La Chronique Agora

Pétrole : triplerons-nous encore notre mise grâce à la stratégie Xerox de l'Arabie Saoudite ?

Le jeudi 8 janvier 2009, j’avais proposé à certains de mes lecteurs de tripler leur mise en moins de trois mois, notamment grâce au pétrole. Les chiffres m’ont donné raison. Moins d’un an plus tard, nous voici à reparler de l’or noir tandis que l’Arabie Saoudite pose ses pions en plein débat sur le réchauffement climatique.

Si vous pouvez vous le permettre…
Au final, le sommet de Copenhague tourne autour d’une seule idée : la compensation financière. Peu importe combien vous émettez de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, le plus important est de pouvoir se le permettre… financièrement. C’est du moins ce que je comprends de la position de Nicolas Sarkozy et d’autres dirigeants occidentaux sur cette problématique, certes très complexe.

Mais l’Europe et les Etats-Unis ne sont bien sûr pas les seuls à vouloir tirer sur la corde. S’il faut, en effet, payer pour pouvoir polluer, pourquoi ne pas payer pour ne pas polluer davantage !? L’idée semble saugrenue, mais elle est pourtant très sérieuse et bien réelle.

L’addition commence à devenir salée
Depuis de nombreuses années, l’Arabie Saoudite fait en effet pression pour que, s’il y a abaissement à terme de la consommation de brut en faveur d’énergies alternatives, le Royaume soit compensé financièrement. Les premières discussions sur ce sujet ont d’ailleurs été formalisées dans le traité de Rio en 1992.

Autrement dit, en plus de devoir payer pour avoir le droit de polluer (car quoi que l’on fasse, on polluera toujours), il faudrait aussi faire preuve de charité chrétienne envers des pays qui n’ont fait fortune qu’en raison de leur situation géographique. L’addition commence à devenir salée.

Et pourquoi ne pas continuer en si bon chemin ?
Je propose, ici même, que tous les citoyens français réunissent des fonds pour que les pauvres producteurs de cigarettes soient compensés par la hausse de la TVA sur leurs produits et la baisse de consommation due à l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

Et j’exige aussi que toute personne mangeant sainement (soit cinq fruits et légumes par jour, à ce que j’ai compris) se fasse imposer pour venir en aide à McDonald’s qui peine à croître en France. Et la liste est longue….

Une stratégie… qui cache son nom
Cela dit, au-delà de la pure logique de compensation financière, qui d’ailleurs ne passera jamais la rampe, la pression faite par l’Arabie Saoudite cache une autre stratégie, nettement plus nocive (et coûteuse) pour l’Occident.

Un peu comme Xerox, qui est passé, dans les années 1990, d’un simple vendeur de machines à photocopier à une société de services qui lie le client au produit final : la photocopie. Avec tout ce que cela comporte : configuration, support et maintenance de la machine. Bref, finie l’indépendance du client qui fait ce qu’il veut du produit livré.

Louer ses services
C’est peut-être en effet ce que l’Arabie Saoudite a en tête. Face à ce nouveau paradigme inéluctable de la baisse de la consommation de brut, les rois du pétrole pourraient décider de prendre le taureau par les cornes en louant, en quelque sorte, leurs services.

Concrètement, ceci viendrait à dire qu’au lieu de payer le pétrole au litre, l’Occident pourrait être amené à payer un montant conséquent, disons chaque mois, pour employer le gardien de la pompe et pour recevoir de l’essence chaque fois qu’il le souhaite.

Belle maximisation sous contraintes
Au vu des systèmes de compensation en place (payer pour pouvoir polluer) et de la demande baissière sur le brut, un tel mécanisme permettrait aux producteurs de maximiser leurs revenus sans pour autant devoir ouvrir les vannes.

De fait, plus la recherche sur les énergies alternatives se concrétisera, et donc plus la consommation baissera, plus le coût final du litre de pétrole sera cher… au bénéfice d’un Royaume qui aura su alors changer de stratégie au bon moment. Avec un baril qui oscillera davantage aux alentours des 200 $ qu’aux maigres 70 $ de cette fin d’année.

Une approche neutre au marché sur le pétrole, doublée d’un money management scientifique et rigoureux (type formule de Kelly), permet d’encaisser rapidement des profits importants sans souffrir des risques liés aux variations du marché ; qu’attendez-vous de plus?

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