La Chronique Agora

Plongeon synchronisé dans les profondeurs des abysses

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Les propos récemment tenus par Georges Soros et Paul Volcker à l’université de Columbia ne m’étonnent pas. A dire vrai, je suis assez en phase avec le message qu’ils essaient de faire passer. En revanche, leur franchise, je dois bien vous l’avouer, m’abasourdit.

Ces gens-là, habituellement posés, sont assurément tourmentés pour laisser échapper des petites phrases aussi révélatrices de leurs pensées profondes…

Noir, c’est noir…
Georges Soros, qu’on ne présente plus, donnait vendredi dernier son point de vue sur la crise.

Non seulement le système financier international se désintègre mais en plus il n’y a aucun espoir de solution rapide à court terme pour s’en sortir, expliquait-il. "Nous assistons à l’effondrement du système financier".

Pour Soros, le chaos que nous rencontrons actuellement n’a rien à envier à celui qui régnait lors de la Grande Dépression.

Et pour couronner le tout, il n’y a pour lui aucun signe qui pourrait nous laisser croire que nous ne sommes plus très loin du creux de la vague.

Plongeon synchronisé dans les profondeurs des abysses… tenté ?
Et que nous dit Paul Volcker, ex-président la Réserve fédérale et aujourd’hui conseiller d’Obama ?

Il nous explique tout simplement que la production industrielle tout autour de la planète est en train de décliner encore plus rapidement encore que la production industrielle américaine, déjà gravement touchée.

"Je ne peux me souvenir d’aucune période, Grande Dépression des années 30 incluse, où les choses se sont effondrées aussi vite et de façon aussi synchronisée tout autour de la planète…"

L’effet synchronisation est redoutable
Jusqu’ici, les crises étaient localisées. Même si un moteur économique planétaire s’arrêtait de tourner, les autres continuaient de vrombir, ce qui permettait d’amortir les chocs et de rebondir rapidement. Cette fois-ci, c’est différent : tous les moteurs calent en même temps…

Avez-vous conscience de l’évolution récente des PIB ? Si on se base sur les PIB du quatrième trimestre 2008, les économies se contractent annuellement à un rythme fulgurant : -3,8% aux Etats-Unis, -6% pour la Zone euro, -8% pour sa locomotive allemande, -12% pour le Japon, -20% pour la Corée ! Les zones d’Amérique, d’Europe, d’Asie et d’Australie plongent de façon synchrone.

A votre avis, si tous les moteurs s’arrêtent de tourner au même moment et que vous êtes tous assis dans le même avion, que se passe-t-il ?…

Partout la baisse
Tout n’est que repli et contraction autour de nous : la consommation, les investissements, la production industrielle, l’emploi, les exportations. Pas un chiffre pour rattraper l’autre…

Partout les indices du climat des affaires sont en berne, touchant des points bas historiques, tant en Allemagne, qu’en France ou dans la Zone euro. Et rendez-vous compte : la production automobile britannique s’est affaissée de 59% en janvier ! Et un groupe comme ArcelorMittal a baissé sa production de 40%…

Tout n’est qu’effondrement en termes de valeur aussi : les prix de l’immobilier sont orientés à la baisse, les prix des actions et des matières premières sont en train de nous faire le saut de l’ange… Et regardez les promotions dans les boutiques…

Tiens, parlons concret. Ce matin, j’appelle mon garagiste pour lui acheter des chaînes pour ma voiture. Je lui demande s’il veut bien me faire un petit prix. Vous savez ce qu’il me répond ? Tout de go et sans même négocier ! "O.K., je vous fais 50%, ça vous va ?"

Seul l’or s’en sort… et curieusement le dollar. L’or qui doit marquer une pause avant d’aller à l’assaut des 1 000 $. Ne ratez pas la fenêtre d’entrée si elle se présente…

Nous assistons actuellement à une bataille sans précédent
Une bataille qui oppose les forces économiques et bancaires obscures qui, tel un tsunami, sont bien décidées à submerger la planète toute entière ; aux forces bienveillantes des banquiers centraux et des autorités publiques qui, à coup de centaines de milliards de dollars injectés à tous les niveaux, essaient de garder la planète la tête hors de l’eau…

J’ai deux nouvelles pour vous : une bonne, une mauvaise…
La mauvaise ? Dans cette bataille, l’un des deux camps à des limites et travaille sous contraintes : le nôtre. On ne peut pas impunément imprimer de l’argent et créer de la dette sans limites… C’est donc un peu la bataille de David (nous) contre Goliath…

Et la bonne nouvelle ? La dernière fois, c’est David qui a gagné !

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.

L’Edito Matières Premières & Devises est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières & Devises en cliquant ici.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile