▪ Après le mini-krach des matières premières survenu jeudi, beaucoup d’opérateurs redoutaient un phénomène de contagion — certains hedge funds s’étant faits « déchirer » sur le pétrole ou l’argent-métal pouvaient être amenés à dégager du cash en soldant des positions sur le compartiment actions.
Peut-être ont-ils d’abord cherché à se refinancer auprès des banques partenaires, avant de procéder à des ventes susceptibles de déclencher une réaction en chaîne. Toujours est-il que sur 48 heures, les indices boursiers n’ont carrément pas bronché !
Malgré une demi-séance de suspense, le CAC 40 n’a pas enfoncé les 4 010 points (risque de rechute sur 3 880 points). Le support a été seulement perforé de façon très ponctuelle.
Faute de valider une chaude alerte à la baisse, il s’est ensuivi un rebond de 50 points en une demi-heure (pratiquement sans transaction) en direction des 4 060 points. Puis l’indice s’est mis soudainement à stagner, et ce durant plus de deux heures, entre 4 052 et 4 062 points. Il s’est comporté comme s’il était emprisonné par les algorithmes — c’est bien évidemment le cas, ne soyons pas naïfs !
Même les plus sceptiques admettent que tout se passe comme si les robots de trading étaient programmés pour propulser les indices vers un objectif très précis. Une fois ce dernier atteint, c’est comme si les robots employaient à éradiquer la volatilité (les exemples abondent depuis avril 2009).
L’indice terminait la semaine un peu en-deçà de son zénith des 4 068 points du 8 avril dernier (ou de janvier et avril 2010), mais les oscillateurs hebdomadaires restent négatifs.
▪ Il est assez troublant d’observer à quel point la phase haussière de mi-mai 2010 à mi-février 2011 présente des similitudes (vague pour vague) avec celle de la mi-mars 2009 à mi-janvier 2010. C’est pratiquement du « copier/coller ».
C’est comme si les scénarios étaient littéralement pré-programmés afin de se répéter à l’identique. Les mêmes points de résistance ont été testés à quatre reprises. Tout se passe en totale déconnexion par rapport aux fondamentaux et même par rapport aux fluctuations majeures des devises et des matières premières (hausse inexorable sur fond de pressions inflationnistes).
Le CAC 40 n’a pas validé de signal baissier cette semaine ; il demeure donc en mesure de retenter l’aventure en direction des 4 150 points.
C’est exactement ce que les permabulls (haussiers systématiques) anticipent, quelle que soit l’évolution du dollar et du pétrole. Les indices boursiers resteraient totalement déconnectés de la sphère du réel tant que la fausse monnaie de la Fed continue d’alimenter leur progression.
▪ Wall Street semblait pourtant devenir instable à la veille du week-end. Contrairement aux places européennes qui n’avaient strictement rien lâché par rapport à leurs sommets du milieu de l’après-midi, les indices américains effaçaient en une heure près de deux tiers de leurs gains initiaux.
Le Dow Jones est revenu de +1,4% vers +0,5%, le Nasdaq de +1,6% vers +0,75% et le S&P de +1,45% vers +0,5%.
▪ La cause du pic d’euphorie du début de l’après-midi est évidente pour tous les opérateurs. L’économie américaine a créé bien plus d’emplois que prévu, à la lecture des derniers chiffres hebdomadaires.
Le département du Travail US recense 244 000 nouveaux emplois au lieu de 190 000 anticipés. Mais le total a été opportunément gonflé par les 65 000 embauches réalisées par McDonald’s en début de mois. On ne peut pas dire qu’il s’agisse là d’emplois pérennes…
La véritable bonne surprise provient de la révision à la hausse du chiffre de février (+46 000), et plus modestement de celui du mois de mars (+5 000).
Il fallait bien un prétexte pour justifier des rachats à bon compte après trois séances de consolidation. Au-delà du contrepied à la hausse, voici une nouvelle illustration du phénomène de disparition des acheteurs quand le marché baisse et des vendeurs quand les indices montent.
▪ Les actions ont largement échappé à la contagion des marchés de matières premières qui ont subi un véritable mini-krach jeudi, voire un krach tout court. En effet, sur la semaine écoulée, le baril de pétrole a perdu 12% en moins de 24 heures (94,5 $ au plus bas vendredi matin et 99,55 $ le soir, encore plus 6% de volatilité intraday). L’once d’argent a fait le grand plongeon (-30%) entre 49,5 $ lundi et 34,3 $ jeudi soir sur le CME (36 $ ce vendredi).
La rechute du WTI au contact des 100 $ (soit -13% sur la semaine, après un trou d’air jusqu’à -16% en matinée) éloigne le spectre du gallon d’essence à 5 $ aux Etats-Unis d’ici la driving season. Rappelons que le récent franchissement du cap des 4 $ a constitué pour les économistes une sérieuse alerte concernant le pouvoir d’achat des ménages.
Le dollar continuait de grimper au-delà de 1,44/euro vendredi soir sur des rumeurs de sortie volontaire de la Grèce de la Zone euro propagées par des sites d’information économiques allemands. Cela fait longtemps que ce serpent de mer émerge épisodiquement des flots –surtout quand l’euro apparaît trop cher contre le dollar.
Mais les arbitrages systématiques en faveur de Francfort et des Bunds allemands depuis 18 mois nous conduisent à accorder une probabilité de 50% à ce scénario, ce qui revient en fait à le valider. Gare à la secousse, car personne dans ce cas ne voudrait prendre le risque de rester acheteur sur les marchés, compte tenu de l’onde de choc pouvant se propager à l’ensemble du compartiment actions par le biais des valeurs bancaires créancières d’Athènes.