La Chronique Agora

Le pétrole à 60 $ vous offre un nouveau super-cycle

pétrole

Lentement mais sûrement, le pétrole continue son ascension… et cela ouvre de nouvelles perspectives pour les investisseurs.

Qu’il est loin, le mois d’avril 2020 durant lequel les traders, affolés de ne pouvoir déboucler leurs contrats-papier, se retrouvaient encombrés de barils et devaient les brader à prix négatif pour s’en débarrasser !

Depuis dix mois, l’or noir progresse quasiment sans interruption. Tout au plus s’est-il offert une légère pause durant la seconde vague automnale de Covid-19… mais il a ensuite repris le chemin de la hausse depuis le mois de novembre, s’arrogeant encore +50% depuis.

Est-ce durable ?

Ce cycle haussier qui a vu le prix du baril, même corrigé de l’excès baissier du mois d’avril, tripler en moins d’un an ne doit pas être passé sous silence. Son ampleur et sa durée sont désormais significatives et il n’est plus question de les balayer d’un revers de main au motif que la pandémie déformerait le prix des matières premières.En ce début 2021, les cours du Brent et du WTI ne réagissent plus à l’urgence sanitaire mais bien à la réalité économique. Leur progression régulière devrait vous inciter à revoir votre allocation d’actifs pour tenir compte de cette nouvelle donne.

Quand les spéculateurs s’inclinent devant l’économie

Les matières premières cotées, et plus particulièrement l’or noir, sont le terrain de jeu de prédilection des spéculateurs. Des grosses aux petites mains, des hedge funds aux traders Robinhood, chacun se pique de parier sur le cours auquel s’échangeront les matières premières dans une semaine, trois mois, ou six mois.

Reste que ce jeu à somme nulle entre spéculateurs n’est pas éternel. Avec le passage du temps vient le moment inéluctable où le prix des futures (contrats à terme), rejoint celui du prix spot (prix au comptant à un instant T).

A ce moment-là, le monde du jeu se fait rattraper par la réalité. Producteurs et consommateurs échangent les marchandises. Le « bon prix » déterminé par l’économie réelle est acté, et ne peuvent être consommées que les matières premières qui ont été produites.

Pour la plupart d’entre elles, l’inverse est également vrai : stockage et destructions étant coûteux, est habituellement consommé tout ce qui a été produit.

Ces instants de vérité, rythmés par les dates d’échéance des contrats à terme, ont lieu périodiquement. Entre chaque lever de rideau, la spéculation est reine ; mais sur le long terme, c’est bel et bien l’économie réelle qui dicte l’évolution du prix des matières premières.

Ce n’est donc ni la pandémie de Covid-19 ni le jeu de la spéculation qui font monter le prix du pétrole mais bien un réveil de la demande solvable face à une production morose. Plus important encore : cette hausse touche nombre d’autres matières premières.

Quand la hausse touche toutes les matières premières 

+33% depuis le 1er janvier 2020 pour le cuivre…

+29% pour le nickel…

+50% pour l’argent…

La hausse touche, dans des ordres de grandeur comparables, la plupart des matières premières minières. Même les matières premières agricoles ne sont pas épargnées : les futures sur le blé ont gagné +16% sur la même période, celles sur le sucre +23,5%.

Nous sommes bel et bien dans un contexte de hausse généralisée et régulière des prix. Laissons de côté les causes sous-jacentes tant elles sont multiples.

Le ralentissement mondial de l’économie a fini par se stabiliser ; les plans de relance des pays occidentaux, structurellement consommateurs, ont dopé la demande ; l’impression monétaire généralisée a évité les faillites tandis que l’offre, de son côté, a été pénalisée par les reports de projet et la baisse de productivité de ces douze derniers mois.

Chacun de ces aspects mériterait une Chronique à part entière, contentons-nous aujourd’hui de tirer les conclusions qui s’imposent.

Vous souvenez-vous, cher lecteur, comment nommer une situation où l’ensemble des prix monte de façon homogène et durable ? Pour trouver le bon qualificatif, il faut dépoussiérer nos manuels d’économie et revenir à un concept oublié depuis la crise des subprime…

Oui, vous l’avez reconnue : c’est bien l’inflation qui se rappelle à notre bon souvenir.

En ce début d’année, il est trop tôt pour dire si nous allons faire face à un épisode de vraie inflation avec augmentation des salaires voire surchauffe de la production, ou si la stagflation prendra le dessus avec sa morosité salariale et une baisse de la consommation des ménages.

Il n’en reste pas moins que la hausse généralisée du prix des matières premières est d’ores et déjà une réalité, et qu’il est possible non seulement de s’en prémunir, mais aussi d’en profiter.

Comment dormir l’esprit tranquille durant un épisode inflationniste

L’inflation est, traditionnellement, l’ennemi de l’investisseur en Bourse.

Si les épargnants fortement endettés, notamment ceux ayant investi dans l’immobilier à crédit, tirent leur épingle du jeu du fait de l’érosion de la valeur de la monnaie, bien peu de personnes s’endettent à long terme et à taux fixe pour investir en Bourse.

Pour protéger son patrimoine boursier, la première chose à faire est de faire le ménage pour ne conserver en portefeuille que les entreprises disposant d’une forte capacité à fixer leurs prix.

Préférez les valeurs produisant des produits dits « de marque » à celle offrant des services génériques qui seront prises entre le marteau des hausses de prix des fournisseurs et l’enclume d’une concurrence prête à tout pour survivre.

Malgré tout, même cette prudence ne vous protègera pas d’un épisode de stagflation où la consommation devient atone.

Pour rendre votre portefeuille résilient aux épisodes inflationnistes, il faut revenir un cran en arrière dans la chaîne de valeur et trouver des entreprises qui profiteront de la hausse des prix de vente sans (trop) souffrir des augmentations des coûts de production.

Les plus protégées des entreprises sont celles qui ne payent pas directement leurs matières premières. Mines, producteurs de pétrole et producteurs d’énergie renouvelable ne payent ni la Terre ni le Soleil pour services rendus. Ce sont ces entreprises qui, n’ayant comme dépenses que les salaires et l’énergie consommée, sont les grandes gagnantes en période d’inflation.

La bonne nouvelle est que vous pouvez les faire entrer dans votre portefeuille facilement grâce à la grande diversité des ETF. Ces produits cotés vous permettent, en une seule ligne, d’être exposé à l’ensemble d’un secteur.

NYSE:VDE (+59% depuis le 1er avril 2020), géré par le célèbre Vanguard, vous offrira une exposition au producteurs d’énergie. NYSE:SIL (+87% sur la même période) vous accordera une exposition équivalente sur les producteurs d’argent tandis que NYSE:COPX (+203%) vous permettra d’investir dans les mines de cuivre.

Plutôt que de spéculer sur le seul cours des matières premières avec tous les risques que cela comporte, préférez investir dans les entreprises qui les vendent. Elles profiteront de la hausse des prix tout en contrôlant leurs dépenses – et c’est vous qui encaisserez la différence.

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