la conjonction, premièrement, de l’explosion de la masse des retraites dans le monde, c’est là que se situe l’épargne du système.

Deuxièmement, de la non-sophistication des représentants des salariés, qui acceptent de donner la gestion de ces retraites… à leurs ennemis de classe, les capitalistes financiers.

Cette non sophistication, si j’étais cruel, je la désignerai sous le nom de trahison. Les salariés ont donné le pouvoir sur leur épargne à leurs adversaires afin qu’ils s’en engraissent ! Afin qu’ils s’en engraissent en terme de rentabilité, mais aussi qu’ils servent de matelas contre les risques.

En clair, le très grand capital « fait levier » au niveau mondial sur la masse que constituent les retraites. Ah les braves gens !

Soit dit en passant, ce qui constitue le très grand capital ce n’est pas la masse ou le poids du pognon, non, c’est le pouvoir. Celui de se servir de l’argent des autres.

Un effet de levier supplémentaire

Troisièmement, BlackRock est également né du problème systémique de l’insuffisance du profit face à l’excès de capital productif et fictif dans le monde, ce que j’appelle la suraccumulation.

Et, quatrièmement, il est né de la difficulté à réaliser des performances de gestion dans un monde ou le profit est insuffisant, le capital excédentaire et surtout la concurrence pour la performance exacerbée.

Le système très intelligent – je dis bien le système, pas les hommes – a eu l’idée de se servir de la masse de l’épargne des salariés comme d’un levier au profit des élites capitalistiques, au profit de la smart money, au profit du pouvoir, la masse des fonds d’épargne-retraite gérés sert non pas à bonifier les retraites mais à bonifier la performance du capital de premier rang, du capital haut niveau (le « high powered capital », en anglais), de l’argent intelligent, la smart money des élites.

La masse de l’épargne retraite mondiale est le piédestal sur lequel repose la surévaluation des Bourses.

Assimilez bien ceci, c’est la clef du système.

Le niveau des Bourses n’est ce qu’il est – et c’est ce que les fondamentalistes comme Grantham et Hussman n’ont pas assimilé – que parce qu’il y a une masse qui vient s’investir et qui est insensible à la rentabilité réelle de son investissement.

Cette masse qui vient s’investir quelle que soit la rentabilité et donc quelle que soit le niveau des cours, c’est la masse des retraites, la masse des fonds gérés par les professionnels pour compte de tiers, par la smart money, par la crème du capitalisme.

En réponse à un besoin

La crème du capitalisme ne fait pas sa fortune sur la rentabilité des affaires, elle s’enrichit sur les mouvements, les opérations, l’ingénierie, les commissions, les écarts, le front trading [NDLR : le fait pour un intermédiaire financier d’utiliser les ordres de ses clients pour s’enrichir, par exemple en passant des ordres pour compte propre au préalable] et le levier sur les salariés.

Voilà ce qu’il faut comprendre mais que vous ne devez surtout pas savoir !

Le système a besoin que certaines fonctions soient remplies au fur et à mesure qu’il se développe et qu’il mute. Dans cette logique, les fonctions qui doivent être assurées créent les organes correspondants.

BlackRock est donc né par ce qu’il devait naître et il fait ce qu’il fait parce qu’il doit le faire, c’est sa nécessité, son destin.

Ainsi, la financiarisation qui s’est mise en branle dans les années 1970-1980, lors de la dérégulation, a produit les banques telles que nous les connaissons, c’est-à-dire des monstres à tout faire, aussi bien du crédit que de l’investissement, de la spéculation ou de la création monétaire.

L’étape suivante a nécessité la création de nouvelles institutions… Avant une nouvelle mutation… Ce que nous verrons demain.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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