La Chronique Agora

Petites valeurs : que penser d’EnterNext, la nouvelle Bourse des PME ?

▪ Je voudrais revenir sur la création d’EnterNext, la Bourse des PME.

Le 23 mai dernier a en effet été annoncé en grande pompe le lancement de cette nouvelle place de marché des PME. Cette filiale de NYSE-Euronext sera dédiée aux capitalisations boursières de moins d’un milliard d’euros et recouvrira les marchés déjà existants que sont les compartiments B, C ainsi qu’Alternext. Cela fait 750 entreprises cotées et cela semble aller dans le bon sens, les 18 millions d’euros représentant une augmentation de 15% par rapport à la situation précédente.

La volonté est réelle d’aller dans le sens des PME mais je regrette et m’interroge toutefois sur l’impression de flottement qui se dégage du lancement de cette nouvelle place de cotation.

Primo le président de la structure n’est pas encore connu, ce qui est bizarre près de 15 jours après son lancement officiel.

__________________________

Accumulation de taxes, mesures contradictoires, répression financière…
Il est temps de réagir !
PRENEZ VOTRE REVANCHE SUR LE FISC

Découvrez comment vous pourriez économiser des milliers d’euros sur votre note fiscale, concrètement et en toute légalité : suivez le spécialiste…

__________________________

Secundo, l’objectif de tripler le nombre d’introductions en Bourse est ambitieux et salutaire pour ce segment, mais il ne faut pas non plus faire n’importe quoi, comme à l’époque de l’ère internet avec des introductions de dot.com à tout va. On se souvient des liquidations de Fi System ou autres Himalaya. Il faudra s’assurer que les candidats aux IPO seront de bons candidats, prêts à durer sur les marchés et à construire une vraie vie boursière.

Je m’en chargerai, évidemment, mais je vous recommande de rester très prudent. D’ailleurs, d’une manière générale, je n’aime pas trop jouer les IPO comme je vous l’ai déjà expliqué.

▪ Attention aux pièges…
Il y a en effet un risque, avec la situation de credit crunch que l’on connaît, de voir arriver des sociétés qui n’ont rien à faire sur un marché réglementé et qui veulent simplement lever de l’argent pour financer leur fonds de roulement.

Enfin, être coté sur un marché implique beaucoup de contraintes. Cela coûte cher (même si les frais de cotation vont baisser). Il faut en effet payer le teneur de marché, souvent également une agence de communication, sans parler des deux réunions SFAF annuelle au minimum. Il faut vraiment que le jeu en vaille la chandelle pour qu’une entreprise décide d’aller sur le marché boursier ; or très franchement, les annonces préalables à la création d’EnterNext n’ont rien d’exceptionnelles…

Et puis, cela aidera-t-il vraiment les PME ? Vous devez me trouver critique, mais certains patrons de PME que j’ai eus au bout du fil — qui ne veulent surtout pas être cités — estiment qu’ils resteront les mal-aimés des marchés et qu’une nouvelle Bourse ne changera pas grand-chose. Vous savez que les petites valeurs sont peu suivies par les analystes financiers, qui se mettent à les suivre uniquement lorsqu’il y a une opération financière à l’horizon.

Si vous êtes cotée et que vous pesez 50 millions d’euros en Bourse, vous allez payer un broker environ 20 000 à 30 000 euros pour être suivi. Or cet argent… c’est bien peu pour un broker qui serait obligé de mobiliser un analyste pour plusieurs heures par mois pour suivre votre titre… Cela ne lui rapporterait pas assez… à moins… à moins qu’il se rattrape avec une levée de fonds (comprenez : une augmentation de capital). C’est comme ça que les brokers gagnent leur vie ! Car sur une augmentation de capital de 20 millions d’euros, le broker se prend environ 3% des montants levés (soit 0,6 million d’euros si vous faites le calcul), ce qui n’a rien à voir avec les contrats annuels de 20 000 à 30 000 euros.

Avec ce système, le problème sera donc toujours le même : les petites boites n’auront pas les moyens d’être suivies par les analyses, alors qu’elles n’ont pas l’intention de faire appel au marché à la base. Donc en réalité, la cotation ne changera pas grand-chose pour ces petites PME.
[NDLR : Pour y voir plus clair dans l’univers des petites valeurs — et dénicher les meilleures opportunités sur ce marché –, suivez les conseils d’Eric ! Il suffit d’un clic…]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile