La Chronique Agora

Pétrole ou Chine ? Krach historique ou correction estivale ?

▪ Nous n’allons pas vous infliger le résumé circonstancié du krach boursier survenu lundi en Asie… puis en Europe… et enfin à l’ouverture de Wall Street. En d’autres termes avant que la Fed et ses complices n’apportent une nouvelle démonstration — aussi éclatante que grotesque — qu’il est interdit au marché de se comporter comme un marché, c’est-à-dire de refléter de quelque manière que ce soit une forme de réalité économique.

Une réalité économique qui a pourtant explosé au visage des tartuffes qui brandissaient les 7% de croissance en Chine comme un totem, justifiant des projections de croissance mondiale au-delà de 3% et pronostiquant un avenir radieux pour les multinationales (américaines) surfant sur une conjoncture de rêve pour des siècles et des siècles… amen !

Eh bien non, malheureux scarabée ! Cela fait bien longtemps que la croissance chinoise ne flirte plus avec les 7%… Et si c’était encore du 5%, ce serait bien plus favorable que ce que les chiffres de consommation d’électricité par l’industrie chinoise et de négoce de conteneurs suggèrent.

Ce sont les Chinois eux-mêmes qui, en faisant dévisser Shanghai de 8,5% lundi matin (soit -38% en deux mois), ont prouvé à quel point ils avaient foi dans les chiffres fallacieux martelés par Pékin et dans l’efficacité des mesures de soutien des cours, via l’entrée en bourse des fonds de pension chinois.

Ces fonds pourraient investir "à la japonaise" jusqu’à 30% des 480 milliards d’euros qu’ils détiennent en actions.

Mais les 150 milliards d’euros d’emprunts d’Etat qui seraient vendus au profit des entreprises cotées à Shanghai ou Shenzhen… qui les achètera ?

Merveilleux ! Mais les 150 milliards d’euros d’emprunts d’Etat qui seraient vendus au profit des entreprises cotées à Shanghai ou Shenzhen… qui les achètera ? Un autre fonds d’intervention ad hoc destiné à acquérir des bons du Trésor que l’Etat possède déjà ?

Ce genre de montage absurde, ces promesses intenables, ces objectifs irréalisables signent l’agonie d’un système basé sur le mensonge, sur le refus de divulguer une réalité "trop moche" mais que l’oligarchie financière se croit la seule à connaître… imbue de sa mission consistant à entretenir la confiance sans laquelle une bulle boursière ne saurait perdurer éternellement.

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Et lorsqu’une bulle boursière éclate, cela se solde immanquablement par un krach. C’est là que s’enclenche la machine à déverser des torrents de bobards dans les oreilles de l’épargnant — un être frustre, naïf et ignorant tout des sublimes mystères des hautes sphères économiques et de la mécanique des fluides financiers, bien entendu.

Quand la situation devient critique, quand les marchés titubent au bord de l’abîme… ils s’offrent une simple pause, une correction salutaire.

▪ Alors comment distinguer à coup sûr un krach d’une correction ?
C’est facile, il suffit de décrypter la communication de ceux qui "font" vraiment la tendance et qui ont les moyens de se faire entendre sur les chaînes d’infos économiques et dans les quotidiens généralistes. En d’autres termes, les banquiers, courtiers, gestionnaires d’actifs et leurs cellules de communication de crise.

S’il s’agit d’une simple correction, le stratège se montrera moins confiant au sujet de la conjoncture. Il parlera de valorisations tendues, envisagera de réduire la voilure, se dira confiant sur la tendance moyen terme mais s’abstiendra d’acheter dans l’immédiat.

S’il s’agit d’un krach… eh bien tout se déroule depuis deux mois comme dans le manuel du parfait "communiquant à la langue fourchue".

1. "A l’heure actuelle, il n’y aucune raison de craindre une correction".

2. "C’est un repli technique, ne vendez rien, le rally de fin d’année va démarrer juste après".

3. "C’est une consolidation excessive, les planètes restent bien alignées, les dividendes augmentent". (Ils se gardent bien d’évoquer les profits, qui eux sont en baisse…)

4. "Ce trou d’air constitue une opportunité d’achat vraiment inespérée".

5. "Les banques centrales ne vont pas tarder à intervenir (réunion de Jackson Hole ce vendredi) : achat fort".

Aucun expert n’est disponible actuellement pour commenter l’effondrement du marché

6. "Aucun expert n’est disponible actuellement pour commenter l’effondrement du marché".

7. "Ce désastre était totalement imprévisible… nous avons besoin d’une recapitalisation massive de toute urgence".

8… Game Over !

D’un point de vue technique, un krach, c’est lorsqu’il n’y a plus de marché. En l’occurrence, hier, la contrepartie acheteuse avait disparu en Europe entre 13h et 15h45. A à Wall Street, c’était à l’ouverture (2 000 milliards de dollars de capitalisation effacés en quelques millisecondes).

Deux heures plus tard, les places européennes gisant en miettes au pied de la falaise, c’était les vendeurs qui disparaissent à Wall Street. Cela alors que le bulldozer de la Fed remontait les indices américains du fond du canyon à la force de ses chenilles et de son moteur de 13 litres turbo compressé (13 étant le nombre de membres de la Fed).

▪ Quand les commodities entrent dans la danse
Mais si la Fed se préoccupe tant du sort de Wall Street que tout le reste lui indiffère, cela pourrait l’avoir conduite à commettre de dangereuses omissions stratégiques. Notamment dans le domaine certainement le plus trivial qui soit à ses yeux, celui des matières premières.

Par ses taux artificiellement bas et le déversement de kilotonnes de billets de Monopoly, la Fed a favorisé l’émergence d’un secteur économique non-rentable et anti-écologique — celui des gaz et pétrole de schiste (Texas, Dakota du Nord). Il n’a fait illusion que tant que les cours de l’or noir étaient soutenus par l’argent des quantitative easing : plutôt détenir du pétrole que des dollars en monnaie de singe.

La bulle pétrolière n’a pas fini d’exploser ; la débâcle a repris de plus belle suite à une déclaration du chef de la diplomatie britannique, Philip Hammond, prononcée depuis la capitale iranienne lundi matin.

Le ministre britannique des Relations extérieures estime que les négociations commerciales avec Téhéran pourraient débuter "bien avant" la levée effective des sanctions (prévue au printemps 2016).

Téhéran se voit déjà en train de reprendre ses exportations de gaz et surtout de pétrole dès fin 2015 à pleine capacité

Téhéran se voit déjà en train de reprendre ses exportations de gaz et surtout de pétrole dès fin 2015 à pleine capacité. Cela rajouterait plus d’1,3 million de barils par jour sur un marché déjà saturé d’excédents (de l’ordre de deux à trois millions de barils/jour).

Le plongeon du baril sous les 38 $ dès l’ouverture à New York place plus que jamais le secteur pétrolier américain en situation très délicate. La menace de faillites en cascade dans le pétrole de schiste plane désormais — ce qui mettrait en difficulté de nombreuses grandes banques américaines mais aussi canadiennes… lesquelles font déjà face à un secteur du prêt étudiant en perdition, doublé d’une réplique des subprime dans les prêts automobiles.

Alors krach historique potentiel ou banale correction estivale… à vous de décider !

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