La Chronique Agora

Pire que la Grande dépression…

▪ Les actions reprennent du poil de la bête. L’or aussi. Le pétrole a dépassé les 80 $ en séance.

Si les marchés voulaient s’effondrer, ils auraient beaucoup de raisons de le faire. La Chine resserre les règles du prêt bancaire. Aux Etats-Unis, la Fed a augmenté le taux d’escompte. En Europe, la Grèce revient sur les marchés pour lever plus de fonds. Et au Moyen-Orient, l’actualité nous apprend que de nombreux Koweitiens pourraient être ruinés par la récente chute de leur secteur d’investissement, qui représente plusieurs milliards de dollars.

De nombreuses choses pourraient mal tourner ; quelque chose finira par le faire.

S’il ne se produit aucune panique, c’est parce que le marché n’est simplement pas prêt à paniquer. Nous allons tout de même laisser notre drapeau d’Alerte au Krach flotter… et nous éloigner. Il y a plus de potentiel de baisse que de potentiel de hausse. Les marchés découvrent en permanence ce que les choses valent. Nous ne voulons pas être en possession d’une grande quantité d’actions lorsque les marchés découvriront qu’elles ne valent que la moitié de ce qu’on a payé pour elles. Le drapeau reste donc hissé… jusqu’à ce que les prix baissent.

Peu à peu, les gens en arrivent à deux constatations contradictoires. D’un côté, il semble vraiment se produire une sorte de renaissance économique… ou c’est du moins ce qu’on pourrait penser en lisant les nouvelles économiques. D’un autre côté, les gens réalisent également que nous sommes dans une dépression.

Nous allons laisser la presse grand public décrire le rebond, si rebond il y a. Nous nous concentrerons sur la dépression.

▪ "Des millions de chômeurs confrontés à des années sans emploi", déclare le New York Times.

Les lecteurs pourraient se demander quelle sorte de renaissance économique manque de générer des emplois. Réponse : une dépression.

Comme nous l’avons déjà dit à maintes reprises, une dépression n’est pas simplement une phase durant laquelle les gens font la queue devant la soupe populaire. C’est une période d’ajustement… où les erreurs du précédent boom sont corrigées… et où l’on trouve un nouveau modèle économique pour l’avenir. Ce qui ne se passe pas du jour au lendemain, quelle que soit la somme d’argent gouvernemental utilisée pour aider le processus. En fait, cet argent ne fait que se mettre en travers du chemin… faussant les données et retardant les changements nécessaires.

Les jours de la dépression en noir et blanc des années 30 sont bien finis. Nous avons aujourd’hui une dépression en technicolor… avec pas mal de nuances de gris.

Aux Etats-Unis, plus de gens reçoivent de l’aide alimentaire que durant les années 30. La soupe populaire s’appelle désormais programme de coupons alimentaires. Et on trouve plus de gens au chômage, également…

… mais là, il faut soigneusement examiner les chiffres pour les comprendre. Durant les années 30, il n’y avait pas le filet de la sécurité sociale. Pas d’allocations chômage… pas d’indemnités de départ… pas d’ASSEDIC. Les gens n’abandonnaient pas leur recherche d’emploi ; ils n’avaient pas d’alternative. Ils cherchaient jusqu’à ce qu’ils trouvent quelque chose. Soit on travaillait… soit on était sans-emploi. Aujourd’hui, si on calculait les chiffres du chômage américain comme durant les années 30, on serait déjà à des niveaux proches de ceux de la Grande dépression… entre 15% et 18% de sans-emploi.

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