La Chronique Agora

Le pivot de la panique

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Des Américains n’arrivent déjà plus à rembourser leurs prêts automobiles et des entreprises révolutionnaires perdent la tête. Pourtant, le vrai carnage n’a pas encore commencé.

Il y a quelques années de cela, nous avons développé ce que nous appelions la « théorie du méchant ».

L’idée est simplement qu’il existe des gentils et des méchants. Les méchants changent, bien sûr. Les Allemands étaient les méchants en 1940. Désormais, ce sont des gentils. Pareil pour les Japonais. Désormais, ce sont les Russes et les Chinois qui sont les méchants.

Les méchants vont et viennent. Mais le gentil, les Etats-Unis d’Amérique, « LA nation indispensable », ne change jamais.

Et comme les gentils ne font rien d’autre que le bien, le mal devient miraculeusement le bien lorsqu’ils en sont à l’origine. Ce fut le cas de l’invasion de l’Irak. Ou lorsqu’ils ont fait exploser les infrastructures d’autres nations. Ou lorsqu’ils ont assassiné des dirigeants étrangers. Sans s’en rendre compte, le gentil devient un méchant.

De la valeur d’une voiture

Nous y reviendrons quand nous expliquerons comment la Chine est devenue un méchant, ce que les Etats-Unis sont en train de devenir… et pourquoi il convient de se préparer à l’heure où les Etats-Unis s’apprêtent à connaître le même triste sort qu’ont connu tous les empires à travers les âges. Mais aujourd’hui, nous faisons le point sur le châtiment financier.

Notre hypothèse : les partisans de l’inflation n’ont plus de limites. La Fed continuera à relever les taux, à essayer de les contrôler, jusqu’à ce que l’économie atteigne un point de rupture. Alors, elle paniquera et changera de cap pour faire tourner la planche à billets.

Voici un article de Yahoo Finance :

« La baisse de la valeur des véhicules par rapport à la valeur des prêts automobiles contractés fragilise les consommateurs et suscite l’inquiétude dans le secteur. Il n’est pas rare que la valeur d’un véhicule soit inférieure au montant de la dette contractée pour l’acheter, mais certains concessionnaires affirment que de plus en plus de gens affichent désormais des dettes insoutenables, de plus de 10 000 $, au moment de la reprise de leurs véhicules. Ils achètent leurs véhicules à prix fort et refinancent leur dette de véhicule en véhicule. Les prêts durent généralement sept ans.

‘Maintenant que les prix à la reprise commencent à baisser, tous les mois, de plus en plus de consommateurs se retrouvent avec une dette supérieure à la valeur de leurs véhicules’, explique Ivan Drury, directeur des enquêtes au sein du cabinet de recherche sur le marché automobile Edmunds. ‘Si les Américains ne mettent pas un terme à leur manie d’acheter de nouvelles voitures de manière prématurée, le montant de la dette automobile continuera à augmenter.’ »

Disrupteurs disruptés

Comme les véhicules perdent de la valeur, c’est également le cas de l’industrie des concessions automobiles. Carvana, le « disrupteur » qui valait jadis 31 Mds$, a perdu 96% de sa valeur. L’entreprise a perdu de l’argent tous les ans depuis sa création en 2014 : 100 M$ de perte une année, 150 M$ la suivante… Puis, l’an dernier, elle a perdu 1,5 Mds$, portant ses pertes totales depuis sa création à 2,107 Mds$.

Dans le même temps, un autre « disrupteur », WeWork, a vu ses fonds propres fondre de 15,5 Mds$ depuis sa création en 2016.

Il ne s’agit pas là des pertes « papier » des spéculateurs en Bourse. Il s’agit d’argent réel (du temps et des ressources) qui a été gaspillé pour de mauvaises idées, plus de 17 Mds$ au total rien que pour ces deux entreprises. C’est un montant à peu près équivalent à celui de la dette nationale des Etats-Unis en 1931 (sans prendre en compte l’inflation). A l’époque, le ratio dette/PIB était de 22% seulement.

Les spéculateurs perdent de l’argent, mais la classe moyenne également : les prix de ses logements et de ses voitures baissent.

Les demandes de prêts immobiliers sont à leur plus bas niveau depuis 1995, tandis que le montant des échéances a augmenté de 26% l’an dernier et que le prix de vente moyen a chuté de 16% depuis juillet dernier. Les ventes de logement ont baissé au cours des 12 derniers mois consécutifs et se situent désormais à un niveau inférieur de 37% au niveau qui était le leur il y a un an. Il s’agit de la plus forte baisse de l’Histoire.

Le vrai carnage

Voici ce que dit Breitbart sur le sujet :

« La valeur des biens immobiliers a chuté de 2,3 Mds$ au total depuis le pic atteint en juin dernier, d’après une étude réalisée par Redfin.

‘La valeur totale des logements américains s’élevait à 45,3 Mds$ à fin 2022, en baisse de 4,9% (2,3 Mrd$) par rapport au sommet record de 47,7 Mds$ atteint en juin dernier’, affirme une étude s’appuyant sur l’indice Redfin Housing Value. L’étude indique que cette baisse est la plus ‘grosse’ en pourcentage sur un second semestre depuis 2008. »

Que peuvent faire les consommateurs désespérés ? Emprunter ! Les soldes de carte de crédit ont ainsi enregistré leur plus forte hausse depuis la récession de 2001.

La dette totale de la génération des milléniaux a augmenté de 27% depuis 2019, ce qui représente la plus forte hausse parmi tous les groupes d’âge. Cette génération affiche également le taux de défaut de paiement le plus élevé.

En d’autres termes, jusqu’ici, tout va bien. Les riches (les investisseurs) comme les moins riches (la classe moyenne) se font plumer.

Nous pensons que tôt ou tard, le vrai carnage commencera.

Et la cavalerie de la Fed viendra à la rescousse, hélas… Comme Custer à Little Big Horn.

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