La Chronique Agora

Si la planification centrale fonctionnait, l’URSS serait toujours debout

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▪ Nous avons brièvement visité Athènes lundi avant de rejoindre Paris, où nous avons dîné au Jules Verne, dans la Tour Eiffel, l’un des meilleurs restaurants de Paris.

Notre croisière méditerranéenne ces derniers jours nous a permis de jeter un oeil aux grands monuments de la civilisation grecque classique — l’Acropole à Athènes, Ephèse en Turquie, la Vallée des Temples en Sicile. Chaque fois, nous nous sommes démis le cou pour nous émerveiller devant les prouesses d’ingénierie et le raffinement esthétique des peuples antiques.

Mais la tour Eiffel nous coupe le souffle elle aussi. Voilà un monument élevé à un peuple différent, une technologie différente et une civilisation différente — 2 400 ans plus tard. On admire la vue depuis le deuxième étage — où se situe le restaurant — et on se demande : comment ont-ils fait ?

Ceci étant, c’est une technologie qui nous est familière. C’est elle qui a permis la construction du Brooklyn Bridge et formé le paysage de Manhattan. C’est quelque chose que nous comprenons. Les chaînes de montage et la production de masse… la fumée, les rouages et les grues… des hommes les outils à la main… Tout ça a ses héros aussi : Ford, Carnegie, Vanderbilt, Sloan…

Aucune technologie ne s’améliore éternellement. L’âge industriel a probablement atteint son sommet aux Etats-Unis dans les années 70. Mais c’est ce qui a construit notre monde. Il a mis les automobiles sur la route… et les bombardiers dans les airs. Avec ses tracteurs et ses camions, il a sauvé près de trois milliards de personnes de la pauvreté… voire de la famine — tandis qu’avec ses tanks et ses mitraillettes, il a éliminé jusqu’à 200 millions de personnes durant les guerres mécanisées du 20ème siècle.

La Tour Eiffel n’a fait que montrer au monde ce qui était possible

La Tour Eiffel n’a fait que montrer au monde ce qui était possible.

A présent, une nouvelle technologie — faite d’électrons, d’impression 3D, de drones — promet de grands progrès. Nous attendons de voir ce qu’elle produira vraiment.

Mais l’âge industriel — avec ses taux élevés de croissance et de prospérité — a prospéré dans un contexte de libre-échange plus ou moins total. A présent, nos économies sont contrôlées, manipulées et régulées par les autorités. Est-ce cette planification centrale — et non la technologie elle-même — qui a ralenti les taux de croissance ? Nous n’en savons rien. Mais la Fed et les autres banques centrales ont cassé le système des marchés. A présent, il faut payer.

▪ Les absurdités continuent
La semaine dernière, les investisseurs ont pu profiter d’une nouvelle dose d’actualités moroses et de sottises. Au rayon actualités moroses, l’économie ralentit plus que prévu… se traînant aux niveaux les plus bas depuis 2009. Cela a mené la présidente du FMI, Christine Lagarde, à recommander aux banques centrales de retarder toute augmentation de taux. Autant demander à une personne obèse d’arrêter son régime : aucune résistance n’a été opposée.

Partout, dans toutes les directions, les banquiers centraux sont encouragés à faire des choses de plus en plus absurdes et imprudentes. En Grèce, les autorités envisagent des contrôles encore plus sévères sur le cash. Selon un article du journal To Vima, les personnes touchant de l’argent du gouvernement ne pourront retirer que 600 euros de leur argent en espèces tous les mois. Le reste devra être dépensé par carte bancaire. Si cette mesure est mise en place, elle affectera 2,65 millions de retraités et 600 000 fonctionnaires. Ensuite, elle pourra être étendue au reste du pays.

C’est un moyen pour le gouvernement de contrôler d’encore plus près l’économie et les gens qui en font partie

Cette mesure est présentée comme un moyen de limiter la fraude fiscale et le marché noir. Plus largement, c’est un moyen pour le gouvernement de contrôler d’encore plus près l’économie et les gens qui en font partie.

De retour aux Etats-Unis, dans le Financial Times londonien, l’économiste Ken Rogoff a perdu la tête. Il commence par noter que l’économie mondiale ralentit effectivement — "une gueule de bois, pas un coma" –, à cause de ce qu’il appelle "les dernières étapes d’un ‘super-cycle’ de dette". Jusque-là, tout va bien. La dette s’est développée au cours des 66 dernières années. Il est temps qu’elle se contracte. Ce ne peut qu’être déflationniste… provoquant un ralentissement.

Mais ensuite, le pauvre Ken imagine deux absurdités en même temps : premièrement, que les dépenses du gouvernement en "infrastructures" permettront de compenser les effets négatifs de ce super-cycle de dette… Deuxièmement, qu’un corps d’élite de fonctionnaires peut décider comment dépenser l’argent à bon escient (peut-être en obtenant un rendement plus élevé que le secteur privé) :

"Le président Barack Obama a proposé de créer une banque d’infrastructures qui emploierait des technocrates pour fournir des analyses objectives. C’était une très bonne idée.

Si les économies avancées doivent continuer à développer la taille des dépenses gouvernementales (57% de la production en France, désormais), il est impératif de trouver de meilleurs moyens de faire des choix et de prendre des décisions. L’action politique est nécessaire, mais elle doit être de la bonne sorte — et en réaction au bon diagnostic."

Si les dépenses d’infrastructure du gouvernement — financées avec de l’argent qui n’a jamais existé — pouvaient aider à enrichir les gens, le monde compterait déjà bien plus de millionnaires. Et si les bureaucrates pouvaient prendre de meilleures décisions sur l’utilisation des ressources mondiales que les gens qui les ont créées, l’Union soviétique serait encore debout.

A suivre…

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