Placer son épargne sur un compte qui rémunère quelques pourcents peut sembler le meilleur moyen de perdre du pouvoir d’achat, en période d’inflation forte. C’est oublier le risque que courent beaucoup d’autres actifs.
Nous sommes dans un système de vases communicants. Ce n’est pas facile à faire comprendre mais enfin, essayons.
Il a y a en ce moment des performances boursières très élevées sans risque. La contrepartie sera qu’il y aura des très risques élevés sans performance.
Rien ne se crée, rien ne se perd. Le risque que vous ne voyez pas est logé quelque part, par exemple reporté dans le temps.
Les autorités monétaires ont séparé les ombres des corps à la faveur de théories fausses et d’opérations magiques de communication.
Pas de risque, pas de performance
Les placements sans risque comme les obligations et autres livrets bancaires ne rapportent absolument rien. Par ailleurs, leur valeur réelle sera amputée par l’inflation des prix des biens et des services. C’est une donnée.
Donc tout le monde fuit les placements sans risques, persuadé que la hausse des cours boursiers est une alternative qui offre un rendement, une rémunération. Il y a confusion entre d’un côté la rémunération d’un placement, qui est une donnée interne, et de l’autre la performance, qui est une donnée externe.
En effet, cette dernière dépend du prix que les détenteurs de liquidités acceptent de payer pour détenir ce placement. On échange des liquidités contre un billet de loterie, c’est-à-dire un bon donnant droit à un écart de prix.
La performance d’un placement boursier n’est pas une rémunération, c’est un pari. Un pari sur le fait qu’il y aura quelqu’un de plus idiot que vous qui achètera plus tard, fera encore plus monter le prix et fera continuer la chaîne du bonheur, le Ponzi.
La performance d’un placement n’a pas de rapport avec sa rémunération, ce sont deux concepts différents. C’est une confusion, une escroquerie de la profession financière que de vous faire croire qu’ils sont équivalents.
Perdre 3% ou 60% ?
Cette confusion a produit un monde bizarre dans lequel la performance boursière est perçue comme étant sans risque alors que les cours sont vertigineux, tandis que le placement sans risque, avec rémunération garantie, est quant à lui perçu comme totalement risqué, amputé qu’il est par l’inflation.
On en arrive à faire croire aux gens qu’il vaut mieux prendre le risque de perdre 60% de ses avoirs en achetant des titres de sociétés plutôt que de voir leur pouvoir d’achat s’éroder de 2 à 3% avec un rendement après inflation !
Je ne cesse d’expliquer aux gens qui me demandent « que faire de mon argent ? » qu’il n’y a aucune solution dans un monde qui s’appauvrit réellement, qui produit moins de vraies richesses. Dans un monde qui va devoir déprécier ses actifs de façon draconienne à cause de la conversion climatique, la masse ne peut que s’appauvrir.
Il n’y a aucun endroit où se préserver. Mais il vaut mieux ne perdre que 2 à 3%, plutôt que 60%. La masse des détenteurs de papier sera ruinée par cela, et il n’y a aucune raison pour que vous ne fassiez pas partie de cette masse… sauf si vous faites le contraire de la masse, c’est-à-dire que vous refusez de jouer.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]